
La FSU a participé à une réunion multilatérale le 13 mars, concernant médecins, infirmier·ères, assistant·es de service social et PsyEN, puis à une multilatérale concernant les PsyEN le 20 mars. Des réunions spécifiques pour chaque métier avant une prochaine réunion les réunissant à nouveau le 7 mai. Rappelons que lors de l’annonce des « premières assises », le MEN avait confirmé que les mesures de revalorisation ne concerneraient que les médecins de l’EN, car ils·elles étaient les seuls à n’avoir pas obtenu de revalorisations.
Une assimilation des PsyEN aux personnels médico-sociaux
La décision de créer une nouvelle fonction de « psychologue-conseiller technique en santé mentale » auprès des DASEN pourrait avoir des conséquences désastreuses pour les personnels comme pour les équipes d’établissement. En effet, à la différence des infirmiers et des assistants de service sociaux, les PsyEN n’ont pas de conseillers techniques départementaux et académiques et n’appartiennent pas à la filière des personnels administratifs, sociaux et de santé (ATSS). Les PsyEN EDO sont inscrit·es dans une lignehiérarchique et fonctionnelle portée par les IEN IO et les CSAIO, tandis que les PsyEN-EDA sont inscrit·es dans une ligne hiérarchique et fonctionnelle portée par le IEN de circonscription. La nomination d’un·e conseiller·e technique départemental·e PsyEN « santé mentale » non seulement les assimile aux personnels médico-sociaux, mais crée une double source de prescriptions qui pourrait ajouter de nouvelles tâches alors qu’elles·ils ne parviennent déjà pas à mener à bien toutes leurs missions. L’augmentation des horaires est un risque qui n’est évidemment pas à écarter dans ce cadre.
Un glissement vers la mutualisation des ressources au profit de la santé
Ce choix va éloigner encore davantage les PsyEN des établissements scolaires, puisque de nouvelles interventions pourront leur être demandées notamment par les Agences régionales de santé via le pôle de santé scolaire, comme la réalisation de bilans psychologiques, de campagnes de prévention et de promotion de la santé. Ainsi, les questions de difficultés scolaires et d’accompagnement à l’orientation seront de plus en plus transférées aux enseignant·es, voire à des organismes privés dont les conseils risquent de s’appuyer de plus en plus sur l’IA privilégiant le probable plus que le possible et générant donc de la reproduction sociale. A ce stade des discussions, avec cette architecture, le risque est grand de voir couper l’orientation de la psychologie, les processus psychologiques mis en jeu dans les projections dans l’avenir, le rapport aux savoirs étant ignorés ; les PsyEN n’auraient-ils plus à accompagner les projets d’orientation des élèves tout venant ?
Dans le contexte de restriction budgétaire, ces mesures pourraient de plus conduire à relancer les fermetures de CIO et l’intention d’affecter les PsyEN dans les établissements scolaires.
Concernant les PsyEN-EDA, ceci pourrait se traduire par la disparitions de la sectorisation, ce qui réglerait en un tour de main le problème des postes vacants, et générer un surcroît de travail avec des demandes de bilan émanant à la fois des plate-formes de coordination (PCO) et d’orientation et pôle d’appui à la scolarité (PAS).
Le questionnaire mis en ligne sur Eduscol définit clairement les objectifs et l’organisation de ce pôle de santé scolaire. Les biais dans la formulation des questions sont tels que les réponses attendues par le MEN sont transparentes et délimitent en creux ce que va provoquer cette nouvelle structuration.
Un pôle qui va fonctionner comme un service avec un « projet ». Quid du projet de CIO ? Quid des RASED ? Quels liens entre ces organisations parallèles qui se réfèrent à des missions statutaires où psychologie, réussite scolaire et orientation ne sont pas dissociées ?
Bien que le MEN affirme qu’il n’y aurait pas de responsable hiérarchique intermédiaire dans ce pôle, le questionnaire propose bien lui, un médecin ou un autre personnel à sa tête !
Des postes à exercice partagé Éducation nationale et santé ?
Ce même questionnaire propose aux PsyEN la possibilité d’un « exercice partagé » avec une activités hospitalières, libérales, en centre municipal de santé, en ESMS, ou avec une activité de recherche, et demande pour quelle quotité de temps, elles·ils le souhaiteraient.
Alors que les dispositifs de cumul existent déjà, cette question introduit l’idée d’une double tutelle, Éducation nationale et ARS, avec possiblement un financement partagé des postes. Il s’agirait alors de concrétiser la confusion qui s’installe de plus en plus, entre institution de l’Éducation nationale et établissements de soins relevant du ministère de la santé. La mutualisation des fonctions et la désinstitutionalisation, via le champ du handicap, se mettent en place par l’acte 2 de l’école inclusive sans moyens et sans concertation ! La création des PAS et des dispositifs DAR le montre déjà : aucun moyen n’y est prévu pour les PsyEN qui seront rarement consulté·es comme personnels de l’établissement sauf pour la réalisation de bilans à remettre au médecin de l’Éducation nationale et MDPH.
Les mots ne remplacent pas les actes !
Lors de cette audience, certaines organisations ont vu dans ces propositions une véritable reconnaissance du rôle des PsyEN. Ce n’est pas le point de vue de la FSU. En effet, contrairement aux objectifs affichés de relance de l’attractivité du métier, aucune mesure n’est envisagée : ni revalorisation salariale, ni augmentation des recrutements mais au contraire possibilité de délestage d’un certain nombre de postes vers la santé ! Les PsyEN n’auraient-elles·ils d’intérêt pour ce Ministère qu’une fois sorti·es de l’Éducation nationale ou réduit·es à la fonction de psychotechnicien·ne ?
Ne pas se laisser berner et réagir fortement !
Les mesures préconisées ne régleront pas les problèmes. Réunir 4 conseillers techniques, quand les équipes pluriprofessionnelles dans les EPLE sont exsangues, ne peut que se traduire par encore un peu plus de pression pour couvrir les postes vacants, faire des bilans en masse, au risque d’une augmentation du temps de travail et de la perte de sens du métier !
Les politiques de communication ont aussi des conséquences délétères et ne pourront pas améliorer les situations préoccupantes du terrain, surtout quand elles sont alimentées par des réformes de tri social et des politiques d’austérité.
La FSU appelle l’ensemble des collègues à refuser ces mesures et à le faire savoir dans les réponses au questionnaire, en direction des DASEN et des recteurs·trices. De nouvelles discussions, avant mai, ont été demandées au ministère de l’Éducation nationale. Le SNES-FSU et la FSU-SNUipp appelleront à l’action si le schéma proposé n’évolue pas.