1987 : une équipe composée d’élèves et d’enseignants
du lycée Antonin Artaud de
Marseille décide d’ajouter un secteur
artistique au CDI. L’objectif est de confronter à la
création artistique les élèves de ce lycée mixte,
éloigné du centre ville, en leur permettant d’emprunter
des reproductions ou des affiches. 25 ans plus
tard, le travail acharné d’une équipe d’enseignants,
actifs ou retraités, la générosité des artistes et les
subventions de la ville de Marseille, de la DRAC, du
conseil général et de la Région, ont permis de constituer
une collection d’oeuvres d’art contemporain.

On est passé d’un secteur artistique attenant au CDI
à une véritable artothèque, affiliée au réseau
Marseillexpo. Chaque exposition donne lieu à la
publication d’un cahier (voir ci-contre). L’achat
d’une oeuvre permet d’enrichir la collection, l’artiste
laisse ainsi une trace dans le lycée.

Une des originalités de ces expositions en milieu
scolaire est également de permettre aux lycéens de
rencontrer des artistes. L’AAA maintient ainsi son
objectif de départ, sa démarche culturelle militante :
offrir aux élèves la possibilité de s’ouvrir aux arts
plastiques. Pendant la durée de l’exposition, les
artistes consacrent deux à trois journées à des rencontres
avec des classes du lycée ou des établissements
scolaires des environs. Ces séances permettent
à l’artiste d’expliquer en quoi consiste son travail, aux
élèves d’avoir des réponses à leurs interrogations.
D’autres travaux plus approfondis ont pu être mis en
place. En 2009, un atelier d’écriture et de pratique des
arts plastiques est animé par Kamel Khélif. Wanda
Skonieczny entreprend en 2007 une résidence photographique.
Elle installe dans une petite salle de
l’établissement l’armoire capitonnée qu’elle utilise
pour les prises de vue. Élèves ou personnels passent des couloirs du lycée à cet espace étroit où ils sont
photographiés. Certains de ces clichés couvrent toujours
les murs du lycée.

Une dynamique renouvelée

Pour la saison 2013-2014, l’équipe de l’AAA multiplie
les propositions. Le début de l’année offre une
carte blanche à Serge Plagnol, artiste reconnu et
enseignant aux Beaux-Arts de Nîmes. Il choisit d’exposer
son travail et celui de deux de ses étudiants, Xu
Liu et Ruslan Kursin. De janvier à mars, l’exposition
collective « Partager les murs, Hiver 2014 » présente
quatre artistes marseillais aux univers différents
(Jérémie Delhome, Caroline Le Méhauté, Pascal
Navarro et Pascal Vochelet). La dernière partie de
l’année accordera une place encore plus grande aux
élèves : préparation du cahier, accrochage, débat
autour du choix des oeuvres, travaux d’écritures, ils
deviennent commissaires d’une exposition.

Des projets dans la droite ligne de l’ambition qui
guide l’équipe depuis 25 ans : faire le pari de la rencontre
entre les élèves et l’art contemporain.

TEMOIGNAGE
“La curiosité des élèves est dynamisante”
Caroline Le Méhauté, une artiste à la rencontre des lycéens

Caroline Le Méhauté est l’une des quatre artistes participant
à l’exposition « Partager les murs, Hiver 2014 ».
Elle se plie très volontiers au jeu des rencontres avec les
lycéens. Elle est habituée à ce type d’exercice. « La médiation
prend une place de plus en plus importante dans le quotidien
des artistes aujourd’hui, explique-t-elle. Il faut expliquer
beaucoup pour éviter toute réaction de rejet qui découle
souvent de l’incompréhension. Il est nécessaire d’établir un
lien entre l’artiste et le public, pas seulement un lien avec
l’oeuvre, mais avec une personne. »
Elle raconte avec enthousiasme
la genèse des « pièces » qu’elle présente ici, dessins,
mais aussi sculptures – installations. Elle explique leur sens,
au risque de briser un peu la magie de la rencontre avec
l’oeuvre, elle en est consciente et l’assume. Elle évoque le processus
de création, ce qui influence ses recherches, ce qui la
nourrit, en essayant de toujours garder une ouverture et la possibilité
d’autres interprétations. Les installations de Caroline
Le Méhauté, parfois monumentales, impressionnent. Celles
qu’elle présente ici interpellent et surprennent les élèves : « ça
représente quoi ? Comment ça marche ? »
. Le travail de l’artiste en collaboration avec
une musicienne ou avec
des ingénieurs, trouve
facilement un écho chez
les élèves du lycée
Artaud, qui comprend plusieurs filières technologiques. Ce
vendredi matin, les élèves de BTS électrotechnique première
année sont particulièrement attentifs aux explications
concernant la fabrication du moteur qui fait respirer la fibre
de coco de la pièce Négociation 57, Grow Grow Grow…

Cela fait sens pour eux, ils trouvent un lien évident avec ce
qu’ils étudient au lycée et s’intéressent d’autant plus à
l’oeuvre. Pour Caroline Le Méhauté, cet échange avec les
jeunes est essentiel à la sensibilisation du public à la création
contemporaine. De plus, pour elle, la curiosité des élèves est
dynamisante parce que c’est nouveau pour eux, ils découvrent
le monde de l’art contemporain. Pour découvrir son travail,
voir www.carolinelemehaute.com


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