La privatisation de la formation continue des personnels de l’Education Nationale se poursuit. Après le scandaleux contrat de partenariat « Education nationale-Microsoft », voilà que Canopé a passé un accord avec Amazon afin de former, pour commencer sur 6 sites de Canopé (dont Lille, Lyon, et Pointe à Pitre), des personnels à la plate-forme d’autopublication KDP (Kindle Direct Publishing).
Jean Marc Merriaux, directeur général de Canopé, déclare que l’idée a germé après une expérimentation du Canopé de Lille, qui a montré l’intérêt porté par les enseignants pour le logiciel d’auto-édition. « […] Et nous avons voulu que notre relation avec Amazon soit très claire, et nous sommes entrés dans le cadre d’un contrat de prestation avec un associé. En tant qu’opérateur du ministère de l’Éducation nationale, nous devons avoir une relation très claire avec ces industriels – nous ne travaillons pas qu’avec Amazon. ». Et il ajoute : « Si demain Apple nous approche, on proposera la même chose qu’aux Éditions du Net, qui nous ont aussi approchés. Et si un éditeur lance sa plateforme d’autoédition, il sera reçu de la même façon. »
Pourtant, on ne trouve aucune offre de formation sur des plateformes libres (contrairement au format de KDP qui est propriétaire, même s’il permet des exportations en pdf) sur les sites de Canopé, ni aucune trace d’ailleurs de ce partenariat. Par contre, pour avoir accès aux conditions d’utilisation KDP ainsi qu’aux modalités de l’accord, il faut se procurer le document – payant, 1,09 $ – sur Amazon.
Sophie Pène, professeure en sciences de l’information à l’Université Paris Descartes et membre du CNNum (Conseil national du numérique), se demande « … quelle place pour les « communs “ de la connaissance dans la politique publique d’éducation ? Pourquoi nos décideurs pédagogiques sont-ils fiers d’afficher leur accord avec Amazon Kindle Publishing, plutôt qu’avec DraftQuest, le Livre Scolaire ou le Cléo ? »
Le Syndicat National des Editeurs, et le Syndicat de la Librairie Française, ont protesté par communiqués de presse sur des points qui sont propres à leur secteur d’activité et ne sont donc pas ceux que le SNES-FSU reproche à cet accord.
En effet, une fois de plus, la circulaire Ayrault sur l’incitation à choisir les solutions issues du monde du logiciel libre est foulée aux pieds. De même, comme pour l’accord passé avec Microsoft, le principe de neutralité de l’Education nationale est bafoué, d’autant qu’aucune solution alternative n’est proposée en parallèle. Enfin, une nouvelle fois, la formation des personnels se retrouve, partiellement au moins, entre les mains d’entreprises privées, ce qui est totalement inadmissible.
Dans la fiche 9 du thème 1 du congrès de Grenoble, le SNES-FSU a donc adopté le texte suivant : « Le SNES-FSU dénonce le partenariat signé par l’Education nationale avec Microsoft qui en fait un fournisseur officiel et privilégié du numérique à l’école, ce qui nuit aux principes de neutralité et d’interopérabilité. Il dénonce aussi le partenariat Canopé-Amazon qui vise à former des personnels à une plate-forme d’autoédition propriétaire (KDP) au détriment d’autres plateformes libres qui ont fait leurs preuves. Le ministère doit promouvoir les logiciels libres. »


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