Soulagement !
À la lecture des premiers résultats dimanche soir, c’est le soulagement qui prédomine. L’extrême droite n’a pas de majorité absolue et ne gouvernera pas le pays dans les jours qui viennent. Soulagement de voir la menace d’une application immédiate d’un programme raciste, xénophobe et antisocial, aux antipodes des enjeux de l’École, s’éloigner pour l’instant. La participation qui atteint des niveaux historiques (66,63%) est le symbole de la forte mobilisation pour faire barrage à l’extrême droite.
Le SNES, avec la FSU et une très grande partie de la société civile (associations, syndicats) a activement pris part à ce résultat. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, le SNES-FSU a porté ses revendications, appelé à voter pour battre l’extrême droite en soutenant le programme du Nouveau Front Populaire. Dans l’entre deux-tours, le SNES-FSU a appelé les partis politiques à faire le choix du retrait de toutes les candidatures qui seraient les moins bien placées pour battre l’extrême droite et ses alliés ou qui favoriseraient son accès au pouvoir. Dans ce moment grave et historique, le SNES-FSU a pris et assumé ses responsabilités.
Poursuivre la lutte contre les idées d’extrême droite
Mais cette séquence confirme aussi la place grandissante de l’extrême droite dans notre pays et la libération de la parole raciste et LGBTIphobe depuis les élections européennes. Le RN obtient 143 députés et, après avoir obtenu près de 11 millions de voix lors du premier tour, l’alliance RN/une partie des LR a encore dépassé le cap des 10 millions de suffrages. C’est la preuve d’un enracinement du RN et des idées d’extrême droite dans notre société.
Le SNES-FSU s’inscrit de longue date dans le combat contre l’extrême droite et entend poursuivre cette mobilisation syndicale. Avec la FSU, il poursuivra son travail de décryptage des mesures de l’extrême droite pour montrer leur caractère dangereux, et continuera d’exiger des politiques économiques, sociales, environnementales en rupture avec celles menées ces dernières années qui ont fait le lit du RN.
Face au sentiment d’abandon, puissant moteur du vote pour l’extrême droite, il y a urgence à reconstruire et consolider les services publics comme outils de solidarité et de lutte contre les inégalités au cœur de notre modèle social. La lutte contre l’extrême droite passe par des services publics renforcés avec une Fonction publique confortée.
Des mesures d’urgence
En toute indépendance, le SNES-FSU a soutenu le programme du Nouveau Front populaire et les candidat-es qui le portaient. Dès aujourd’hui, au regard des résultats électoraux, ce qui a été majoritairement exprimé soit entendu et respecté : le barrage à l’extrême droite et l’urgence de mesures de justice sociale portées dans le programme du Nouveau Front populaire.
Le SNES-FSU appelle donc à ce que le futur gouvernement prennent des mesures d’urgence, dans l’été, qui donneront le signal d’une rupture claire avec les politiques menées depuis 2017. Dans l’Éducation : abrogation des mesures Choc des savoirs et de la réforme de la formation initiale des enseignants et des CPE, deux réformes très contestées et qui ne doivent pas s’appliquer à la rentrée. L’abrogation de la réforme des retraites symbole d’une injustice économique et sociale mais aussi des pratiques autoritaires du pouvoir par Emmanuel Macron qui a refusé d’entendre les organisations syndicales et la rue tout au long du printemps 2023 est aussi un impératif.
Le SNES-FSU s’adressera rapidement au nouveau gouvernement et aux nouveaux élus pour porter ses exigences propres : revalorisation des salaires sans contreparties, amélioration des conditions de travail, abrogation de la loi de Transformation de la Fonction publique et retour du paritarisme, lutte contre la précarité, création d’un statut de fonctionnaire de catégorie B pour les AESH…
L’École au cœur des enjeux
Au-delà des urgences, la séquence électorale nous dit aussi beaucoup des défis plus structurels de l’École. Au premier tour, 33 % des 18-24 ans ont voté pour le RN, un peu moins que ceux qui ont donné leur voix au Nouveau Front Populaire mais le score du RN a forcément interpellé les enseignants. Nous avons eu ces élèves dans nos classes avec l’ambition de les faire grandir intellectuellement, d’être ambitieux pour chacun, notamment par la construction de l’esprit critique et citoyen. À peine quelques années, voire quelques mois après être sortis de l’Ecole, comment peuvent-ils être si rapidement séduits par des idées prônant la haine de l’autre ? Les analyses électorales plus fines sont éclairantes : parmi les électeurs n’ayant pas le baccalauréat, 49 % ont voté pour le RN, ce chiffre diminuant à mesure que le niveau de diplôme augmente. Comme le résume Félicien Faury, chercheur en science politique qui travaille sur vote RN, «beaucoup de ces électeurs ont eu un rapport malheureux à la scolarité ». Les politiques menées ces dernières années ont tourné le dos à l’ambition émancipatrice de l’Ecole, à l’idée combiner réussite de tous les élèves et exigence pour tous. Ce faisant, elle ont nourrit les rancoeurs des jeunes et de les familles, la colère de voir que l’École ne tient pas ses promesses et qu’elle confirme les positions sociales plutôt que changer les destins sociaux. Colère alors captée en particulier par le RN.
La lutte contre l’extrême droite passera aussi par une autre politique éducative, porteuse d’espoir et d’avenir est possible. Le SNES-FSU continuera donc de faire connaître et de mobiliser pour un collège de la réussite pour toutes et tous, préparant à une des trois voies du lycée avec pour objectif une scolarité commune, pour une culture commune exigeante dans les formes adaptées aux élèves dans le cadre d’une scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans.
Se syndiquer et préparer les luttes
Le syndicalisme permet de porter haut et fort les revendications du monde du travail. C’est par des syndicats forts, écoutés et respectés que des avancées pour les salarié·es pourront être concrétisées.
Le SNES appelle à se syndiquer massivement et à faire vivre l’activité syndicale. Avec la FSU, il travaille dès maintenant à construire, dans l’unité, les conditions d’une rentrée offensive dans l’action pour faire valoir nos exigences sociales.