Si tu veux abattre ton chien, tu dis qu’il a la rage (vieux dicton)
En effet, il refuse toujours de considérer que les exigences du programme, comme le SNES-FSU l’a longuement expliqué depuis plus d’un an au ministère, étaient incompatibles avec les volumes horaires prévus, et les profils des élèves appelés par la force des choses à le suivre pour ne pas obérer leurs chances d’orientation post-baccalauréat.
Il préfère parler de « l’hétérogénéité du niveau des élèves, et par conséquent des classes », et estime que la réponse est « d’abord d’ordre pédagogique ». C’est renvoyer un peu vite et un peu facilement sur les collègues, les désordres de provoqués par la structure même de sa réforme, et sa volonté de ne tenir aucun comptes des retours des consultations sur les programmes. On frise là l’injure d’incompétence professionnelle des collègues !

Les filières sont remplacées par des classes de niveau à sélection précoce
Le SNES-FSU n’a eu de cesse de réclamer le retour des mathématiques dans le tronc commun, mais surtout un programme et une spécialité dont le contenu mathématique soit adapté aux très nombreux élèves ayant des profils ne se destinant pas à des études scientifiques pointues en mathématiques.
Les propositions du ministre se bornent à une réponse : « travailler à renforcer la constitution de groupes de compétences » au sein de la Spécialité Mathématiques. En clair, on revient aux classes de niveau ! Cela pose, on le sait, nombre de difficultés, notamment sur la motivation des élèves pour notre discipline, et l’image que nous leur renvoyons.
Ainsi, de fait dès la fin de la Seconde, s’instaure une nouvelle forme de sélection par l’échec en mathématiques : il y aura d’un côté les élèves qui suivront la spécialité mathématiques en Première pour simplement pouvoir enchaîner avec les mathématiques complémentaires en Terminale, – et ceux qui les rejoindront en fin de Première, parce qu’ils n’auront pas réussi à suivre dans un groupe de niveau plus élevé – et de l’autre, ceux qui suivront la même Spécialité Mathématiques, mais avec de toutes autres exigences.

Option en Terminale, oui, mais avec quels moyens?
Dans son courrier, le ministre rappelle que « dans tous les lycées qui proposent l’enseignement de spécialités mathématiques » (le pluriel ne recouvrant aucune réalité, à moins que le Ministre n’entende inconsciemment par là la constitution de groupes à plusieurs vitesses, niveaux et objectifs …), « les élèves pourront suivre l’enseignement « mathématiques complémentaires » en terminale ». Fort bien, mais la question du financement des groupes de mathématiques complémentaires n’est jamais abordée, ce qui relève du plus pur déni de réalité quand on sait qu’il ne fait l’objet d’aucun fléchage d’heures par les rectorats et n’est financé qu’en prenant aux autres.

J-M. Blanquer est décidément un expert dans l’art de ne pas régler les problèmes, voire de celui de pousser toujours plus loin la logique d’élimination progressive des poursuites d’études pour les élèves, sans surtout ne jamais s’interroger sur les moyens à mettre en œuvre pour faire réussir, en mathématiques notamment mais pas seulement, tous les élèves.


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