Programme en Seconde GT
Ce programme redonne sur le papier du lustre au formalisme et aux concepts dans la discipline, mettant par exemple en avant 12 démonstrations (dont on ne sait pas si il est obligatoire ou non de toutes les faire), l’importance du calcul littéral, ou indiquant que les problèmes proposés aux élèves peuvent être internes aux mathématiques. On n’est plus dans les mathématiques utilitaires à tout prix, et c’est appréciable.
Des éléments d’histoire des mathématiques sont indiqués. Ils risquent cependant de ne servir que d’illustration car le programme est ambitieux et riche, et qu’il nécessiterait plus de temps pour être traité dans toutes ses dimensions, et des dédoublements systématiques, ce que le texte définitif a fait disparaître de la version du CSP, malgré l’amendement proposé par le Snes. Les DGH arrivées depuis dans les établissements expliquent probablement pourquoi nous n’avons pas eu gain de cause…. Pour ne prendre que cet exemple, cela va évidemment mieux permettre aux élèves de bien atteindre les attendus liés à l’algorithmique et à la programmation !
Bien que ce programme soit cohérent, sa richesse et ses ambitions font craindre que bon nombre d’élèves soient désarçonnés en début d’année, d’autant que les aménagements des programmes du collèges viennent seulement d’entrer en vigueur. Ceux qui rencontreront quelques difficultés, même mineures, à le suivre, risquent certainement de ne pas être ainsi encouragés à choisir un enseignement de mathématiques en Première. Est-ce un objectif caché de cette réforme ? Car on n’est clairement pas dans un processus de démocratisation des mathématiques, au contraire.
Un seul amendement d’importance a été retenu : le Snes-Fsu avait demandé que l’obligation de travailler en progression commune qui figurait dans la version présentée au CSE disparaisse. Elle a finalement disparu dans le programme publié au BO. C’est une véritable victoire à mettre à l’actif du SNES-FSU, dans ce contexte de refus généralisé de tenir compte des avis des organisations syndicales.
Programme de spécialité de Première générale
C’est un programme classique pour une première … S ! Et même pour une S, le contenu est très très lourd, surtout avec seulement 4h de cours pour les élèves. C’est à peu de choses près le volume du programme des années 90… où les élèves en avaient 6 !
Ce programme va très certainement écoeurer pas mal d’élèves de profil non scientifique, mais pas seulement... Nous avons ainsi la plus grande inquiétude pour les profils actuels de ES (sans parler des L), qui seront en très grande difficulté, vu le rythme infernal qui leur être imposé… Le Snes avait demandé la création d’une option Mathématiques, financée par des heures fléchées, pour les élèves désireux de poursuivre des études non scientifiques. Le ministère n’en a pas tenu compte, quand bien même tout le monde s’accorde à dire que le programme retenu pose véritablement problème pour ce profil d’élève.
L’absence des programmes de la spécialité en Terminale et de l’option « Mathématiques complémentaires » (sans parler de l’option « Mathématiques expertes ») brouille aussi les cartes : l’option «Mathématiques complémentaires » permettra-t-elle de redonner le goût des maths aux élèves qui auront jeté l’éponge après une année de spécialité en Première quelque peu sportive ?
La voie royale (et sans doute quasi obligée) par les mathématiques est probablement de retour, sans qu’il n’y ait la moindre traces des « mathématiques de réconciliation », proposition pourtant véritablement novatrice et intéressante prônée par le rapport Torrossian-Villani …
Programme de Première technologique
On enterre avec ces programmes tout espoir de coloration des contenus mathématiques par la coloration de la série …
Tronc « commun »
Les contenus sont sans grande surprise, autre que le tronc commun distingue ST2A des autres séries ! Il n’y a donc pas un, mais deux programmes différents…
Dans ce contexte, une large part du long préambule (copie de celui du programme de la voie générale) frise le ridicule, avec les 6 compétences, dont on peut se demander comment elles pourront être mises en oeuvre dans les objets d ‘étude. La résolution de problème risque de vite tourner à des séries d’exercices bateau, sans réel intérêt. L’étude et la critique de telle ou telle piste de solution risque d’être difficile à mettre en pratique.
La partie “automatismes” n’est pas forcément une mauvaise idée : il s’agit de faire appendre le cours, et de s’assurer que c’est fait … Mais le temps ne manquera-t-il pas ?
L’ambition de la programmation en Python (traitement des listes : un chapitre passionnant …) et le travail sur l’écart-type des fréquences semblent démesurés.
L’absence totale de géométrie pour les STI2D est incompréhensible (en architecture et construction, ces outils sont utilisés par exemple pour des implantations de grue, ou lors de la lecture de plans … Nous sommes inquiets pour le développement de leur perception des données spatiales en 3D …).
Spécialités
Conscient des faiblesses de l’idée de tronc commun, le ministère a créé des spécialités « maths-Physique » pour certaines séries (sans oublier celle consacrée à l’algorithmique et à la programmation en STD2A). Pour les STI2D et STL, les élèves suivront en plus un enseignement de spécialité “physique et mathématiques” (6 h en STI, et 5h en STL première et terminale).
Concernant les STI2D, le programme de cette spécialité a curieusement été conçu : grosso modo ¾ de physique et un quart de mathématiques, avec des liens indigents de la physique vers les mathématiques, mais plus précis dans la partie mathématiques vers la physique (un peu comme si les deux parties avaient été rédigées séparément).
Concernant les STL, les liens entre la partie maths et la partie Physique sont mieux indiqués. Cependant, une notion (nombres complexes, ne figurant pas au programme de la spécialité en série générale) n’est pas connectée à des points du programme de physique.
Pour ces deux programmes, l’intégration est abordée (alors qu’elle ne l’est pas en spécialité Mathématiques en 1ère générale).
Le problème sera plutôt l’articulation concrète du tronc commun avec la spécialité (même professeur ou pas, quelle temporalité ?, etc), ainsi que la répartition entre les deux disciplines..
Globalement, ce qui est figure dans ces spécialités maths-physique (produit scalaire, complexes, trigonométrie et renforcement sur les fonctions) paraît logique et de bon aloi. Un IG a d’ailleurs dit aux journées de l’APMEP qu’un professeur de mathématiques ne pouvait pas s’improviser professeur de physique !