Les mathématiques, une « priorité » sans moyen

Mettant en avant un effondrement des résultats du PISA 2022, alors que les résultats de la France connaissent la même évolution que la moyenne des pays de l’OCDE en sortie de Covid (Lire : Annonces de G. Attal sur les mathématiques : en arrière toute au collège, bricolages au lycée), la ministre demande la mise en place de 4 mesures dans les toutes prochaines semaines pour les mathématiques :

  • organiser, dans l’ensemble des collèges, des épreuves blanches préparant au DNB, au moins en mathématiques. Une annonce qui ne coûte pas grand-chose puisque c’est déjà le cas dans l’immense majorité des établissements mais qui sous-entend que les professeur·es, et notamment de mathématiques, ne feraient pas leur travail ou se désintéresseraient de la préparation de cet examen.
  • le déploiement du dispositif Devoirs faits plus spécifiquement sur les mathématiques, notamment en Troisième. Outre que cette « priorisation » se ferait aux dépens du travail demandé dans les autres disciplines, comment le mettre en place sinon en surchargeant encore de travail les professeur·es des mathématiques ?
  • la mise en œuvre de stages de réussite spécialement dédiés aux mathématiques pendant les vacances (d’hiver, de printemps et d’été). Là encore, la pression est mise sur les professeur·es de mathématiques qui se démènent depuis des années dans des classes toujours plus chargées et avec des moyens contraints. Ils et elles devraient donc, en outre, sacrifier leurs vacances…qui plus est dans l’urgence et au dernier moment ! Confirmation que la ministre les tient vraiment en mépris…
  • le renvoi de ressources pédagogiques d’Eduscol aux collègues. Charge aux professeur·es, bien sûr, de s’y plonger hors du temps scolaire ! Parmi ces ressources, se trouve le très éclairant guide pour le pilotage du plan pédagogique à destination des chef·fes d’établissement qui est résumé ici : Plan Mathématiques : en collège, le risque de la perte de la maîtrise pédagogique.

L’EMC au garde-à-vous

Le dévoiement de l’enseignement moral et civique (EMC) se poursuit (Lire : EMC au collège : effets d’annonce sans moyen pour la rentrée 2024). Comme à son habitude, la ministre a commencé par dénigrer le travail des professeur·es en indiquant que l’EMC était pour l’instant un “apprentissage périphérique”, “trop théorique”, “trop loin de la question de la citoyenneté et de la cohésion nationale », pas assez vivant. Elle affirme vouloir donner toute sa noblesse à cette matière qui doit, selon elle, viser « la construction de la conscience politique et citoyenne » et permettre le « réarmement civique ». Assimilant cet enseignement à une « quête républicaine » et fixant comme horizon la généralisation du SNU, le ministère confirme son projet de conditionner nos élèves à une certaine vision politique de la France.

Dernière injonction : organiser une remise des diplômes du brevet en juin 2024 alors que les épreuves auront lieu les 1er et 2 juillet…

EAC : nouvelle menace sur des enseignements

Autre réforme qui inquiète fortement, c’est la refonte de l’éducation artistique et culturelle (EAC). La ministre assume qu’il s’agit d’une demande présidentielle. Les annonces pour 2024 ne semblent relever que de la communication (recensement et développement des clubs Théâtre, collaboration avec le ministère de la Culture et création d’une mission sur l’EAC) mais elles préparent une réforme d’ampleur pour la rentrée 2025 avec une refonte des programmes où seraient intégrés l’histoire des arts et le théâtre. C’est donc une vive inquiétude pour les professeur·es d’arts plastiques et d’éducation musicale dont les horaires et donc les postes pourraient être mis en danger. (Lire : Arts plastiques et éducation musicale : deux enseignements remis en cause avec le théâtre obligatoire au collège?)

Le SNES-FSU défend un tout autre modèle de collège, loin des pressions des politiques, de la mise en concurrence des disciplines, de l’accroissement de la charge de travail des collègues sans aucune amélioration des conditions d’exercice et de traitement.

La mobilisation du 1er février doit être un marqueur fort de notre opposition aux projets de réforme du collège, qui méprisent et menacent d’écraser les élèves et les personnels.


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