Une fois de plus, la réforme commence par l’évaluation et renvoie à plus tard les programmes et contenus d’enseignement ! Cela en dit long sur l’intérêt que le ministère porte à la formation des élèves et à la promotion des savoirs disciplinaires. Le décret et les arrêtés, concernant le bac général, le bac technologique, les modalités de contrôle continue et l’EAF sont téléchargeables au bas de cet article. Nous vous proposons quelques analyses rapides et attendons les vôtres. Faites circuler l’information. Il est important que toutes et tous les collègues soient informé-es et que la mobilisation se construise pour la grève du 22 mars.

Le contrôle continu

La part du contrôle continu est énorme et son organisation reposerait exclusivement sur l’établissement, donc en grande partie sur les professeurs ! On sait ce qu’il est advenu de l’organisation des épreuves de langues vivantes… Ce contrôle continu sera totalement chronophage pour nous (qui surveillons et corrigeons les épreuves) et empiètera gravement sur le temps de cours. Evidemment les inégalités en seront augmentées, tout le monde voit bien les conséquences sur la valeur du diplôme et l’accès au supérieur. Par ailleurs, nous ne serons plus maitres de l’évaluation puisque ce sera le chef d’établissement qui arrêtera la note finale de contrôle continu, susceptible d’être revue jusqu’à la délibération finale.

Les épreuves de français toujours en première

Le français continue à être cantonné aux deux premières années du lycée et l’épreuve reste anticipée. Aucun changement de format n’est envisagé : oral de 20 minutes et écrit de 4 heures, cela certainement par paresse et précipitation empêchant toute réflexion de fond sur cette évaluation ! Le devenir de la série littéraire est très sombre, d’autant que la pseudo discipline « humanités, littérature, philosophie » n’est toujours pas définie, en première comme en terminale.

Un coefficient valorisant mais…

Le français est, comme la philo, au même niveau de coefficient partout, soit 5 pour l’écrit, 5 pour l’oral. Cela correspond à 1/6 ème des coefficients des épreuves terminales. C’est plus que tout ce qui existe actuellement (de 1/10ème en série techno à environ 1/7ème en L, calcul effectué sans tenir compte des TPE). Cela pourrait signifier une meilleure prise en compte de la discipline mais tant que l’horaire d’enseignement n’est pas augmenté ni les programmes améliorés, ce ne sera qu’un leurre. Alors qu’à partir de la classe de 1ère les enseignements et les horaires différaient progressivement en fonction des séries, c’est désormais une logique de socle qui prévaut. La baisse du niveau des contenus disciplinaires dans les programmes de tronc commun est donc très probable.

Les langues anciennes bientôt mortes ?

Les langues anciennes sont sacrifiées. Les élèves ne peuvent plus suivre simultanément un enseignement de latin et un enseignement de grec, ce qui ne contribuera pas à résoudre les difficultés de recrutement des professeurs de Lettres Classiques. En effet le texte stipule qu’il est possible de suivre deux options facultatives mais celles-ci sont à choisir dans deux listes distinctes. Une des options peut être remplacée par la section européenne mais il semble que ce soit dans la liste n°1 d’options facultatives que l’on doive opérer cette substitution. Ce serait donc également la fin de la possibilité de cumul d’une LCA et de la section euro. Ces options latin ou grec seront évaluées uniquement en contrôle continu, sans même une quelconque épreuve commune. C’est la fin d’un niveau d’exigence minimum commun et cela ouvre la voie à des enseignements qui pourraient ne plus comporter aucune dimension linguistique. Les LCA ne sont toujours pas proposées aux élèves de la voie technologique, disparaissant même de la série TMD, seule série technologique qui faisait jusqu’à présent exception. Malgré le rapport de mission de Charvet, on accélère la mort des langues anciennes de façon impressionnante.

La place de l’oral

La part de l’oral dans ce bac devient énorme, sans considération des conditions d’enseignement et des inégalités socio-culturelles qui pèsent sur la maitrise de la langue orale. Le discours affiché d’un bac limité à quatre épreuves terminales ne résiste pas à l’examen du texte. Ainsi, certaines combinaisons de disciplines de spécialité (Arts et LV par exemple) auront pour résultat que le candidat passera huit épreuves terminales.

Voie technologique en danger

Enfin, on ne peut que constater le massacre de la voie technologique avec un bac construit sur le même format, avec la même répartition de coefficients que le bac général. Les matières « académiques » ont le même coefficient et peut-être le même format (voire contenu) que dans la voie générale et les disciplines technologiques sont évaluées presque exclusivement à l’écrit, malgré des exceptions dans quelques séries. L’ouverture offerte par les options facultatives est très limitée. Elle nie le fait que les élèves de la voie technologique ont d’abord été des élèves de seconde générale, et qu’ ils ont parfois suivi un enseignement facultatif susceptible de les avoir intéressés : ni LCA, ni LV3 ne leur sont proposées. Tout cela est déplorable. Alors qu’une réforme du bac et du lycée s’impose pour donner à l’examen plus de légitimité et à la formation des élèves plus d’ambition, ce gouvernement fait le choix de la complexité d’organisation et de la dégradation des conditions de travail des personnels. La volonté d’aller à l’inverse de la démocratisation et de l’égalité sur tout le territoire est maintenant une évidence, sans même parler du déni du dialogue social et du mépris pour les enseignants. Nous devons dire STOP et montrer notre force pour que ce projet soit totalement reconstruit. Rendez-vous le 22 mars dans la rue ! Textes projets : Projet de décret sur les dispositions du bac des voies générale et technologiques Projet d’arrêté EAF voies générale et technologique Projet d’arrêté sur les épreuves du bac général Projet de décret sur les épreuves du bac technologique Projet d’arrêté sur le contrôle continu du bac Comparaison bac actuel et projet blanquer

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