Chaque académie gère l’offre et la demande de places en lycée à l’aide un barème variable selon le lieu d’habitation, l’éventuel statut de boursier, et les vœux des élèves. En outre, chacune dose à sa guise les proportions de la part du bilan de fin de cycle et de celle des résultats scolaires. Cependant, depuis l’an dernier, le Ministère a décidé d’imposer des règles nationales pour ces dernières.
Bilan de fin de cycle : les quatre niveaux de maîtrise des huit (sous)-domaines du socle se transforment en points, comme pour le DNB (10 points pour « maîtrise insuffisante », 25 pour « maîtrise fragile », 40 pour « maîtrise satisfaisante » et 50 pour « très bonne maîtrise »).
Une drôle de cuisine
Afin de permettre aux établissements d’instaurer des classes de troisième « sans notes », de plus étranges opérations entrent en jeu. Les moyennes considérées sont celles de 7 champs disciplinaires : Français, Mathématiques, Histoire-Géographie, Langues vivantes, EPS, Arts, Sciences et Technologie (ou Découverte professionnelle en troisième prépa pro et SEGPA). Cette globalisation induit des pondérations inégales entre les disciplines. Par exemple en Troisième générale, la moyenne de français aura une importance double de celle de LV1 ou d’arts plastiques et triple par rapport à celle de SVT.
Ces 7 moyennes chiffrées sont ramenées chacune à un forfait de points, parmi quatre possibles. Dans les collèges évaluant les élèves par compétences, les chefs d’établissement établiront la correspondance entre l’évaluation locale et ces 4 forfaits.
Tableau de conversions:
feuille de calcul Affelnet
Nivellement des résultats:
Le paroxysme de l’absurdité est donc atteint. Pour permettre à une faible minorité d’établissements de transformer leurs pastilles de couleurs ou leurs lettres en notes, il devient nécessaire de niveler les notes réelles d’élèves en d’autres notes, très approximatives ! On aurait pu penser que le nouveau Ministère, qui vante l’ ” école de la confiance ” , aurait mis fin à cette situation kafkaienne devenu la norme l’an dernier. Mais il n’en est rien !
Des résultats d’élèves “inversés”
Certaines académies : Nantes, Lyon, Amiens… ont ainsi mis à disposition des établissements une feuille de calcul informatisée pour les y aider. Certains peuvent bénéficier de cette conversion : tel élève verra sa moyenne de 10 « se muscler » jusqu’à 13 mais tel autre verra son 19 ramené à 16.
Plus grave, cette recette alchimique peut même léser certains élèves. Non content de niveler les résultats, elle peut les inverser : un élève avec plusieurs moyennes plus faibles peut ainsi devancer un élève ayant de meilleurs résultats comme le montre l’exemple des élèves B et C.
Le fait d’utiliser ces forfaits de points sur chaque trimestre démultiplie l’iniquité de ce système par rapport à ces mêmes forfaits appliqué sur une unique moyenne annuelle.
Des effets de seuil qui n’épargnent aucun choix d’évaluation.
Les effets de seuil sont énormes notamment pour les élèves moyens dont des moyennes évoluent autour de 10. Une moyenne de 9,8 ramène à un forfait de 8 points alors que celle de 10,2 apporte 13 points, ce qui différencie de 5 points des élèves dont le niveau est très proche voire le même d’après la docimologie.
Autre biais: le réglage des paramètres des applications de relevés de notes et de calculs de moyennes telles Pronote, effectué par chaque professeur ou le cas échéant par l’administration. Il est possible d’arrondir les moyennes à 0,1, à 0,5, ou à 1 point près vers la note supérieure ou la vers la note la plus proche. Dans un tel contexte, aucun de ces choix n’est plus anodin.
Cependant, ces effets de seuils existent aussi à chaque évaluation dans les établissements ayant choisi un système d’évaluation sur 4 ou 5 niveaux de positionnement. Quelle est la frontière entre la pastille verte et la pastille orange?
Le choix d’une conversion sur une échelle à quatre niveaux sur le modèle du positionnement pour le bilan de cycle est défavorable à l’usage des notes. On peut y voir une des conséquences de la mise en œuvre du bilan de fin de cycle. On repassera pour la promesse d’une évaluation « positive, simple et lisible, valorisant les progrès, encourageant les initiatives et compréhensible par les familles » ! Peu d’entre elles sont au courant de cette manipulation. Par ailleurs, quel effet ce « bidouillage » pourrait-il avoir sur l’envie de travailler des élèves s’ils en ont été informés? Quelles pressions pourraient exercer certaines familles en voyant s’afficher une moyenne de 9,6 dans une discipline en comprenant que leur enfant sera défavorisé de 5 points par rapport à d’autres qui auront tout juste atteint la moyenne? Enfin, quel mépris pour le travail d’évaluation des enseignants !
Il est plus que temps que le Ministère se penche enfin sur ces nouvelles modalités d’évaluation et les dérives qui en découlent comme le demande régulièrement le SNES-FSU.
/20 | points | |
objectifs non atteints | moyenne<5 | 3 |
objectifs partiellement atteints | 5 < ou = moyenne<10 | 8 |
objectifs atteints | 10 < ou = moyenne<15 | 13 |
objectifs dépassés | moyenne> ou = à 15 | 16 |
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