Le portail APB vient d’ouvrir pour permettre à près de 800 000 élèves et étudiants
de faire leurs vœux d’études supérieures.
Chaque année, le ministère apporte son lot de modifications supposées fluidifier, « optimiser » les affectations et assurer en théorie au plus grand nombre une poursuite d’études. De nombreux bacheliers étaient restés sans affectation à la rentrée 2015. En réaction, le ministère avait mis en place de nouvelles règles pour 2016. Les principales innovations concernaient les « vœux groupés » – qui permettent à chaque élève de privilégier la filière et autorise donc l’algorithme à l’affecter dans un établissement plus éloigné de son domicile (pour STAPS, psycho, PACES et Droit) –, l’obligation pour les bacheliers généraux de mettre une licence dite « libre » (à capacité d’accueil suffisante) et la règle des six vœux de L1, ce qui devait, mécaniquement, améliorer les taux de propositions. Si elles ont effectivement permis d’affecter davantage d’élèves, la demande était telle dans certaines Régions (en Île-de-France par exemple) et sur certaines filières (STAPS notamment) que certains élèves ont eu une proposition très éloignée de leur domicile, voire pas de proposition du tout.
Des aménagements techniques…
Pour la campagne 2017, le ministère a accepté d’intercaler des vœux à l’intérieur des vœux groupés, pour atténuer le risque d’une affectation trop lointaine. En revanche, la plupart des acteurs s’accordaient à voir dans l’obligation de s’inscrire dans une L1 « à capacité d’accueil suffisante », une mesure peu efficace, voire contre-productive car certaines filières se trouvaient ainsi d’emblée saturées. Le ministère a tenu à maintenir cette règle. Il est aussi mis fin aux quotas pour les étudiants en réorientation, qui ne sont pas issus directement du baccalauréat, ce qui leur offre des possibilités nouvelles d’affectation jusque-là limitées. Par ailleurs, les élèves ayant obtenu leur bac à l’étranger peuvent s’affranchir de la règle des vœux groupés et des six vœux de L1.
… aux effets paradoxaux
Tout cela risque de concourir au grippage du système car la pression démographique, dans les années à venir, fera inévitablement augmenter les demandes en L1. Ce n’est pas la médiatisation sur le thème de la sélection à l’Université ou du tirage au sort qui résoudra le problème mais bien l’ouverture de places supplémentaires et surtout les moyens adéquats permettant un accompagnement réellement efficace des jeunes étudiants à l’Université. C’est à cette seule condition que l’orientation dans le supérieur n’entérinera pas les inégalités sociales et territoriales qui minent le système éducatif.
Claire Guéville , Christine Jarrige