Après une année de travaux à huis clos, une consultation des organisations syndicales (et des associations professionnelles) a enfin eu lieu le 20 mars, sur les projets de programmes élaborés par le groupe d’experts (GEPP). Nous avions alors fait des propositions d’amendements . Mais le 17 mai, coup de théâtre… le conseil supérieur des programmes (CSP) faisait entendre, une tout autre proposition. la guerre des chefs venait de s’inviter dans la tumultueuse histoire des programmes de philosophie, au grand dam des professeurs chargés de son enseignement et accessoirement, des élèves.
Devant ce manque de lisibilité dans la stratégie d’élaboration des nouveaux programmes – puisqu’on feint de nous consulter sur un projet mort-né, comme si l’affaire était entendue… – le SNES demande au ministre de consulter pour de bon la profession, en organisant des réunions académiques avant les écrits du bac.
Car au delà de la question cruciale de l’avenir de l’enseignement de la philosophie dans le lycée Blanquer – coincé entre les attendus de parcoursup et son modeste coefficient (8% pèse environ autant que l’actuel coefficient 3 de la série S) – quels sont les enjeux ?
Si les collègues sont très attachés à la liberté philosophique et pédagogique assurées par un programme de notions, on observe de plus en plus clairement au sein de la profession, une préoccupation relative à l’architecture des programmes. Le compromis de 2003 (articulant les notions à des champs) permettait de garantir la liberté philosophique chère aux professeurs de philosophie, tout en offrant un cadre propice à limiter, du moins partiellement, l’indétermination du rapport entre le programme et les sujets d’examen. Certes, il s’agissait d’un compromis inabouti sur lequel, les nouveaux programmes devaient trancher. Or, le groupe d’experts avait sur ce point, le mérite de la continuité, levant au passage une ambiguïté structurelle sur le statut des champs (sortis de la liste des notions). Mais le CSP a pris le parti de la radicalité, au risque de rallumer inutilement d’anciennes polémiques.
Et pour faire bonne mesure, le ministère risque de profiter de cette réécriture des programmes pour mettre sur la table, une réforme des épreuves de philosophie du baccalauréat. Bref, l’urgence d’une consultation des professeurs de philosophie risque d’être double ! Aussi, nous vous invitons vivement à participer à l’enquête SNES sur l’ensemble des programmes du lycée (rubrique philosophie) prévue pour début juin, enquête adressée à tous les collègues, au-delà du champ syndical. D’ici là, le groupe philo consulte les syndiqués dans une urgence insupportable, imposée par le CSP…
Annexes :
Projets de programmes du CSP adoptés le 15 mai 2019 :
Projets d’épreuves pour l’examen du baccalauréat … comprend qui peut !
Projet de programmes présenté par le groupe d’experts le 15 mai
Réponse de Pierre Guenancia (groupe d’experts) à Souâd Ayada (CSP)
Comparatifs des programmes actuels avec les projets CSP et GEPP :
voie générale
Enquête SNES de 2018 sur les programmes