Annoncée à la presse par François Bayrou et Elisabeth Borne, la réforme de la formation initiale fait l’objet d’un calendrier très serré de concertations avec les organisations syndicales. Mais le décret statutaire qui déplacera le concours au milieu de la troisième année de licence, n’est pas soumis à discussion : il aurait été déjà discuté sous Nicole Belloubet. Une réécriture de l’histoire alors que le gouvernement était démissionnaire !
Passage en force ministériel
La FSU et d’autres organisations ont dénoncé ce passage en force de la ministre, qui en rappelle d’ailleurs d’autres. Depuis la première version, la rémunération à 1 400 € en M1 pour les lauréat·es élèves-fonctionnaires a été rétablie. La part de la formation disciplinaire en master est aussi plus importante et ancrée à l’université. Mais ces courtes avancées ne gomment pas les écueils : conditions méconnues de préparation du concours, maquettes d’épreuves toujours aussi indigentes, affectations floues des lauréat·es. Un statut d’élève-fonctionnaire est annoncé en M1 mais avec quelle prise en compte pour la carrière et les droits à retraite ?
Durant l’année de M2, les fonctionnaires-stagiaires seront toutes et tous à mi-temps en responsabilité de classe, une ligne rouge pour la FSU. Les lauréat·es ne doivent en aucun cas servir de moyens d’enseignement. Cette charge de travail empiète lourdement sur la formation universitaire et les activités de recherche.
Sans qualification et réflexion disciplinaire, comment maîtriser les contenus didactiques et pédagogiques et comment rester concepteur ou conceptrice de son métier ?
Préserver la diversité des viviers
Le risque de décourager les étudiant·es engagé·es dans un master autre que MEEF est réel.
En 2023, les étudiant·es représentaient en moyenne 20 % des lauréat·es des CAPES avec des pics à 24 % en Lettres Modernes par exemple. Quel intérêt avec un bac +5 de préparer un concours à bac +3 avec une rémunération Fonction publique plus faible que dans le privé à diplôme égal ?
Le ministère minore sciemment ces pertes de vivier qui vont pourtant aggraver la crise de recrutement dans le second degré.
Seul le SNES-FSU défend un concours au niveau du master quand les autres organisations syndicales se prononcent pour un concours à bac +3. Mais toutes les organisations syndicales exigent une formation initiale qualifiante et associée à l’Université, contestent la main mise de l’employeur sur les contenus de formation initiale et refusent l’engagement à servir quatre ans, un vrai repoussoir pour des candidat·es.
Le SNES-FSU continue d’agir contre cette réforme et mobilise toutes les parties, comme les associations de professeur·es spécialistes, qui souhaitent faire entendre que, pour recruter plus, la priorité doit aller à la revalorisation des salaires.