Psy-EN SNES

D’ores et déjà dans la presse, l’expression de préconisations, de revendications fortes sont publiées concernant l’orientation et la santé mentale1. Les conclusions pourraient grandement impacter les missions et la place des PsyEN et des DCIO dans l’École.

Du côté de la santé mentale

Les mesures « assises de la santé scolaire » du ministère ont été présentées aux organisations syndicales les 13 et 20 mars. Elles consistent à organiser un pôle de « santé bien être des élèves » auprès des DASEN, de créer un « conseiller technique psychologue  pour la santé mentale ». Enfin il s’agira de prévoir une redéfinition des missions entre les médecins, infirmier·es, AS et psychologues pour « éviter les chevauchements ». Il est également prévu d’impliquer ce pôle de « santé bien être  des élèves» dans le déploiement des compétences psychosociales et de l’École promotrice de santé.2

Cette organisation qui se fera en parallèle de l’actuelle filière hiérarchique ne peut qu’aboutir à une augmentation des tâches qui émaneront du bureau de la santé et de l’action sociale de la Dgesco, via les DASEN, en plus des autres missions statutaires. Les psychologues seront particulièrement touché·es par ces dispositions car aujourd’hui, ils n’ont pas de conseillers techniques, n’appartiennent pas à la filière des personnels administratifs, sociaux et de santé. Le risque serait que les PsyEN ne soient plus rattaché·es à la filière des enseignants certifiés et CPE, ce qui pourrait avoir une incidence sur le temps de travail et l’évolution de carrière.

Le MEN semble essentiellement préoccupé par la façon de compenser le manque de personnels pour effectuer ses obligations légales au regard de la santé scolaire (visite médicale des 6 ans et des 12 ans) et développer les compétences psychosociales prévues au niveau interministériel3. Les personnels de l’Éducation nationale devraient donc désormais être mobilisés sur ces tâches. De même les demandes de bilans psychométriques émanant des CMPP, des structures de soins (MDA, services hospitaliers) et des MDPH vont en augmentant. Les pressions et injonctions aux bilans existent déjà sur tous nos secteurs. Pour illustration, récemment un directeur de CMP s’est plaint dans un courrier au DASEN du refus de certains PsyEN de réaliser les bilans psychométriques qu’il avait demandés !

Une fois encore, le MEN choisit de présenter les difficultés rencontrées comme uniquement organisationnelles alors qu’elles proviennent du manque criant de postes ! La mutualisation des moyens est doncà l’ordre du jour ! Sous couvert de meilleure coordination, c’est à une réécriture de missions prioritaires selon les départements et à une extension des secteurs de travail qu’il faut s’attendre. A plus ou moins long terme, un transfert du pôle santé bien être des élèves vers les départements n’est pas à exclure. Elle a déjà été proposée dans des rapports parlementaires.

Du côté de l’orientation, les enjeux sont aussi capitaux.

Depuis l’an dernier, on connaît les revendications de l’association Régions de France sur l’orientation : obtenir la responsabilité de l’accompagnement de l’orientation dans les EPLE en lien avec les PsyEN et les professeurs formés en plus de la compétence sur l’information sur les formations et les métiers. Lors de l’audition de F. Alexandre-Bailly, directrice de l’ONISEP par la Commission d’enquête du Sénat sur les missions des agences, opérateurs et organismes consultatifs de l’État, a été fortement interrogé le doublon que représenteraient les missions de l’ONISEP et celles confiées aux régions. Après le transfert de 155 ETP de l’ONISEP aux régions, (qui étaient en fait des équivalents financiers), Régions de France réclame aujourd’hui le transfert des 95 délégués territoriaux. F. Alexandre-Bailly a détaillé précisément les missions de l’ONISEP portant sur les Data mises à disposition de tous, y compris des régions, et l’accompagnement des élèves et des étudiant·es dans la préparation de leurs choix, ce à quoi les délégués territoriaux se consacrent en lien avec le terrain.

Dans une lettre adressée à E. Borne, Régions de France déployant l’étendard du service public va jusqu’à demander un rappel à l’ordre de la directrice de l’ONISEP qui aurait assimilé les actions des régions à celles du privé. On ne peut que s’étonner de cette réaction alors que les régions n’ont de cesse d’utiliser des services d’opérateurs privés pour réaliser leurs actions d’information sans en vérifier d’ailleurs ni la fiabilité ni la pertinence ni le respect du RGPD ! Cette bataille concerne aussi les PsyEN puisque la rapporteuse de la commission d’enquête, s’est lourdement appesantie sur le fait que des psychologues s’occupent de l’orientation ! Il est clair que dans une École du tri social, mieux vaut que chacun reste à la place que son origine aura déterminée plutôt que de favoriser l’émancipation de toutes et tous !

La place des psychologues dans l’École : une question d’émancipation !

Les réformes qui se sont multipliées depuis JM. Blanquer vont toutes dans le sens de la limitation des possibilités d’accès aux études pour les jeunes d’origine populaire. Les possibilités d’insertion professionnelle deviennent l’alpha et l’oméga de la formation et de l’orientation conçues de plus en plus dans un cadre adéquationniste.

Dès lors, pas besoin d’interroger les freins, les obstacles y compris psychologiques et sociaux qui peuvent empêcher les enfants d’origine modeste de se projeter dans des études longues et dans des parcours ambitieux. Quelques actions de convictions menées par des représentants des milieux patronaux bien formés, et un peu d’intelligence artificielle devraient suffire pour la reproduction des inégalités sociales et de genre. Le probable plus que le possible !

Quant à ceux qui souffriraient de cette situation de concurrence où l’injustice domine, quelques actions sur l’empathie et la gestion des émotions devraient leur permettre de s’adapter sauf si des troubles neuro-développementaux nécessitaient traitements et rééducations que le secteur libéral pourra leur proposer !

Effectivement dans ce cadre, pas besoin de psychologues de l’Éducation nationale ! Quelques référents en santé mentale formés en deux jours sont bien suffisants pour repérer, signaler et orienter vers des prises en charge extérieures…Mais ce ne sont pas les missions des PsyEN !

Aujourd’hui les PsyEN souffrent de ne pouvoir déployer leurs missions qui contrairement à la vision des pouvoirs publics, ne séparent pas artificiellement développement psychologique et projection dans l’avenir. Des intervenants de tous bords viennent en effet dans les EPLE proposer leurs services pour du soutien psychologique ou pour un accompagnement à l’orientation empiétant sur les missions des PsyEN sans les compétences que leur donne leur formation. C’est une manière de déprofessionnaliser le métier, de brouiller les repères sur les missions de chacun.e et leur appartenance institutionnelle.

Mais le réel résiste toujours et les projets bien lissés des gestionnaires ne manqueront pas de se heurter à la réalité du terrain et à la subjectivité des sujets, qui disposent de capacités et de ressources collectives.

Mobilisation commune pour la défense de nos professions !

Les PsyEN ne sont pas les seul·es concerné·es par ces projets délétères. Un bilan a été fait dans le cadre de la FSU avec les infirmier·es et les AS après les réunions ministérielles par corps. Aucune organisation syndicale de la FSU ne valide cette nouvelle organisation : tout le monde y voit un moyen de trancher dans les missions de manière arbitraire et d’encadrer les pratiques. Les collectifs PsyEN et DCIO du SNES-FSU et de la FSU-SNUipp ont mis en perspective une action commune avec les syndicats nationaux des infirmièr·es (SNICS) et des AS (SNUAS-FP) de la FSU en juin, pour exiger l’abandon de ce projet et la prise en compte des propositions de la FSU.

En attendant les annonces à venir, le SNES-FSU et la FSU-SNUipp restent mobilisés ! Les prochaines dates d’actions et de mobilisations (1er et 13 mai) seront une première étape pour nous faire entendre. Une visio d’information ( HMIS des mois d’avril et mai) est programmée le vendredi 23 mai à 11h30. Réservez la date !

1 Missions flash organisées à l’assemblée, commissions d’enquêtes sur les agences publiques qui a auditionnée la directrice de l’ONISEP, communiqués de Régions de France, interview du délégué interministériel à la santé mentale sur la réforme de la formation des psychologues.

2 Un document du ministère de la santé détaille l’organisation conjointe entre DGESCO et Direction générale de la santé du niveau national au niveau local.

3 L’instruction interministérielle du 19 août 2022 présente la stratégie nationale multisectorielle sur les compétences psychosociales (CPS) des enfants et des jeunes.


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