Formateurs et formatrices

La dernière réforme de la formation des enseignant·es et des CPE de 2022 a eu des conséquences sur les missions des formateurs et formatrices. Depuis une vingtaine d’année, les nombreuses réformes se sont succédées à des rythmes incompatibles avec leur mise en place sereine. Elles sont redoublées par des séries d’annonces, de textes annulés au dernier moment, etc. Elles s’enchaînent sans bilan de la précédente. Tout cela créer une très grande confusion au détriment du travail des personnels (se sentant au mieux en situation de travail empêché, sinon de dépossession totale), et de la formation initiale. Cela nuit également à l’attractivité de nos métiers. Le SNES-FSU fait le point.

Le SNES-FSU syndique des collègues qui sont formateurs et formatrices dans les INSPE et qui travaillent au quotidien auprès des stagiaires enseignant·es, CPE et Psy-EN. Le SNES-FSU est donc mandaté pour les défendre et proposer une autre formation initiale. Si vous souhaitez être informé·e sur vos droits, l’actualité, les échéances importantes de l’année, pour partager votre expérience… Vous pouvez vous inscrire depuis votre espace adhérent·e à notre liste de diffusion

Les statuts des formateurs et des formatrices

Les statuts sont différents et variés :

  • des collègues détenteur·rices du CAFFA avec une décharge.
  • des collègues qui n’ont pas de décharge et remplissent ces missions sous forme de cumul. Syndicalement, ce pose problème pour les collègues dans ces situations qui ne voient pas leur temps de travail adapté et cela induit une surcharge de travail peu reconnue. Les conséquences sont variées : des emplois du temps difficilement adaptables, des pressions des personnels de direction qui refusent le cumul…
  • des collègues n’ont pas de CAFFA soit par manque de temps, soit suite à un voire plusieurs échec(s), soit par refus de formatage lié aux exigences du CAFFA (voir partie suivante).

Cette diversité révèle des inégalités de traitement envers les personnels formateurs et formatrices mais également que les besoins sont importants et qu’il y a des adaptations sur le terrain pour y répondre. La crise d’attractivité en amont des enseignant·es et CPE a des conséquences en aval : l’Éducation Nationale manque globalement de personnel pour assurer la formation initiale et continue ainsi que d’autres missions qui nécessitent une formation spécifique et de la décharge.

Les conditions de recrutement pour devenir formateurs et formatrices

Les conditions d’inscription au CAFFA (certificat d’aptitude aux fonctions de formateur académique)

Les conditions d’inscription à l’examen du certificat d’aptitude aux fonctions de formateur et formatrice académique sont fixées par l’article 2 du décret n° 2015-885 du 20 juillet 2015. Conformément à l’article 6 du décret susnommé, pourront être dispensés de l’épreuve d’admissibilité :

  • les personnel·les enseignant·es et d’éducation confirmé·es dans les fonctions de formateur et formatrice d’enseignant·es du second degré et de formateur et formatrice de conseiller·es principaux d’éducation, sans discontinuer pendant trois années à la date de prise d’effet du décret et proposés par le recteur ou la rectrice d’académie ;
  • les enseignant·es du second degré exerçant la fonction de conseiller·es pédagogique départemental pour l’éducation physique et sportive auprès des inspecteurs et inspectrices d’académie, directeurs et directrices académiques des services de l’éducation nationale.

Situation administrative

  • Les candidat·es doivent obligatoirement être professeur·es ou personnel·les d’éducation titulaires.
  • L’accès à la certification peut-être ouvert à des contractuel·les en CDI dans les mêmes conditions que les titulaires (justifier, au 31 décembre de l’année de l’examen, de 5 ans de services dans un établissement du second degré). Leur contrat devra faire l’objet, dès lors qu’ils auront obtenu la certification, d’un avenant leur permettant d’exercer les fonctions de formateur et formatrice académique selon des modalités définies dans le contrat. Ces recrutements pourront être ouverts notamment dans les disciplines professionnelles.

Services exigés

Les candidat·es doivent justifier d’au moins cinq années de services accomplis en qualité de professeur·e ou de conseiller·e principal d’éducation titulaire ou non titulaire dans :

  • un établissement public local d’enseignement ;
  • un établissement national d’enseignement spécial (institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapé·es et les enseignements adaptés – INSHEA) ;
  • une section d’enseignement général et professionnel adapté ;
  • une unité localisée pour l’enseignement scolaire ;
  • une unité pédagogique pour élèves allophones arrivants (UPE2A) ;
  • une unité d’enseignement en institut médico-éducatif, institut médico-pédagogique ou en institut médico-professionnel ;
  • une unité pédagogique spécifique ;
  • un établissement de l’administration pénitentiaire ;
  • un établissement d’enseignement adapté (ERPD, EREA) ;
  • une école supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE).

Sont également pris en compte les services effectués, dans les mêmes conditions, hors du territoire national.

Décompte des services : les services peuvent avoir été accomplis de manière discontinue ou à temps partiel. Il est rappelé que l’ancienneté de service est appréciée au 31 décembre de l’année au titre de laquelle est organisé l’examen.

Les épreuves

Le CAFFA s’organise en deux temps. D’abord une épreuve d’admissibilité sous forme d’un entretien avec un jury, appuyé sur un dossier (rapport d’activité et les rapports d’évaluation, administrative et pédagogique). Après les entretiens, le jury fixe la liste des candidats autorisés à se présenter aux épreuves d’admission par ordre alphabétique et transmet, à la demande des candidats, la grille d’évaluation renseignée. Les candidat·es admissibles entre dans un cursus de certification accompagné dans le cadre du plan académique de formation. Ensuite, une épreuve d’admission comportant deux épreuves :  une épreuve de pratique professionnelle suivie d’un entretien et un mémoire professionnel et sa soutenance.

Le jury

Le jury, présidé par le recteur ou la rectrice d’académie ou par son/sa représentant·e, est composé de :

  • un inspecteur ou une inspectrice du second degré représentant le recteur ou la rectrice d’académie ;
  • un·e chef·fe d’établissement d’un établissement public local d’établissement ;
  • un inspecteur ou une inspectrice de l’éducation nationale du premier degré ;
  • un formateur·ou une formatrice académique.

Deux examinateurs ou examinatrices qualifié·es sont adjoint·es au jury pour l’épreuve de pratique professionnelle :

  • un inspecteur ou une inspectrice du second degré de la discipline ou de la spécialité dont relève le ou la candidat·e ;
  • un·e enseignant·e de l’école supérieure du professorat et de l’éducation proposé·e par le directeur ou la directrice de celle-ci.

Les membres du jury sont nommé·es par le recteur ou la rectrice d’académie.

Au SNES-FSU, nous déplorons une composition du jury très institutionnelle qui laisse peu de place aux paires et à la réflexion disciplinaire et didactique. Nous dénonçons aussi les formes de brutalité dont des jurys ont parfois fait preuve et qui ont découragé plus d’un·e candidat·e. Pour le SNES-FSU, il est nécessaire qu’existe une véritable reconnaissance de l’expérience et des acquis de collègues qui forment depuis des années et à qui on explique du jour au lendemain qu’ils et elles n’ont pas les compétences requises.

Quel contenu de formation dans les INSPE ?

La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République de 2013 a réformé la formation initiale : les IUFM ont disparu au profit des ESPE qui ont été remplacées par les INSPE en 2022. Cette réforme a transformé les missions de formateur ou formatrice.

Au SNES-FSU, nous tenons à rappeler notre attache à une formation ambitieuse, ancrée dans la recherche universitaire. Ainsi, il faut toujours garder une vigilance pour que la formation des futur·es professeur·es ne deviennent pas un formatage institutionnel. Pour le SNES-FSU, la formation ne doit pas dépendre de modes se succédant de manière souvent contradictoire mais qui ont toutes comme point commun une dimension prescriptive et descendante. Au contraire, il devrait y avoir présentation (humble, critique) d’un ensemble de modalités d’enseignement complémentaires dont peuvent ou non, se saisir les jeunes collègues en pleine construction de leur identité professionnelle.

Par ailleurs, la formation doit  aussi permettre aux étudiant·es d’aborder leur mission de service public, comme nous l’affirmons dans nos mandats, « Afin de permettre aux étudiant·es de maîtriser leur métier, il est nécessaire de leur proposer une véritable formation dont la dimension disciplinaire serait prépondérante et s’associerait à une formation aux missions et aux enjeux du service public d’éducation (inégalités femmes-hommes, harcèlement en milieu scolaire, VSS…). »

Les conséquences des réformes

Les conséquences des réformes universitaires

Avec la mise en place de la plateforme « Mon master », intégrer un master est devenu sélectif et la transition entre la L3 et le M1 s’est complexifié inutilement. Dans certaines académies, la plateforme a eu des conséquences sur les viviers d’étudiants et donc des candidat·es aux concours.

Le SNES-FSU demande la suppression de la plateforme « Mon Master » qui accentue la crise du recrutement en limitant le vivier de candidat·es aux masters et aux concours. Le SNES-FSU lutte contre le contrôle croissant par l’employeur de la formation initiale et à la mainmise des EAFC sur l’INSPE : la formation initiale doit rester universitaire et indépendante et non une période de formatage.

Les conséquences de la réforme de la formation continue

A la rentrée 2023, le ministre Attal porte le projet de positionner depuis septembre, un maximum de formations hors du temps devant élèves pour atteindre un objectif de 100 %  à la rentrée 2024 (pas encore atteint mais cette modalité c’est fortement développée).

Cette politique relève d’une volonté nette d’accroître la charge de travail des enseignant·es et CPE (PsyEN pour les CIO) et cela dégrade les conditions de formation des formé·es de travail des formateurs et formatrices. C’est prendre le risque inconsidéré de sacrifier la formation continue. La rémunération des inscrit·es sur les formations continues hors temps devant élèves est une fausse revalorisation salariale car elle se traduit par une augmentation du temps de travail. De plus, elle induit une inégalité de rémunération et de formation puisque certain·es collègues ne peuvent assister à des formations hors temps devant élèves pour des raisons professionnelles (temps de vacances scolaires consacré à la préparation des cours, la correction de copies) et/ou personnelles.

Les mandats du SNES-FSU

Le SNES-FSU dénonce toute tentative d’institutionnalisation de la formation continue hors temps de service devant élèves avec pour conséquence l’accroissement de la charge de travail des personnels. Il revendique un droit effectif à la formation continue qui se déroule en semaine sur le temps de service des personnels, sur des horaires habituels de travail et en dehors des vacances scolaires, en particulier pour ne pas accroître les inégalités notamment genrées. Les formations doivent se faire sur la base du volontariat sur le temps de service, et en présentiel.

La formation continue doit :

  • répondre aux attentes des collègues, concepteurs de leur métier, en mêlant étroitement recherche universitaire et réalités des métiers, sans jamais imposer « de bonnes pratiques »,
  • être en adéquation avec les exigences du service public,
  • répondre aux besoins des collègues au fil de leur carrière.

Les enveloppes budgétaires dédiées à la formation continue d’une part et aux congés de formation professionnelle d’autre part doivent être abondées pour permettre à toutes et tous de bénéficier de formations universitaires ou certifiantes, choisies par les intéressé·es, dans un délai raisonnable.

Quels sont les différents statuts d’étudiant·e et de stagiaire ?

Depuis la réforme de la formation initiale de 2022, les statuts d’étudiant·es en MEEF et de stagiaires se sont diversifiés. Pour comprendre ces statuts, le SNES-FSU a une rubrique pour chacun :

Comme les étudiant·es MEEF et les stagiaires sont concerné·es par un tutorat, vous trouverez toutes les informations à ce sujet ici :

Le projet de la réforme des concours et les potentielles conséquences sur la formation initiale

Le 22 mars 2024, un diaporama précisant le projet de réforme sur la place des concours et de la formation initiale a fuité sur les réseaux sociaux. L’une des diapositives en annexe résume les différences entre la situation actuelle et la situation future telle qu’envisagée par le Ministère si sa réforme devait être appliquée.

Point de vigilance : actuellement, le projet de réforme reste un vœu pieu du ministère et de ses Ministres successifs. Les consultations avec les organisations syndicales sont au point mort. Ce diaporama est le seul document qui résume de façon approfondi le projet du Ministère. Donc rien ne garanti que cela soit appliqué tel quel mais cela donne une idée de la façon dont le Ministère envisage la suite.

Pour ce qui concerne les formateurs et formatrices, le projet envisage un tout autre recrutement qui inquiète fortement le SNES-FSU. Il prévoit la mainmise sur le recrutement par le MEN pour les 2/3 des formateurs et formatrices 1er et 2nd degré confondu. Cela pose également la question des critères de recrutement. La part des formateurs et formatrices issue de l’Université serait d’1/3. Cette notion de choix implique un formatage, un contrôle plus important sur le contenu de la formation initiale, au détriment d’une liberté pédagogique et d’une diversité des profils de formateurs et formatrices essentielles à une formation initiale de qualité.

C’est pour cela que lorsque le SNES-FSU a été consulté, nous avons insisté sur le fait qu’il fallait penser ce projet dans sa globalité et réfléchir au contenu de formation dès le départ et non pas après, une fois la place du concours déplacé en L3…


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