Comme un douloureux retour en arrière ! Le 30 janvier, l’annonce tombe, de manière désordonnée entre les académies et les établissements, mais elle est glaciale : en raison de restrictions budgétaires, il ne reste plus que 24h pour valider les projets liés à la part collective du Pass culture. 24h avant que la rigueur budgétaire saborde tous les efforts et les projets des collègues : on se croirait revenus 8 mois en arrière lors de l‘épisode des HSE !
Un travail méprisé
Les témoignages de collègues se multiplient depuis 24h : course contre la montre pour tenter de concrétiser des projets, blocages, plateforme qui plante et, au final, des heures de travail qui s’envolent, des projets qui sont brutalement arrêtés. La colère est grande face à cette nouvelle preuve de mépris pour le travail des personnels, balayé en quelques mots et quelques secondes.
Quelques témoignages envoyés par des collègues
Un énorme projet fresque où 21 classes prennent part à la préparation depuis octobre. Des mois de travail. On attendait la validation du dossier Adage de notre artiste pour tout valider et lancer la réalisation au printemps. Tout est fichu. Je suis écœurée, triste, révoltée. Comment peut on faire cela du jour au lendemain ?? Quelle basse considération de notre travail une fois de plus…Et quel avenir culturel pour nos élèves avec les robinets financiers coupés de toutes parts ??!
Prévenu hier soir par les bruits non officiels, je me suis démené avec la référente culture et mon chef. Une journée à cliquer, à lutter contre Adage saturé. Une journée d’ascenseur émotionnel avec ce midi une perte d’espoir car on avait les offres mais on ne pouvait les pré réserver. Ce soir enfin Une lueur d’espoir, on arrive à valider 4 de nos 5 offres. En pleine portes ouvertes, je cours après mon chef qui me soutient et arrête tout pour foncer avec moi à son bureau. On y croit, on pense qu’on va sauver les projets engagés… un premier beug… on retente… et là message sur l’écran pour dire que les crédits sont épuisés. C’est fini. 5 projets, certains commencés, des heures de travail, de réunion, de déplacements… des élèves à qui on a annoncé des projets, à qui on a dit qu’on allait aller au théâtre alors qu’on est en REP et en zone blanche culturelle ou pas loin… et puis surtout après devoir appeler les collègues artistes, les amis artistes devrais-je dire tant ils se sont donnés généreusement et à fond. Lire ou entendre leur désarroi et être impuissant. Entendre des larmes difficiles à retenir… petit récit ordinaire d’une journée de souffrance au travail
Un coup d’arrêt à la découverte culturelle pour les élèves
Visite de musées, ateliers artistiques (chants, théâtre), rencontre avec un écrivain, ateliers d’écriture, rencontre avec des réalisateurs, des scientifiques, des artistes…la liste est longue. C’est tout ce qui permet aux élèves de s’ouvrir au monde, de découvrir la culture, d’apprendre, de grandir, de s’émanciper, de se nourrir intellectuellement, de sortir, au sens propre comme figuré, de son établissement et de son lieu de vie, en un mot, la mission essentielle de l’Ecole. Cette décision est un renoncement terrible mais aussi terriblement révélateur des priorités de l’époque : la rigueur budgétaire prime sur tout le reste.
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Coupes budgétaires et désordre
En 2024, 97 millions d’euros ont été utilisés dans le cadre de la part collective du Pass Culture. Le projet de loi de finances 2025 prévoit 72 millions d’euros pour l’exercice 2025, avec un lissage sur l’année : 50 millions d’euros de janvier à juin puis 22 millions d’euros pour septembre à décembre. 40 millions d’euros ayant déjà été engagés à l’approche de la fin de janvier, le ministère a demandé aux rectorats qui ont eux-même répercutés l’information à seulement 24h de la date butoir de boucler saisir tous les projets avant le 31 janvier. En 24h, c’est la ruée vers Adage, qui ne résiste pas à un afflux de connexion et, dans une cacophonie désormais habituelle, les rumeurs, ordres, contre-ordres…avant que le couperet tombe : le plafond des 50 millions d’euros est atteint et plus aucun projet ne peut être déposé. Colère et dégoût !
Le SNES-FSU est intervenu auprès du ministère dès le jeudi 30 janvier au soir pour dénoncer cette situation et exiger les moyens nécessaires à la concrétisation des projets engagés par les collègues. Une interpellation intersyndicale est aussi en cours de préparation.