Sitôt après l’annulation par le Conseil d’État de l’arrêté de mars 2024 créant des regroupements de niveau en Sixième et Cinquième en mathématiques et français, le ministère s’est entêté à rédiger de nouveaux textes règlementaires satisfaisants la hiérarchie des normes. Mais ces textes sont problématiques bien au-delà de leur statut de décret ou d’arrêté. C’est un choix idéologique de tri social et scolaire des élèves que porte et maintient le ministère. Ce n’est pas acceptable !

Pour la seconde fois en deux ans, le 30 janvier 2025, le Conseil supérieur de l’Éducation (CSE) a instruit l’organisation des enseignements de Sixième et Cinquième, et a pratiquement unanimement rejeté celle du ministère. Le nouvel arrêté reprend en effet celui qui a été annulé mot pour mot. Il aurait dû être au contraire profondément remanié. Maintenir le principe de groupes de niveau, partout sans exception et sur la totalité de l’horaire, est une provocation pour les personnels qui se mobilisent contre cette mesure depuis décembre 2023. Les mobilisations intersyndicales et les initiatives en CA avec l’appui des parents d’élèves ont ouvert de nombreuses brèches pour que la réforme ne s’applique pas à la lettre.

Publication des décret et arrêt contre l’avis du CSE : un nouveau passage en force ?

Le ministère a été informé du bilan effectué par le SNES-FSU à partir de son enquête (2300 réponses). Les personnels ploient sous la charge de travail induite par les brassages incessants, les classes alignées en barrettes sont trop contraignants, les progressions imposées sont chronophages et quand elles sont synchrones à la séance près, cela devient insupportable. Des collègues y perdent le sens du métier et y laissent leur santé.

L’administration évoque une possible mise en extinction du dispositif lorsqu’une cohorte complète sera arrivée en fin de cinquième. La volonté de la ministre est d’attendre le bilan effectué par l’Inspection générale et la DEPP (service statistique du ministère). C’est pourtant sans attendre qu’il faut en finir avec les groupes de niveaux !

Reculs sur le choc des savoirs

La nouvelle ministre E. Borne a pourtant infléchi la réforme du « Choc des savoirs » sur d’autres points. Le ministère a répété pendant cette séance de CSE qu’il n’y aura pas de regroupements de niveau en Quatrième et Troisième alors que l’arrêté initial, annulé depuis, le prévoyait.

La ministre promet aussi la mise en extension des prépa-Seconde dans un an. Les membres du CSE ne comprennent pas pourquoi, là encore il faudrait reconduire ce dispositif pendant une année supplémentaire. Là encore l’avis a été presque unanimement négatif sur le texte qui prolonge juste pour un an, l’existence de la prépa-Seconde, classe de relégation sans programme et avec moins d’horaires disciplinaires qu’en classe de Troisième. Le ministère prétend vouloir respecter les équipes qui se sont investies dans l’organisation de ce dispositif. En réalité, ces classes recueillent plutôt des élèves qui ont obtenu leur DNB mais pas d’affectation. La crainte des organisations syndicales est qu’au lieu d’ouvrir suffisamment de place dans les lycées, ces classes de prépa-Seconde continuent à absorber les élèves non affecté·es. Les professeur·es de technologie auraient apprécié eux aussi il y a deux ans qu’on les respecte et qu’on les prévienne plus d’une année à l’avance de la suppression de leur discipline en classe de Sixième…

Abandon du DNB-couperet

Grande victoire du SNES-FSU : l’abandon d’un futur DNB-couperet et un retour à un contrôle continu fondé sur les moyennes disciplinaires avec un nouveau rapport contrôle continu (40%) / épreuves terminales notées sur 20 (60%). Le CSE rejette très majoritairement le détachement de la note d’EMC de celle d’histoire-géographie, avec un coefficient trop important pour l’EMC par rapport au volume horaire annuel.

Malheureusement si l’arrêté sur le livret scolaire unique a été présenté au CSE, le ministère ne l’a pas nettoyé de toutes les scories de la réforme du collège 2016.

Pour l’heure, il faut attendre la publication des textes au BO : des ajustements ne sont pas impossibles tant les votes en CSE ont exprimé un front commun professeur·es, chefs d’établissement, parents contre le maintien des groupes de niveau à la rentrée en Sixième et Cinquième.

L’abandon des regroupements de niveau en Quatrième et Troisième ont donné espoir aux équipes : il doit donc être possible de poursuivre les inflexions pour tenir compte des réalités et éviter à une nouvelle cohorte d’élèves de Sixième de subir des procédures sélectives à la rentrée. Plus globalement, le SNES-FSU revendique le retrait de toutes les mesures « Choc des savoirs ». Il demande par ailleurs avec l’Intersyndicale le report des programmes de français et mathématiques du cycle 3 et de LVER à la rentrée 2026.

La déclaration du SNES-FSU à l’ouverture du CSE sur le “Choc des savoirs” :


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