Ce jeudi 16 janvier 2025, le ministère de l’Éducation Nationale a présenté en Conseil Supérieur de l’Éducation (CSE) un projet d’arrêté visant à relever le niveau de validation de l’ASSR2. Le SNES-FSU s’est exprimé contre, comme la majorité des membres du CSE.
ASSR : une des premières certifications imposées sur le temps scolaire
L’Attestation Scolaire de Sécurité Routière a été mis en place en 1977. C’est une des premières certifications que les personnels de l’Éducation Nationale ont dû faire passer sans lien avec leur métier. Depuis, il y en a eu bien d’autres, moins utiles (B2I puis PIX, Ev@lang, Pass Educ Fi…) morcelant le temps scolaire, supprimant des heures d’enseignements disciplinaires pour leur préparation et leur passation, remettant peu à peu en cause la conception de leur métier des personnels.
En ce qui concerne l’ASSR, il y a deux niveaux : l’ASSR1 en Cinquième et l’ASSR2 en Troisième. Jusqu’alors, il fallait que les élèves obtiennent au minimum 10 bonnes réponses sur 20 pour valider l’attestation.
Relever le nombre de bonnes réponses attendues pour valider l’ASSR2
Dans son projet d’arrêté, le ministère veut faire passer à 14 le nombre minimum de bonnes réponses pour que les élèves décrochent l’ASSR2. Or, actuellement, 30 % des élèves obtiennent entre 10 et 13 bonnes réponses. Pour le ministère : « Le relèvement du seuil d’admission rendra donc nécessaire une meilleure préparation des élèves et/ou des épreuves de rattrapage supplémentaires. ». Le ministère compte sur une plateforme d’autoformation des élèves déjà existante mais c’est se leurrer que penser que des élèves s’y entraîneront plus que d’autres. C’est donc sur le temps scolaire qu’il faudra trouver davantage de temps pour préparer ces élèves, aux dépens d’autres enseignements !
Préparation de l’ASSR : vers une surcharge de travail ?
Qui pour préparer les élèves et sur quels moments ? À l’instar de ce qui se passe pour Ev@lang, Pix et autres, les organisations varient d’un établissement à l’autre. Cependant, il s’agit toujours d’un détournement initial des missions des personnels. Ainsi, des chef·fes d’établissement risquent de faire pression pour préempter des temps d’enseignement disciplinaire alors que c’est la course contre la montre pour terminer le programme et que les personnels sont peu formés à cette « éducation à ». Le SNES-FSU rappelle que cela ne fait absolument pas partie des missions des professeurs principaux et principales. Mission dont se détourne les professeur·es car mal rémunérée et à fortes responsabilités. Enfin, le ministère suggère que les personnels de vie scolaire pourraient s’occuper de la formation via une plate-forme numérique sur les temps de permanence. Là encore, c’est ignorer la réalités des établissements où les vies scolaires sont débordées par le manque de personnel et où les infrastructures et leur dysfonctionnement erratique (notamment les salles informatiques) ne permettent pas ce genre de choses.
Un moyen déguisé de combler les non-remplacements
Placer les élèves face aux ordinateurs, dans un objectif d’« auto-formation » permettra de valoriser les plans de remplacement de courte durée des établissements scolaire comme si cela pouvait pallier aux cours non assurés . Cette idée était déjà en germe dans le guide de remplacement de courte durée. Le SNES-FSU défend des enseignements effectués par des professeur·es formé·es qui conçoivent leurs séances. Les écrans ne remplacent pas les humains.
Quelles modifications de l’ASSR1 ?
Si les modalités d’évaluation de l’ASSR1 ne changent pas, 5 questions concernant la circulation à vélo seront intégrées, ce qui est une évolution positive.
Quid des élèves qui ne valident pas leurs ASSR ?
Comme c’est le cas actuellement, le projet d’arrêté prévoit la mise en place de sessions de rattrapage pour les élèves qui échoueraient à l’épreuve : en Troisième ou au lycée « pour des élèves d’autres classes qui atteignent l’âge de 16 ans au cours de l’année civile ainsi que pour des élèves âgés de plus de seize ans et qui sont inscrits dans un établissement scolaire. » Désormais, cela concernera presque un tiers des élèves ! Il faut donc prévoir la multiplication des sessions de rattrapage de l’ASSR ! Ne pas détenir l’ASSR2 est bloquant pour passer le permis de conduire B ! Que se passera-t-il pour les décrocheurs et décrocheuses ? Celles et ceux qui le plus souvent sont déjà relégué·es dans le regroupement de niveau « en difficulté ». Cela ne risque-t-il pas d’augmenter le nombre de conducteurs et conductrices sans permis ?
Le SNES-FSU s’oppose donc à cette décision inique qui va se traduire par une augmentation de la charge de travail pour les personnels de l’Éducation Nationale et pénalisera plus d’élèves.