A l’occasion du CSA ministériel du 17 janvier, la ministre d’État Elisabeth Borne a fait plusieurs annonces : annulation des 4000 suppressions d’emplois et créations de 2000 emplois d’AESH, abandon de plusieurs mesures du Choc des savoirs (DNB obligatoire pour passer en 2de, groupes en 4eme/3eme, l’extinction programmée des classes prépa 2de), qui vont dans le bon sens et sont le résultat de l’action syndicale (expressions, mobilisations). Elles sont des points d’appui pour aller plus loin : au regard de l’état du 2d degré, il faut bien plus que des annulations de suppressions d’emplois. Pour retrouver le taux d’encadrement de 2017, il faudrait créer 10617 emplois dans le 2d degré ! Le Choc des savoirs doit être complètement abandonné tant il représente un projet d’école passéiste et conservateur qui tourne le dos aux ambitions émancipatrices de l’Ecole et malmène nos métiers. Les luttes continuent !

La déclaration de la FSU en ouverture du CSA ministériel – en ligne
Le communiqué de la FSU à la fin du CSA ministériel “Les moyens ne poussent pas aussi vite que les poireaux”

Annulation des 4000 suppressions d’emplois d’enseignants : une avancée à mettre au crédit de l’action du SNES et de la FSU

Les annonces ministérielles

Les propos du premier ministre lors de son discours politique générale ont semé la confusion : pendant 48h, lui et plusieurs membres du gouvernement ont mélangé les chiffres rendant illisible la décision du gouvernement. Le CSA ministériel a permis d’avoir la confirmation de ce que la ministre avait déjà annoncé la veille dans une interview : les 4000 suppressions d’emplois prévues dans la première version du budget sont annulées et les 2000 créations d’emplois d’AESH sont bien rétablies. C’est une bonne nouvelle à mettre au crédit de l’action menée par le SNES et la FSU. Depuis plusieurs mois, le SNES dénonce la situation désastreuse du 2d degré public (la France détient par exemple le triste record des classes le plus chargées d’Europe au niveau collège) résultat du sous investissement des pouvoirs publics en la matière. Ainsi, dans le 2d degré, pendant le premier mandat d’Emmanuel Macron, les gouvernements successifs ont supprimé plusieurs milliers d’emplois alors même que les effectifs augmentaient.

Cette dégradation des conditions d’exercice a été largement exposé dans les médias et a nourri une forte colère qui s’est exprimée notamment dans la grève du 5 décembre. La FSU a aussi été à l’initiative d’une alerte sociale intersyndicale dès l’annonce des suppressions d’emplois pour dénoncer le caractère inacceptable d’une telle décision. Nul doute que tout cela a pesé dans les dernières décisions gouvernementales, même si cette décision a aussi été prise dans un contexte politique particulier.

"L’École est à un point de bascule, Michel Barnier la précipite dans le vide"4 000 postes d'enseignants en moins dans le budget 2025 de l'Éducation nationale : le Snes-FSU, syndicat majoritaire des collèges et lycées, dénonce un "scandale"rmc.bfmtv.com/actualites/s…

SNES-FSU (@snesfsu.bsky.social) 2024-10-10T21:21:54.145Z

Les moyens pour la préparation de la rentrée

Dans le détail, 324 emplois sont finalement créés pour le second degré public. Tout laisse à penser que les emplois (542 ETP) dédiés à la mise en place de dispositifs d’accompagnement en 4eme/3eme, en remplacement des groupes de niveaux (voir ci-dessous) sont financés par la reprise d’emplois liée à la baisse démographique. Les établissements qui perdent des élèves et les LGT pourraient payer un lourd tribut dans le cadre des opérations de préparation de rentrée.

Les 150 postes de CPE annoncés dans le cadre du plan tranquillité scolaires sont bien des emplois pérennes. Il reste encore beaucoup à faire pour consolider et renforcer les équipes de vie scolaire.

En définitive, au regard de la situation catastrophique dans laquelle est l’Ecole publique, l’annulation des suppressions d’emplois d’enseignants ne peut être qu’une première étape dans la reconstruction du 2d degré : le SNES-FSU ne peut se contenter d’une forme de statut quo et d’une annulation de suppressions d’emplois. Les collèges et les lycées ont besoin de moyens supplémentaires et il est aujourd’hui indispensable d’engager cet investissement indispensable à travers une loi de programmation pluriannuelle de créations d’emplois et de recrutements. Il est aussi indispensable que ces emplois soient pourvus, sans quoi ils sont une source d’économie de masse salariale pour l’Etat. La revalorisation sans contreparties des rémunérations et des carrières ne peut plus attendre !

Choc des savoirs : détricotage en cours !

Les annonces ministérielles marquent quelques avancées qui ne sont pas anodines dans le Choc des savoirs même si beaucoup reste encore à faire pour le faire tomber.

Plus de groupes de niveaux en 4eme/3eme

Elisabeth Borne a ouvert la porte à des dispositifs qui ne sont pas des groupes de niveau et qui ne se limiteront pas au français et aux maths. Les équipes détermineront le format le plus adapté à l’accompagnement des élèves (la DGESCO a évoqué le retour de l’AP en français/maths, ou d’autres dispositifs à la main des personnels). 542 emplois sont créés pour la mise en place de ces dispositifs. La ministre enterre ainsi d’une certaine manière une des mesures phares du “Choc des savoirs” de Gabriel Attal.

Le DNB ne sera pas obligatoire pour passer en 2de

Sous prétexte de relever le niveau, Gabriel Attal puis Anne Genetet ont défendu avec force l’idée d’un brevet couperet à la fin de la classe de 3eme. Le SNES-FSU a dénoncé une mesure qui tourne le dos à près de 60 ans de démocratisation scolaire, organisant une forme de relégation scolaire et sociale des élèves les plus en difficulté, en faisant barrage à leur poursuite d’études au lycée et en organisant leur éviction via les sas que sont les classes prépa 2de (voir notre analyse “Prépa 2de, une voie sans issue”). Elisabeth Borne a finalement annoncé que le brevet ne serait pas obligatoire pour passer en 2de. Quant aux classes prépa 2de, elles sont destinées à disparaître d’ici un an. La ministre annonce la mise en place de dispositifs d’accompagnement en 2de pour les élèves en plus en difficulté.

Maintien des groupes en 6eme/5eme

Dans l’attente de l’évaluation du dispositif engagée par l’IG, la ministre maintient ce dispositif pour l’année 2025/2026. Des évolutions ne sont pas à exclure. Dans l’immédiat, de nouveaux textes règlementaires (décret et arrêté) vont être présentés dans les prochains jours pour combler le vide juridique après l’annulation de ces textes par le Conseil d’Etat.

Toutes ces annonces sont là aussi le résultat de la mobilisation des personnels initiée par le SNES-FSU depuis plus d’un an contre le Choc des savoirs. Cette mobilisation sans faille a permis de gagner la bataille des idées mais aussi de mettre en échec certaines des dispositions du Choc des savoirs. Ainsi plus de la moitié des collèges n’ont pas trié leurs élèves cette année. Le SNES-FSU dénonce l’obstination de la ministre à maintenir, coûte que coûte les groupes en 6eme/5eme alors même que tout montre leurs effets délétères pour les élèves et le métier des personnels. Le SNES-FSU a ainsi mené plusieurs enquête très révélatrices et les témoignages sont édifiants. Maintenir les groupes en 6eme/5eme revient à gouverner contre et sans les personnels ! Le SNES-FSU continue d’exiger l’abrogation de l’ensemble du Choc des savoirs.

Les luttes continuent !

La plupart des annonces faites par Elisabeth Borne ces derniers jours vont dans le bon sens mais ne peuvent être qu’un point de départ d’une reconstruction plus ambitieuse du 2d degré public. Le SNES-FSU rappelle ses revendications et prépare la suite des mobilisations si le nouveau gouvernement n’y répondaient pas favorablement :

– obtenir une revalorisation sans contreparties des personnels, une véritable amélioration des déroulements de carrière, y compris les fins de carrière pour lutter contre la dégradation des montants des pensions résultant des différentes réformes des retraites.
– conforter l’École publique, y compris en écartant définitivement le “Choc des Savoirs” en collège et en remettant à plat la réforme des lycées;
– améliorer nos conditions de travail, à l’occasion de la baisse des effectifs qui se profile à l’horizon, en préservant et développant les emplois publics dans notre ministère.
– défendre et renforcer le statut que les gouvernements successifs ont, depuis 2017, cherché à le fragiliser, à travers la Loi de Transformation de la Fonction publique, le Pacte et le recours accru à la contractualisation;
– donner accès au statut, par la création d’un corps pour les AESH et par un plan de titularisation pour les actuels contractuels. 
– retrouver une protection sociale de haut niveau, sans jour de carence et sans salaire amputé par la maladie.
– dernière minute, alerte retraites ! Alors que le premier ministre fait le choix d’écarter la FSU des discussions sur la réforme des retraites (voir communiqué “Retraites des fonctionnaires, assez de spéculation politicienne”), le SNES-FSU continuera à mobiliser pour le système de retraite par répartition et pour le code des pensions dans la fonction publique.

Nos mobilisations font bouger les lignes comme le montre les annonces ministérielles de ces derniers jours. Beaucoup reste encore à faire ! Pour y arriver, les luttes des prochaines semaines et des prochains mois seront décisives, dans un contexte d’austérité budgétaire (le ministre de l’Economie a confirmé que la nouvelle mouture du budget 2025 comprendrait 50 milliards d’économies !). Pour lutter, pour gagner, renforcez l’outil syndical, rejoignez le SNES-FSU !


Vos questions
Le Snes défend les droits individuels et collectifs. Vos représentants vous répondent, vous conseillent et vous accompagnent.
Accès à la FAQ

Vous ne trouvez pas votre réponse, posez-nous votre question