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1) Participer aux Rencontres Philosophiques de Langres
Le SNES-FSU a discuté avec l’inspection générale d’un projet de stage syndical sur deux jours à Langres au moment des Rencontres Philosophiques, afin que nos adhérent·es puissent participer à ces rencontres, qui offrent des conférences et séminaires de grande qualité et permettent des échanges informels stimulants avec des collègues venu·es de toute la France.
Concrètement le SNES-FSU organiserait une réunion syndicale ouverte à nos seul·es stagiaires le jeudi matin, puis deux conférences disciplinaires (jeudi en fin d’après-midi et vendredi). Nous solliciterions donc des universitaires et des professeur·es de lycée pour proposer deux conférences au comité scientifique qui établit la programmation des RPL. Nos stagiaires y seraient obligatoirement présent·es, mais elles seraient aussi ouvertes au public. En miroir, le SNES-FSU souhaite que ses stagiaires puissent s’inscrire aux séminaires gérés par l’Inspection générale.
Le SNES-FSU, à travers ce projet, tient à permettre à un plus grand nombre de collègues de venir à Langres et de contribuer à pérenniser un événement formateur pour les collègues. En effet, depuis deux ans, certain·es professeur·es ont dû renoncer à se rendre aux RPL, car on leur imposait de rattraper ces deux jours de cours, ce que la complexité des emplois du temps des lycéens rend souvent difficile, voire impossible, et ce qui constitue aussi et surtout une atteinte au droit à la formation.
M.le doyen, jugeant la proposition intéressante, s’est engagé à l’évoquer lors de la réunion de bilan des RPL en janvier. Il a rappelé que, si le projet se concrétisait, le choix final des conférences resterait à la main de l’inspection générale, libre de retenir ou pas les propositions du SNES-FSU, dans le souci d’éviter des interventions redondantes et de couvrir les divers aspects du thème de l’année.
L’inspection générale partage avec le SNES-FSU la volonté que l’événement reste pérenne. Cette année il y avait environ 140 participant·es, alors que dans les meilleures années 180, voire 200 professeur·es de philosophie participaient à ces rencontres philosophiques.
2) La philosophie en séries technologiques
2.1) Pouvoir exiger des candidat·es au baccalauréat qu’elles et ils mobilisent certains repères pour analyser le texte donné à l’examen.
Notre expérience de professeur·es et de correcteurs et correctrices nous a appris que certain·es élèves de séries technologiques ne maîtrisent pas les outils les plus élémentaires nécessaires pour construire une réflexion personnelle. Par exemple, elles et ils ne comprennent pas la différence entre exemple et argument, ce qui rend tout effort de conceptualisation impossible et les condamne à rester au niveau du bavardage. Par ailleurs nombre d’élèves croient pouvoir tout à fait réussir à expliquer un texte à l’examen, sans travailler durant l’année, car elles et ils ne voient pas en quoi cet exercice demande de mobiliser des connaissances. Enfin, les élèves ont souvent du mal à hiérarchiser le contenu du cours et à distinguer quels sont les éléments les plus fondamentaux à réviser et maîtriser en priorité.
Ces trois points ont conduit le groupe philosophie du SNES-FSU à proposer de compléter les programmes actuels par un document d’accompagnement indiquant un certain nombre de repères du programme considérés comme absolument fondamentaux et dont on pourrait explicitement exiger que les candidat·es les mobilisent pour analyser un passage du texte donné au baccalauréat. On garderait donc inchangée la liste des 31 repères donnés à titre indicatif et s’y ajouterait une liste réduite de repères indiquant des passages obligés. Pour réfléchir à cette liste nous avons réalisé une enquête auprès de 75 collègues afin de savoir quels repères elles et ils jugeaient indispensables (voir ci-dessous) Une telle liste n’alourdirait donc pas le programme ; elle aiderait surtout les élèves à se repérer dans la masse de leurs révisions et les inciterait un peu plus à travailler régulièrement.
L’inspection générale réfléchira à cette proposition, mais est très attachée au fait que les élèves de la voie technologique n’aient pas une trop grande part d’apprentissage mécanique, ce qui changerait l’esprit de l’enseignement de la philosophie.
Le SNES-FSU précise qu’il ne s’agit pas d’abaisser les exigences de l’épreuve. Bien au contraire, les questions d’analyse que nous proposons en exemple sur les sujets de 2024 exigent la maîtrise de certaines distinctions conceptuelles, mais demandent plus qu’une simple récitation. Toutefois la mobilisation de ces connaissances pourrait mettre les élèves fragiles assez en confiance pour construire une réflexion personnelle, en s’aidant de cette démarche.
L’inspection générale ajoute une seconde réserve : il ne faudrait pas que les professeur·es abandonnent le reste des repères, alors que certaines distinctions très importantes se trouvent en bas de notre liste, comme « genre / espèce / individu » ou « principe / cause / fin.»
Question : « Dans votre cours de philosophie en série technologique, jugez-vous que le repère suivant est : indispensable / important / assez peu important / négligeable ? » (enquête réalisée par le SNES-FSU auprès de 75 collègues)
2.2) Mieux diffuser les informations sur les attendus des questions de commentaire
Les sujets donnés en métropole et ailleurs en 2024 utilisent tous les mêmes formulations pour les questions de commentaire : « selon le texte… » (C1) et « en vous appuyant sur le texte, vous vous demanderez si… » (C2). La formulation choisie pour la question C2 correspond sans doute à ce que MM. Burbage et Mathias avaient expliqué au SNES-FSU en juin 2023 lors d’une précédente audience (voir infra).
Le groupe philosophie du SNES-FSU trouve ce format judicieux, toutefois il n’est pas certain que les élèves comprennent exactement la différence entre donner une réponse « selon le texte » et donner une réponse qui « s’appuie sur le texte ». Les échanges avec les collègues montrent aussi que beaucoup de professeur·es ne savent toujours pas clairement ce qui est attendu : certain·es croient encore que l’élève doit impérativement se contenter d’expliquer le point de vue défendu dans le texte, quand d’autres continuent à demander une petite dissertation.
Nous demandons donc que la clarification de ces consignes apportées en juin 2023 soit diffusée. Les « éléments de correction » donnés en 2024 auraient permis de le faire, mais l’occasion a été manquée, puisque ce document ne disait strictement rien sur les questions qui accompagnent le texte dans la voie technologique.
(Extrait de l’audience SNES-FSU / IG de philosophie juin 2023 : « Le candidat est invité à penser avec le texte et à prolonger, à sa façon et très librement, la réflexion initiée dans celui-ci, en apportant des éléments de culture, de connaissance, d’expérience personnels. Il peut alors éventuellement montrer les limites du texte ou entrer en réflexion à son sujet, mais cela, d’une part, n’est pas impératif et, surtout, d’autre part, ne doit pas faire revenir à l’ancienne question 3, où les élèves faisaient une mini-dissertation souvent laborieuse et parfois déconnectée du texte. »)
2.3) Généraliser les dédoublements en séries technologiques
Le SNES-FSU rappelle qu’il est essentiel de bénéficier d’une heure dédoublée par semaine en séries technologique pour instaurer, durant ces heures, un climat de travail serein et efficace, dont les effets bénéfiques se font ensuite sentir en classe entière.
Nous demandons donc, en accord avec l’ensemble des associations de professeur·es de philosophie, que ces dédoublements soient à nouveau rendus obligatoires et financés.
L’inspection générale répond que le groupe philosophie de l’inspection générale le demande également, car il est évident que cette généralisation des dédoublements serait profitable à l’enseignement de notre discipline.
3) Le CAPES de philosophie
Nous rappelons que le SNES-FSU et le SUI-FSU s’étaient émus de la non reconduction de Mme Giocanti au poste de présidente du jury du CAPES. Sous sa présidence, le jury du CAPES de philosophie avait proposé une déclinaison particulière de l’épreuve d’entretien (commune à tous les CAPES) en demandant aux candidat·es de fournir un traitement non seulement réglementaire, mais aussi philosophique des situations proposées. Pour le SNES-FSU, il est important que cela perdure.
M.le doyen nous répond que ces lignes directrices ont été maintenues, comme il s’y était engagé au moment de sa prise de fonction en tant que président du jury de CAPES et en accord avec la DGRH. C’est dans cet esprit qu’il a constitué le jury et le rapport de 2024 (qu’il a contribué à rédiger) a été publié tel que le jury l’avait proposé. Selon lui, cette épreuve d’entretien, ainsi qu’elle a été configurée par ses prédécesseurs et telle qu’elle a été poursuivie, est intéressante : intéressante philosophiquement et, de manière plus générale, utile pour s’assurer que les candidat·es sont prêt·es à enseigner et spécifiquement à enseigner la philosophie. Cet entretien permet en effet aux candidat·es de montrer qu’elles et ils ont suffisamment d’expérience philosophique pour savoir non seulement quoi faire d’un point de vue réglementaire, mais aussi pour voir comment s’emparer d’une situation qui est souvent un symptôme de questions plus profondes et en faire une reprise pédagogique. Enfin, il estime que les candidat·es sont désormais plutôt bien préparé·es à ce format d’épreuve de l’oral 2 du CAPES de philosophie.
Nous précisons que le SNES-FSU était et reste, d’une manière générale, opposé à cet oral 2 ; cependant la façon dont le jury de philosophie l’a pensé est intelligente et il serait profitable que d’autres CAPES évoluent pour, à tout le moins, rattacher le traitement de la situation problématique à la discipline concernée.
Enfin, le SNES-FSU réaffirme son opposition à l’idée de faire passer le CAPES en L3 : la formation en philosophie, discipline étudiée tardivement dans le cursus scolaire, en serait particulièrement altérée.
4) Modifier les programmes et épreuves d’HLP
Le SNES-FSU expose à M. le doyen les propositions d’allégement sur HLP transmises à la DGESCO au début du mois de septembre, pour desserrer l’étau qui pèse sur les professeur·es et les élèves. Les programmes actuels imposent en effet une cadence excessive et ne laissent pas le temps de préparer correctement le grand oral. Le SNES-FSU propose donc un programme tournant avec chaque année l’un des trois sous-thèmes de chaque notion retiré du programme de l’examen écrit.
Les sujets doivent aussi, pour le SNES-FSU, être modifiés afin de tenir compte des difficultés posées par la bi-disciplinarité de cette spécialité. Il s’agit que chaque élève puisse choisir entre deux textes : un texte littéraire (avec interprétation littéraire et essai philosophique) ou un texte philosophique (avec interprétation philosophique et essai littéraire). Cela permettrait de rassurer les élèves les plus fragiles, qui ne se sentent pas capables de maîtriser les quatre exercices sur lesquels elles et ils peuvent être interrogés. Le SNES-FSU espère ainsi améliorer l’attractivité de cette spécialité et faire diminuer le taux d’abandon en fin de Première.
Enfin, le SNES-FSU porte la demande qu’une heure de concertation par mois soit intégrée au service des professeur·es pour prendre en compte la spécificité de cette spécialité partagée entre deux enseignant·es.
L’inspection générale répond qu’il est important qu’HLP continue à faire travailler ensemble les deux disciplines. Il ne faudrait pas que les professeur·es se limitent à former leurs élèves à un seul exercice (par exemple en se disant qu’il est plus facile de faire travailler les élèves sur l’interprétation d’un texte littéraire suivie d’un essai philosophique). Cela pourrait déséquilibrer la spécialité. Quant à la concertation, le doyen estime qu’il faut en effet la favoriser, y compris au moment des corrections du baccalauréat afin que les examinateurs et examinatrices puissent avoir une vision globale de la copie. Pour M. le doyen, il faut que les professeur·es continuent à se familiariser avec cette spécialité nouvelle et avec la spécificité de l’essai, qui, il le rappelle, n’est pas une mini dissertation. Même s’il n’est pas sûr qu’un dédoublement des sujets y aide, il s’engage à étudier cette proposition.
Nous répondons qu’il n’est pas exclu que certain·es élèves se spécialisent sur un type de texte mais que l’expérience montre que les professeur·es forment leurs élèves sur les deux exercices, dans toutes les situations où un choix est offert aux élèves (en français au DNB ou en Première, ou encore en philosophie en Terminale).
5) Modifier le calendrier du baccalauréat
Le SNES-FSU se félicite d’avoir enfin été entendu sur le retour des épreuves de spécialités en juin. Toutefois, ce calendrier crée de nouvelles difficultés, que le ministère ne semble pas avoir mesurées. En effet, les correcteurs et correctrices de lettres et philosophie voient désormais s’accumuler les missions de correction après la mi-juin : écrits de lettres, oraux de lettres, écrits de philosophie, écrits de HLP, grand oral et oraux de BTS. Cette surcharge de travail conduit mécaniquement à augmenter le nombre de copies à corriger chaque jour. Or, le groupe philosophie du SNES-FSU estime que 12 copies par jour ouvré est un maximum. Au-delà, outre la fatigue que génère un trop long de travail sur écran, la qualité de la correction baisse : à lire trop de copies en un temps trop court, on finit par mélanger les copies ou on mécanise la correction et on n’arrive plus à faire attention aux qualités singulières et parfois inattendues qu’on peut y trouver.
Par ailleurs le vivier de correcteurs et correctrices n’est pas extensible. Le SNES-FSU demande que les épreuves écrites d’EAF et de philosophie soient avancées de quelques jours ; cette mesure ne coûterait rien, ne changerait guère la date d’arrêt des cours, garantirait la qualité de la correction et inciterait peut-être même les élèves à consacrer davantage de temps aux révisions pour l’épreuve de philosophie, si quelques jours la séparent des épreuves de spécialité et de leur coefficient 32.
L’inspection générale répond que le groupe philosophie de l’inspection générale a demandé que l’épreuve ait lieu un peu plus tôt. A défaut de l’obtenir, la décision a été prise d’accélérer la mise à disposition des éléments de correction et copies tests, ce qui devrait permettre d’avancer les réunions d’entente académique d’une demi-journée (voire de les organiser dès l’après-midi des épreuves).
Pour le SNES-FSU, il est en effet essentiel que l’administration trouve des moyens pour allonger le délai de correction. Nous répétons notre demande d’une consigne claire dispensant de surveillance d’épreuves les collègues convoqué·es pour les corrections et passations du baccalauréat, a fortiori si les professeur·es sont convoqué·es à des réunions d’entente (parfois à plus de cent kilomètres de leur lycée) l’après-midi des épreuves. Le SNES-FSU insiste sur la charge de travail qui pèse sur les correcteurs et correctrices de lettres et de philosophie.
L’inspection générale dit que le renouvellement de cette exemption de surveillance a été demandé pour cette année.
Les échanges, au cours de cette audience, ont été fluides et constructifs : M. le doyen s’est montré attentif aux propositions et demandes du SNES-FSU. Les projets et revendications portés par le SNES-FSU s’appuient sur les remontées de terrain, une réflexion et un dialogue constants avec nos adhérent·es. Le SNES-FSU informera bien entendu les collègues des suites concrètes de cet entretien avec l’inspection générale ; il continuera à les défendre pour une amélioration des conditions de travail et un enseignement de la philosophie émancipateur pour tous et toutes les élèves.