CSE

CSE du 7 novembre 2024

Déclaration du SNES-FSU

Madame la Directrice, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs

Les annonces du ministre Kasbarian sur les 3 jours de carence sont une insulte aux fonctionnaires, une injure à nos professions et une menace de régression inacceptable des droits sociaux des agent·es du service public. Chaque jour, nos collègues font leur possible pour faire réussir les élèves, dans des conditions toujours plus dégradées tant pèsent sur elles et eux les sureffectifs dans les classes, les injonctions coupées du réel, l’accompagnement sans moyen des élèves à besoins éducatifs particuliers…

Et que reçoivent-ils et elles du gouvernement ? Des reproches sur un supposé fléau lié à l’absentéisme que toutes les études ces dernières années ont pourtant démenti. Cette communication populiste et opportuniste du gouvernement est indigne. La ministre de l’Éducation nationale et le ministre délégué n’ont à aucun moment exprimé des réserves, encore moins défendu les personnels dont elle et il ont la charge.

Exposé·es aux épidémies, dans des salles surchargées et mal aérées, les collègues refusent d’être pénalisé·es sur les arrêts maladie. Cette mesure toucherait en outre plus particulièrement les femmes, majoritaires dans nos professions. Les trois jours de carence et la pénalité de 10 % sur les indemnités de congés maladie viennent s’ajouter à la suppression de la GIPA et à toutes les pertes accumulées sur les salaires en l’absence de revalorisation du point d’indice à hauteur de l’inflation. Le SNES-FSU a calculé qu’un·e collègue du 8ème échelon toucherait 650€ de plus aujourd’hui si le point d’indice avait suivi l’inflation depuis 2002.

Les effets de cette offensive du ministre de la Fonction publique seront sans nul doute dévastateurs sur l’attractivité de nos métiers. Puisque la période d’inscription aux concours de l’enseignement s’achève, sans possibilité de délai supplémentaire, nous demandons la publication immédiate de l’état des inscriptions.

Avec plus de 1 700 réponses en quelques jours, l’enquête réalisée par le SNES-FSU sur les groupes de niveau en collège confirme le net refus de la réforme dite du « Choc des savoirs » dans la profession. Seuls 26% des collèges appliquent la réforme à la lettre, c’est donc un véritable camouflet pour le ministère !

Les modalités pour échapper au tri des élèves sont innombrables mais un constat s’impose : plus l’application de la réforme se rapproche des textes réglementaires, plus les collègues dénoncent une dégradation des emplois du temps pour les professeur·es (76 % des réponses) comme pour les élèves (49%). Plus des deux tiers des collègues déclarent que l’organisation retenue induit une surcharge de travail. Si la résistance aux groupes de niveau a été forte, l’organisation de classes en barrette a été en revanche généralisée et les progressions communes le plus souvent adoptées, ce qui augmente la charge de travail des professeur·es sans aucune contrepartie.

Dans un quart des collèges appliquant les groupes de niveau au sens strict, les élèves relevant de l’École inclusive sont regroupé·es dans le groupe « en difficulté ». Peut-on encore parler d’école « inclusive » quand on met tous ces élèves dans un groupe à part sur plus d’un tiers de leur emploi du temps ?

Maintenir une telle ségrégation et la généraliser en Quatrième et Troisième à la rentrée 2025 ne peut en aucun cas constituer un acte 2 du « Choc des savoirs » selon l’expression de la ministre. Le SNES-FSU revendique l’abandon de toutes les mesures du « Choc des savoirs ». L’heure de technologie doit être rétablie en Sixième et les dotations abondées pour réduire les effectifs par division, et permettre des dédoublements. Autant de leviers qui ont fait leurs preuves pour accompagner au mieux les élèves, dans une École véritablement inclusive, mais qui exige une réorientation en profondeur des politiques éducatives.

Inlassablement, le SNES-FSU renouvelle sa demande de bilan contradictoire de l’organisation du lycée après 5 années de réformes Blanquer. Aucune réponse n’a été donnée à nos propositions d’aménagements des programmes de spécialités, envoyées à la DGESCO le 3 septembre dernier. Il y a urgence, pour le bien des élèves et des professeur·es, soumis·es à une cadence infernale, à passer en revue l’ensemble des programmes et les épreuves du baccalauréat, comme l’EAF en série technologique. Et qu’en est-il de la poursuite des concertations sur les programmes de SES pour la rentrée 2025 ?

Par ailleurs, nous souhaitons savoir comment évolue la mission confiée au recteur Ethis sur les enseignements artistiques et l’éducation artistique et culturelle. Nous demandons également des précisions au sujet de la feuille de route sur l’IA dans les enseignements, annoncée avant-hier par la DGESCO à l’ouverture de la conférence de consensus du CNESCO : quel est son objet, sa date de parution, et de quelle manière a-t-elle été conçue puisqu’à notre connaissance, aucune consultation des représentant·es des personnels n’a été organisée à ce jour ?

A la veille de la journée nationale de lutte contre le harcèlement, vous avez adressé hier, Madame la directrice, un mail aux personnels pour les sensibiliser aux outils disponibles.

Contre toute attente, les CPE ne semblent pas concerné·es par cette action de prévention : ils et elles ne sont en effet pas destinataires de votre message. Le SNES-FSU dénonce cette invisibilisation, volontaire ou pas, de leurs missions auprès des élèves. Elle est en outre vécue par nos collègues CPE comme du mépris car ils et elles sont en première ligne sur ce sujet. Nos collègues PsyEN EDO sont tout autant agacé·es de ne pas avoir reçu le message alors que leurs missions contribuent par définition à la réussite des élèves.

Conditions de travail, déclassement salarial, GIPA, allongement des carrières, jour de carence… le SNES-FSU et la FSU mobilisent dès à présent la profession pour riposter. Si le ministre de la Fonction publique maintient sa posture anti-fonctionnaire à l’issue de la réunion cet après-midi avec les fédérations de fonctionnaires, nul doute que les appels à la grève marqueront les prochains jours.

Cette mobilisation sera d’autant plus suivie dans l’Éducation que les suppressions de postes et un acte 2 du « Choc des savoirs » s’inscrivent dans la continuité des politiques éducatives rejetées pourtant de toute part depuis des mois.