Depuis 2020, le mois d’octobre a une résonance particulière pour le monde éducatif. À l’occasion de la commémoration, les mots se bousculent, sans jamais atteindre la réalité de ces moments. Depuis le 16 octobre 2020 et le 13 octobre 2023, depuis les assassinats de Samuel Paty et Dominique Bernard, mourir d’enseigner en France est devenu une tragique réalité. À rebours des injonctions ministérielles, chacun·e vit et revit ces moments, cette période, à sa manière, tellement ces drames renvoient à notre rapport intime au métier.
Nos deux collègues ont été assassinés par des terroristes islamistes car ils étaient des professeurs de l’École publique laïque, celle qui pose les conditions de l’émancipation en protégeant de tout prosélytisme, en faisant grandir ensemble nos élèves. Parce que ce projet est insupportable pour les ennemis de l’École publique. Samuel Paty et Dominique Bernard ont payé de leur vie leur engagement professionnel.
Faire vivre leur mémoire, continuer à exercer nos métiers avec détermination et fierté pour opposer à l’obscurantisme notre confiance en la jeunesse et en l’humanité. C’est un quotidien fait de réussites, d’interrogations professionnelles, mais aussi de vides institutionnels. Alors que les politiques se bousculent quand les caméras sont braquées sur l’École, il faudra plus que des mots pour nous permettre de faire notre travail. Il faudra surtout qu’enfin les paroles et les actes politiques soient à la hauteur pour faire vivre les promesses de l’École laïque émancipatrice et citoyenne.