Déclaration préalable du SNES-FSU au CSE

Madame la Cheffe de service, Monsieur le Président, Mesdames Messieurs

Ce CSE est le premier depuis la formation du nouveau gouvernement mais la ministre n’y assiste pas. C’est pourtant le moment d’un premier bilan de rentrée, la ministre n’aura donc pas l’occasion d’entendre les remontées du terrain, ni de répondre aux demandes et aux appels des personnels, de moins en moins entendus, de plus en plus méprisés.

Conséquence de la crise de recrutement qui s’aggrave, l’absence de personnels enseignants, CPE et AESH dans plus d’un établissement sur deux, est encore un marqueur cette rentrée. Selon l’enquête que le SNES-FSU a menée, 64% des collèges n’ont pas appliqué à la lettre les regroupements de niveau en Sixième et Cinquième en français et mathématiques. Mais la très grande majorité a tout de même aligné les classes sur ces horaires, ce qui a dégradé très nettement les emplois du temps de l’ensemble des collégien·nes. La multiplication des heures « de permanence » désorganise les vies scolaires et accroît la fatigue des élèves avec un temps de présence au collège inutilement rallongé.

Les contraintes sont telles qu’il n’est plus question de logique pédagogique, certain·es élèves étudient trois fois la même discipline dans une journée. La transition en Sixième avec plusieurs professeur·es est rendue plus compliquée. Le collectif de travail qu’est la classe est profondément malmené. En outre les professeur·es peinent à obtenir des listes d’appel justes, et les vies scolaires à savoir dans quelle salle retrouver un·e élève.

Des dispositifs d’AP de français et mathématiques, souvent plus efficients, ainsi que les quelques dédoublements résiduels, notamment pour expérimenter en sciences et technologie, ont été supprimés comme des enseignements de langues vivantes ou de LCA. L’impact sur le quotidien des professeur·es de ces disciplines est lourd : suppression de postes, service partagé sur plusieurs établissements. Des collègues d’italien ont jusqu’à 11 niveaux différents, d’autres en allemand ont un service morcelé entre 8 à 10 établissements. Ces situations insupportables ont même pu conduire à la démission.

Ce sont bien les conditions de vie des élèves, les conditions de travail des personnels qui sont percutées pour appliquer, même partiellement, des mesures pédagogiquement inutiles pour ne pas dire dommageables.

Le résultat des législatives en juin dernier marquait la volonté des électeurs et électrices, qui se sont déplacé·es en nombre, d’en finir avec les réformes éducatives, sélectives et inégalitaires. Le SNES-FSU conteste la légitimité de la ministre à défendre aujourd’hui la continuité des politiques éducatives, toutes rejetées par la profession et les parents d’élèves.

La généralisation des groupes de niveau en Quatrième et Troisième doit évidemment être abandonnée. Plus largement, le SNES-FSU réaffirme sa demande de mise à l’arrêt de tous les projets de programme revus selon le nouveau socle à venir. Il réaffirme sa demande d’abrogation de toutes les mesures du « Choc des savoirs ».

Le SNES-FSU appelle les équipes à faire le bilan de l’organisation des groupes dans leur collège, à exiger des améliorations immédiates, comme par exemple le maintien de groupes hétérogènes à effectifs réduits, et à peser pour un retour au groupe classe dans toutes les disciplines à la rentrée prochaine. Le SNES-FSU sera aux côtés des collègues contraint·es, au prétexte de l’alignement des séances, d’accueillir des élèves en plus dans leur groupe, en cas d’absence d’un·e enseignant·e.

Le SNES-FSU renouvelle sa demande de bilan contradictoire de l’organisation du lycée après 5 années de réformes Blanquer. Aucune réponse n’a été donnée à nos propositions d’aménagements des programmes de spécialités, envoyées à la DGESCO le 3 septembre dernier. Il y a urgence, pour le bien des élèves et des professeur·es, soumis·es à une cadence infernale, à passer en revue l’ensemble des programmes et les épreuves du baccalauréat, comme l’EAF en série technologique.

Qu’en est-il des projets de programme de l’EVARS ? Le retard pris dans la publication devient d’autant plus préoccupant que l’on assiste à la recrudescence des opérations de tractage et de désinformation de collectifs de parents réactionnaires, proches de l’extrême droite ou de groupuscules religieux, pour contester sa mise en place.

Dans l’attente de son passage en CSL puis CSE, le SNES-FSU rappelle ses points de vigilance principaux : que les trois séances d’EAS, déjà difficiles à mettre en œuvre, ne soient pas diluées dans l’EVARS, que le chef d’établissement n’ait pas de contrôle renforcé sur les choix pédagogiques des équipes, que les collègues soient protégé·es par l’institution, des pressions et attaques obscurantistes.

Le ministère de l’enseignement supérieur continue sa désinformation avec le baromètre Parcoursup 2024 (sondage CSA), conçu comme une enquête de satisfaction auprès d’un millier de lycéennes et lycéens réduits au statut de consommateurs.

Le sondage permet d’afficher 96 % de proposition acceptée alors qu’en réalité, c’est 14 points de moins ! Les faits sont têtus : sur le nombre total des inscrit·es, la proportion des candidat·es qui intègrent l’enseignement supérieur diminue à 68,8%, contre 69,5 l’année dernière. Plus de 30 % des inscrit·es sur Parcoursup n’accèdent donc pas à l’enseignement supérieur. Des moyens pour démocratiser l’accès et la réussite des études supérieures sont la clé de meilleurs scores.

Les mesures d’austérité qui s’annoncent dans les services publics avec le projet de loi de finances du gouvernement Barnier, sont à l’opposé des lois de programmation que nous revendiquons pour l’École publique. Emplois, recrutements, résorption de la précarité, École réellement inclusive, rénovation du bâti scolaire, les urgences ne manquent pas ! Sans compter l’accompagnement des élèves allophones à améliorer de toute urgence car ces élèves sont en plus grand nombre et les délais de prise en charge s’allongent.

La revalorisation de nos métiers est indispensable pour redonner des perspectives et de l’attractivité. Cela passe par une amélioration des débuts et milieux de carrière, une augmentation des taux de promotion à la classe exceptionnelle des professeur·es certifié·es et assimilé·es et des professeur·es agrégé·es, le doublement de l’effectif du corps des professeur·es de chaires supérieures.

Le SNES-FSU considère qu’aujourd’hui, la juste reconnaissance des qualifications et du rôle social des enseignant·es de second degré impose la mise en extinction du corps des professeur·es certifié·es et un plan d’intégration de celles et ceux-ci dans un corps revalorisé des professeur·es agrégé·es pour un système éducatif de qualité et d’ambition pour tous les élèves.

À quelques jours de la commémoration des assassinats de Samuel Paty et Dominique Bernard, le SNES-FSU rend hommage à la mémoire de nos deux collègues. Face à tous les fanatismes et obscurantismes, quels qu’ils soient, les missions de l’École publique laïque sont à défendre et les personnels à protéger.

Dans une tribune commune la FSU, la CGT Educ’action, SUD éducation, l’UNSA éducation, la FCPE, le CNAL (Comité National d’Action Laïque), la Ligue des Droits de l’Homme, la Ligue de l’enseignement et d’autres encore rappellent qu’il est urgent que la République soutienne pleinement son école, la seule école de toute la jeunesse vivant dans ce pays.


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