Dette écologique

L’austérité commence par l’écologie

Le gouvernement démissionnaire envisageait déjà la réduction des enveloppes dédiées à la rénovation énergétique ou aux transports décarbonés (500 M€). Les financements consacrés à la protection de la biodiversité (140 M€), à l’économie circulaire (300 M€) et le fonds vert destiné aux collectivités territoriales (2 Mds€) ont successivement été coupés. Les premiers signaux envoyés par le gouvernement Barnier sont également inquiétants : remise en cause de la loi zéro artificialisation nette, coups de semonce contre l’éolien, discours de simplification des normes environnementales, démantèlement du ministère de l’écologie. L’Agence de la transition écologique (ADEME) est menacée par une baisse potentielle de 25 à 35 % de son budget. En l’attente du PLF 2025 et des textes de planification écologique, tous les doutes restent permis.

Le dérapage de la dette écologique

Pourtant, tous les signaux sur la dette écologique virent au rouge. En 2022, année record, le coût des aléas climatiques s’est élevé à 11 milliards d’euros pour les seuls dommages assurés, contre une moyenne de 3,5 milliards d’euros pour la période 2017-2021. En 2024, entre 1 000 et 2 000 communes se retrouvent privées d’assurances pour les dommages aux biens ou subissent une explosion des primes et franchises. Cette crise de l’assurabilité touche également les particuliers, notamment pour les zones inondables ou de rétractation gonflement argile, qui concernent près d’un tiers des français.es. Selon France Assureurs, le montant des sinistres dus aux événements climatiques pourrait atteindre 143 milliards d’euros en cumulé entre 2020 et 2050, soit une augmentation de 93 % par rapport à la période de 1989 à 2019. L’ADEME chiffre à 260 milliards d’euros par an, soit 10 % du PIB, le coût de l’inaction climatique dans un scénario à +3,5°.

Les retards sur les objectifs officiels

La France peine cependant à respecter ses objectifs fixés dans des cadres nationaux et européens. La baisse des émissions brute observée en 2023 (5,8 %) est restée largement conjoncturelle et elle est moins rapide que prévu en 2024 (4,9 % au premier trimestre et 2,1 % au deuxième). Le bon score de 2023 s’expliquait surtout par la baisse de la consommation énergétique due à l’inflation et à l’augmentation de son coût pour les ménages et les entreprises. Les transports et les effets de la consommation n’ont pas baissé. Surtout, le bilan carbone net (qui fait le bilan des émissions et des absorptions) est quant à lui dépassé pour la période 2019-2023. L’effondrement des puits de carbone forestier, sous l’effet des sécheresses à répétition, des attaques de parasites, des incendies et des prélèvements trop importants, vient plomber la baisse relative des émissions.

Sur le renouvelable, la France n’a pas encore atteint les objectifs — fixés en 2009 pour 2020 — de compter 23 % d’énergies renouvelables dans sa consommation finale. Et Paris s’était fait épingler en décembre par la Commission pour avoir soumis un projet de plan national énergie-climat (PNEC) fixant un objectif de 33 % de renouvelables d’ici 2030 au lieu des 44 % exigés par une directive de 2018. La stratégie française uniquement tournée vers le nucléaire, ne pourra pas donner de résultats à court ou même à moyen terme.

Des financements indispensables

Le Haut conseil pour le climat (HCC) estime que l’atteinte de la neutralité carbone nécessiterait de 60 à 70 milliards d’euros d’investissements annuels supplémentaires d’ici à 2030. Selon l’ADEME, le coût de l’inaction climatique est bien plus démesuré que celui de l’action : investir 1 % du PIB chaque année pourrait éviter des coûts de sinistralité de l’ordre de 5 à 7 % du PIB. Sans action budgétaire volontariste, les dommages climatiques s’aggraveront et auront des effets dramatiques pour les populations les plus exposées.


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