La DEPP (service statistique de l’Éducation Nationale) vient de publier une note sur la scolarisation des élèves allophones sur l’année 2022-2023. 36 300 élèves allophones ont été accueilli.es en collège soit une hausse de 14 % par rapport à l’année précédente qui battait déjà un record. Face au manque de structures et de formations de personnels spécialisés, cela se traduit par une dégradation de l’accueil de ces enfants qui ont souvent un parcours déjà traumatique.

Ainsi, 34,5 % de ces jeunes (niveau collège) mettent plus d’un mois avant d’être scolarisé.es après le rendez-vous de positionnement en CIO. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter d’année en année.

Au final, ce sont 1 000 jeunes étaient en attente d’une scolarisation au 1er juillet 2023 contre 294 en juin 2022.


Un manque de classes d’UPE2A

En 2022-23, 8 % des élèves sont scolarisés en cursus ordinaire sans aucun soutien (contre 7 % en 2021-22) et 64 % sont scolarisés en UPE2A (contre 65 % en 2021-22). 17 % sont scolarisés en classe ordinaire avec un soutien FLS (Français Langue Seconde) (16 % 2021-22). Seulement, il n’est pas précisé de combien d’heures hebdomadaires en FLS bénéficient ces élèves…

La note de la DEPP indique que neuf élèves sur dix bénéficient d’un soutien en FLS mais si on ne prend en compte que les élèves en UPE2A, ils ne sont plus que six élèves sur dix. Donc, 40 % des élèves allophones ne sont pas pris en charge en UPE2A, qui est le seul dispositif réellement adapté.

Ce manque de places se traduit également souvent par un retour précoce des élèves accueilli.es en UPE2A en classe ordinaire sans accompagnement alors qu’ils et elles n’ont pas encore une maîtrise suffisante de la langue.


et des disparités territoriales fortes pour l’accueil


Les départements de la Seine-Saint-Denis, du Rhône, des Alpes-Maritimes, du Val-d’Oise et de l’Essonne sont ceux qui scolarisent le plus d’élèves allophones en 2022-2023 (plus de 3 000). À l’inverse, les départements des Vosges, de Martinique, des Alpes de Haute Provence, de Corse du Sud et du Cantal en scolarisent chacun moins de 150. Dans ces territoires, les élèves allophones doivent parfois faire de très longs trajets pour rejoindre un établissement avec une UPE2A et sont souvent scolarisé.e.s en dehors de cette structure.


Le privé sous contrat ne participe que très peu à l’inclusion des élèves allophones


Il n’y a que 16 collèges privés sous contrat sur 1660 qui proposent une section UPE2A, soit moins de 1%. Le secteur public en compte 1024 sur 5316 collèges publics en France, soit plus de 19%. Alors que le privé sous contrat scolarise 21,3% des collégien.nes, il ne scolarise que 1,5% des élèves allophones. Un constat malheureusement partagé pour tous les types d’inclusion.


Les revendications du SNES-FSU

Le SNES-FSU revendique pour les élèves allophones une prise en charge digne, sécurisante et ambitieuse au sein de dispositifs dédiés, les UPE2A. En effet ces élèves qui ont souvent connu la guerre, l’exil et des expériences traumatiques doivent être accompagné·es pour réussir leur intégration dans le système scolaire. Une ouverture culturelle doit pouvoir leur être proposée pour faciliter leur intégration.

Les services de l’État doivent tout mettre en œuvre pour accueillir les réfugié·es, scolariser leurs enfants, assurer à ces élèves la protection qui leur est due, y compris en matière de logement.

Le SNES-FSU dénonce les évaluations psychologiques ou médicales faites par l’administration judiciaire, cherchant à nier la minorité déclarée par des élèves allophones. Tous les élèves allophones doivent pouvoir bénéficier d’une scolarisation en UPE2A, ce qui suppose une
augmentation significative des moyens qui leur sont alloués. En plus de développer le maillage territorial des UPE2A, il faut abonder les établissements en heures postes et en heures FLS afin de pouvoir répondre aux besoins liés au flux migratoire toute l’année scolaire. Les UPE2A doivent être des dispositifs pérennes dans lesquels enseignent des collègues titulaires.

Dans le cadre d’une politique ambitieuse d’éducation pour les élèves allophones, le SNES-FSU demande la création d’une mention FLE-FLS au CAPES. Les coordonnateurs et coordonnatrices doivent être des personnels qualifiés. Lorsque le profil des élèves est un profil NSA, les personnels doivent avoir une formation ou une expérience en alphabétisation de public allophone.

Le nombre d’élèves inscrit·es ne doit pas dépasser 12.

Afin de favoriser l’inclusion dans les classes dans de bonnes conditions, le SNES-FSU demande que des places soient réservées dans les classes au bénéfice des élèves allophones (UPE2A) avec une double inscription tout en laissant les équipes libres de gérer les inclusions en fonction de l’élève, de ses progrès et de son évolution. Le nombre d’heures de FLE-FLS doit
aller bien au-delà des 12 heures précisées actuellement par la circulaire n°2012-141.

La sortie totale du dispositif ne doit pas dépendre d’une date fixée administrativement mais de l’acquisition d’un niveau minimal A2 en français dans les 4 compétences. Les élèves allophones doivent donc avoir la possibilité de bénéficier, au-delà de leur première année en UPE2A, d’une deuxième année dans ce dispositif ou bien d’un accompagnement en FLE / FLS / FLSCO, et ce à la demande des enseignant·es en charge des UPE2A. Aucune pression ne saurait être exercée sur les personnels pour sortir précocement les élèves des dispositifs UPE2A.

Les moyens des CASNAV doivent être renforcés : des ressources et du matériel pédagogique doivent être mis à disposition des professeur·es afin qu’elles et ils puissent adapter leurs enseignements pour les élèves EANA tout comme pour les EFIV. Les personnels doivent aussi être sensibilisés aux biais pesant sur l’orientation des élèves allophones.



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