La pause estivale a été la bienvenue après une année très dense et une fin d’année lourde d’enjeux pour l’avenir de la démocratie. Le soulagement a prédominé le soir du 7 juillet : l’extrême droite ne gouvernera pas le pays. Mais le soulagement n’est pas synonyme d’euphorie. L’extrême droite reste solidement enracinée dans le pays, réunissant près de 10 millions de voix, une audience électorale multiforme qui dit aussi des choses des résultats des politiques libérales de ces dernières années. Enfin, l’espoir se heurte aussi à la réalité institutionnelle : aucun groupe n’a la majorité absolue ce qui peut laisser planer le spectre sinon d’un blocage, à tout le moins d’une forme d’instabilité.
Les leçons à tirer de ce scrutin sont nombreuses mais Emmanuel Macron a fait le choix de n’en tirer aucune ! Il a étiré le temps, refusant de nommer un premier ministre et d’entendre le désaveu infligé à sa politique. Cette grave forme de déni ne peut qu’aggraver la crise démocratique. Le président de la République est même allé jusqu’à instrumentaliser les JO : en déclarant une pseudo trêve olympique, Emmanuel Macron tente de garder la main qu’il n’a plus. Ministres démissionnaires et, en même temps, député·es qui siègent à l’Assemblée nationale, refus du président de la République d’entendre le résultat sorti des urnes, ministre démissionnaire de l’Éducation nationale depuis plus d’un mois et qui s’adonne à l’exercice très politique de la conférence de presse de rentrée, où elle portera une ligne éducative contestée par la communauté éducative et désavouée dans les urnes, envoi des lettres plafond pour le budget é025… l’ex-majorité présidentielle se voit décerner, sans aucune contestation possible, la médaille d’or du déni démocratique.
A cette heure, la plus grande incertitude règne encore sur l’identité du prochain gouvernement. Mais les certitudes existent : face aux enjeux de cette rentrée scolaire (crise de recrutement, choc des savoirs etc), aux défis environnementaux, aux questions sociales, le SNES et la FSU répondront présents en jouant pleinement leur rôle d’organisation syndicale.
Les enjeux de la rentrée
L’Ecole sort exsangue de 7 ans de politique macroniste : suppression de postes, crise de recrutement, perte de sens du métier, concurrence grandissante du privé qui conduit à une forme de séparatisme social et scolaire. Le SNES-FSU a largement documenté ce constat, organisé les mobilisations pour dénoncer cette mise à mal du service public d’Education. Notre action, avec la profession a permis de faire bouger les lignes : le Pacte a été un échec, en collège, de nombreux collègues ont prolongé la mobilisation contre le Choc des savoirs en agissant en CA pour construire des groupes hétérogènes et non des groupes de niveaux. C’est la preuve que l’action syndicale peut payer. Le SNES-FSU agit aussi en portant ses exigences pour améliorer les conditions de travail des personnels et poursuivre la démocratisation du système éducatif.
Nos exigences
Crise de recrutement et salaires
Outre des pré-recrutements dès la licence avec un concours en M2, pour restaurer l’attractivité de nos métiers, au-delà de l’ amélioration des conditions de travail, il est impératif d’augmenter les salaires de tous les personnels (qu’ils soient en début, milieu ou fin de carrière). Pour le SNES-FSU, outre l’abandon du Pacte, l’évolution de la valeur du point d’indice doit de nouveau être indexée sur l’évolution des prix. Cela implique aussi d’intégrer un mécanisme de rattrapage du point d’indice calculé à partir de la perte de pouvoir d’achat que les personnels ont subi depuis 2010.
Face à décrochage correspondant au quasi-gel du point depuis 14 ans, il faut une augmentation de 15 % du point d’indice. Le SNES-FSU revendique aussi une refonte des grilles qui porterait donc une entrée dans le métier, ISOE comprise à 2500 € net pour les certifié·es, CPE ou Psy-ÉN et 2750 € pour les agrégé·es.
Conditions de travail, réformes et situation des personnels
Le SNES-FSU exige l’abandon de la réforme du «Choc des savoirs» et des textes qui l’organisent. Le SNES-FSU continue d’exiger l’abandon de la réforme du lycée et du bac Blanquer et l’abandon de Parcoursup La clé pour gérer l’hétérogénéité des élèves est bien de diminuer les effectifs dans les classes. Ainsi, en collège, le SNES-FSU revendique un maximum de 20 élèves par classe (16 en éducation prioritaire). En lycée, le SNES-FSU revendique 24 élèves par classe (20 élèves par classe dans les établissements qui relèveraient de l’éducation prioritaire). Il faudrait 10 617 emplois pour retrouver le taux d’encadrement de 2017 dans le second degré
Il est aussi indispensable de renforcer les équipes pluriprofessionnelles avec un plan pluriannuel de créations d’emplois sur les bases suivantes : 1 poste de CPE pour 250 élèves, 1 poste de Psy-ÉN pour 600 élèves. Le SNES-FSU se bat aussi pour que les AESH accède à un véritable statut de fonctionnaire de catégorie B. La publication complète à destination des AESH est en ligne.
Voir aussi notre supplément “Non-titulaires” à découvrir en ligne
Se syndiquer, se défendre, s’informer, lutter
L’année 2023-2024 a été dense mais aussi riche en actions syndicales. Le SNES-FSU a été au rendez-vous en rassemblant les personnels (pour défendre l’École publique après les provocations d’Amélie Oudéa-Castera), puis en initiant la campagne « Nous ne trierons pas nos élèves » pour mettre en échec le « Choc des savoirs ». Contrairement à ce que claironnait Gabriel Attal en décembre, il n’y aura pas de groupes de niveaux partout ! Au lycée, les épreuves de spécialité déplacées en juin sont un premier pas mais c’est tout le bac et le lycée Blanquer qu’il faut remettre à plat.
Ensemble, poursuivons cette dynamique : gagnons une revalorisation sans contreparties et l’abandon du « Choc des Savoirs ». Les défis qui nous attendent sont nombreux : défense du statut, de nos métiers, du service public d’Éducation. Rejoignez le SNES-FSU et portons ces combats pour l’école publique laïque !
Agir dès la rentrée
Le SNES-FSU dépose un préavis de grève pour la pré-rentrée le 30 août et pendant tout le mois de septembre.
Il appelle les personnels à se réunir en AG ou HIS dès la prérentrée pour faire un premier bilan de la rentrée et échanger sur les perspectives de mobilisations.
La FSU poursuit les discussions en interpro sur la construction de mobilisations notamment sur les salaires et les pensions.