L’extrême droite, RN et Reconquête en tête, a toujours regardé avec intérêt et appétit l’École y voyant un moyen évident pour dérouler leur projet de société, raciste, xénophobe, exaltant une École du passé mythifiée pour mieux entériner l’ordre social.
L’extrême droite contre la démocratie sociale
L’extrême droite ne fait que peu de cas de la démocratie menaçant le droit syndical et la liberté d’expression des personnels. En septembre 2023, à l’Assemblée nationale, tous les syndicats pointent l’état désastreux de l’École du fait des politiques menées. Les députés RN s’en prennent alors de manière véhémente aux militants présents. Et alors que le SNES-FSU rappelait le nécessaire respect de la démocratie sociale, Roger Chudeau, député RN en charge des questions d’Education, enjoint alors les participants à “baisser d’un ton et se mettre au niveau” !
Une vision réactionnaire et antirépublicaine de l’Ecole
Sur le fond, l’extrême droite ne condamne jamais l’insuffisance des moyens, ni ne parle de la dégradation des conditions de travail. Jamais elle ne porte un regard critique sur les inégalités scolaires et sociales des élèves. On ne trouve rien dans leurs programmes qui permettrait de résoudre les fragilités du système éducatif. Derrière une discours prétendument social, elle promeut en réalité l’obscurantisme, l’autoritarisme, la haine, le racisme, l’antisémitisme, les LGBTIphobies, le sexisme. L’École est aujourd’hui à un point de bascule et va mettre des années à se remettre des politiques menées notamment depuis 2017, mais si l’extrême droite arrive au pouvoir, l’Ecole publique ne s’en remettra pas.
Mais les grandes lignes de ce programme ne sont pas complètement inconnues dans le service public d’Education d’aujourd’hui. Ainsi une bonne partie des mesures Choc des savoirs s’inspire des mesures portées par le RN. Groupes de niveau, DNB barrage vers la 2de, comme l’a commenté Roger Chudeau après les annonces de Gabriel Attal “ce sont exactement les mêmes mesures que celles du programme éducatif de Marine Le Pen”. En effet, le programme du RN est marqué par un renoncement à la démocratisation scolaire au profit d’une école ayant vocation à stigmatiser les élèves des milieux populaires par un système de tri scolaire et social. Le RN a aussi soutenu les obsessions hors sol de Gabriel Attal affirmant sa volonté, lui aussi, de “rétablir l’autorité de l’institution scolaire par l’instauration d’un uniforme au primaire et au collège”.
L’analyse des programmes de l’extrême droite est édifiante. On y trouve ainsi la suspicion systématique contre les élèves d’origine étrangère ou issus de l’immigration, le refus de l’inclusion des élèves en situation de handicap, ou encore le renforcement des mesures de discriminations systématiques des familles étranger·es, et des expulsions de familles sans-papiers. L’extrême droite, c’est aussi la promotion du privé confessionnel alors même que tout montre que l’Ecole privée organise aujourd’hui une forme de séparatisme social. C’est aussi la mise sous surveillance des personnels et des pratiques pédagogiques : l’extrême droite veut un «plan de contrôle des enseignements », qu’elle suspecte d’être «utilisés à des fins idéologiques » (Plan Le Pen pour les banlieues) et Eric Zemmour n’hésite pas à déclarer « Nous chasserons des classes de nos enfants le pédagogisme, l’islamo gauchisme, et l’idéologie LGBT ». Les programmes sont réorientés vers l’exaltation nationaliste avec par exemple la mise en place d’un « roman national » à visées identitaires au lieu d’un enseignement scientifique de l’Histoire (programme du RN). Et la labellisation des manuels, mesure du Choc des savoirs, est déjà largement répandue dans les régimes autoritaires… |
L’extrême droite contre les personnels
Des personnels sont victimes de pressions et menaces de l’extrême droite dans l’exercice de leur fonction. Le collectif Parents Vigilants, créée par le parti Reconquête, traque et menace depuis plus de deux ans, les enseignant-es : raids numériques contre des professeur·es, courrier de dénonciation, campagnes calomnieuses… Se croyant investis d’une mission visant à sauver l’École d’une prétendue décadence, ces parents traquent, menacent, jettent en pâture des professeur·es coupables à leurs yeux de… Simplement faire leur métier en organisant des projets pédagogiques autour du thème de l’exil et des migrations, de faire une séance d’éducation à la vie sexuelle et affective ou de faire un cours d’histoire sur l’Islam est insupportable. C’est la confirmation que l’extrême droite ne tolère pas l’idée d’une école publique, laïque et émancipatrice, celle qui fait grandir les élèves et éveille les consciences, celle où la liberté pédagogique est au service de l’émancipation.
Le SNES-FSU a accompagné et défendu des collègues menacés par ce collectif. Il a initié des initiatives intersyndicales (communiqué, interpellation des ministres de l’Éducation successifs) pour exiger que les personnels de l’Éducation nationale soient protégés.
Une urgence : battre l’extrême droite !
C’est avec beaucoup de gravité et conscient des enjeux pour l’avenir de l’Ecole que le SNES-FSU s’est engagé depuis plusieurs mois contre le Choc des savoirs avec son mot d’ordre « nous ne trierons pas nos élèves ». Plus que jamais, cet appel est d’actualité : à rebours de ce que porte l’extrême droite pour l’Ecole, nous sommes attachés au projet scolaire de l’École publique, laïque, gratuite et obligatoire : accueillir partout tous les élèves sans distinction d’aucune sorte, être ambitieux pour chacun, respecter et participer à une véritable liberté de conscience notamment par la construction de l’esprit critique autour de savoirs scientifiquement validés.
Pour l’Ecole publique, nos collègues et nos élèves, battons l’extrême droite dans la rue et dans les urnes et inscrivons nos mobilisations sociales dans la durée.