Quelques années plus tard, la publication du rapport du Conseil de l’Évaluation de l’École , très partial, ne fait que confirmer les analyses initiales du SNES-FSU. On assiste au management par les indicateurs.
De l’auto-évaluation à l’évaluation de l’établissement
L’auto-évaluation se traduit au mieux par la diffusion de questionnaires douteux à l’ensemble de la communauté éducative ou au pire par une accumulation de réunions en plus du temps de travail des personnels. L’idée de l’institution est que les personnels s’impliquent dans l’autocritique de leur établissement. Le CEE y voit un moyen de « fédérer les équipes » (sic). C’est parfois un personnel qui coordonne cet audit, pour une brique de Pacte « innovation ». Cela crée alors des tensions au sein de l’équipe.
Le rapport préconise que le trio d’évaluateurs et évaluatrices externes proposent des « axes stratégiques ». Le pilotage de l’établissement s’exerce donc par des personnes extérieures.
Le festival des tableurs
En janvier 2020, quelques mois avant le début de l’épidémie du Covid, 1000 médecins hospitaliers ont annoncé leur intention de démissionner de leurs fonctions administratives. La professeure Agnès Hartemann déclare alors : « Le cauchemar a commencé quand on nous a dit : ‘il va falloir que vous produisiez du séjour’, alors que nous on avait l’habitude de prodiguer des soins. Et on s’est mis à avoir comme chef de service des tableaux Excel ».
L’état actuel de l’hôpital public avec toujours moins de lits, moins de soignant.es (qui sont épuisé.es) et même la fermeture des urgences fait craindre pour l’avenir de ce service public.
La même méthode est valorisée dans le rapport du CEE pour lequel la gestion du service public d’ éducation pourrait passer uniquement par les chiffres. Pour le CEE , seuls les tableurs parlent : auto-évaluation, évaluation externe, évaluations nationales standardisés ou encore l’IVAC. Des chiffres, il faut encore des chiffres pour mesurer.
De l’évaluation des établissements au projet d’établissement, il n’y a qu’un pas.
Pour le CEE, le débouché logique de cet audit est la rédaction d’un nouveau projet d’établissement dans lequel prospèrent nombre d’indicateurs : « De même, les outils statistiques, utilisés dans le cadre de l’évaluation, ont été partagés à cette occasion avec la communauté éducative. Ils sont également intégrés dans le projet d’établissement et convoqués lors de la présentation des objectifs annuels. »
Selon l’article L912-1-1 du code de l’éducation : « La liberté pédagogique de l’enseignant s’exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l’éducation nationale et dans le cadre du projet d’école ou d’établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d’inspection. ». Il faut donc en comprendre que ce qui est indiqué dans le projet d’établissement s’impose aux collègues et contraint leur liberté pédagogique. Il s’agit donc d’être vigilant.e à ce qu’aucune contrainte n’y figure pour les personnels !
L’avis du SNES-FSU
Le SNES-FSU s’oppose toujours à cet audit imposé dans les établissements. Il ne vise qu’à imposer un pilotage par les indicateurs sans tenir compte des besoins et des réalités humaines. Ils ne peuvent être gérés dans une optique de pure d’efficience, pour faire des économies. Cela ne conduit qu’à une déconstruction du service public et à l’épuisement professionnel des personnels.
Le SNES-FSU invite les collègues à s’opposer aux évaluations des établissements par des courriers, vœux au C.A., boycott ou autres actions à le faire remonter à leur section académique.