CSE

CSE du 8 janvier 2024,

Déclaration du SNES-FSU au CSE du 8 janvier 24

Monsieur le Ministre, Monsieur le Président, Mesdames Messieurs,

Les représentant.es du SNES-FSU adressent leurs meilleurs vœux à l’ensemble des membres du CSE. Souhaitons que 2024 permette de construire des réponses éducatives favorables à l’élévation des qualifications de toute la jeunesse, en respectant les attentes des personnels qui se mobilisent au quotidien pour faire réussir tous les élèves. Nous déplorons que cette première séance de l’année soit en visio pour des textes aussi importants que ceux sur la voie professionnelle ou Parcoursup.

La loi immigration assumée et revendiquée par le président de la République et l’exécutif fait entrer la préférence nationale, concept directement issu du programme de l’extrême droite, dans la loi. Elle s’inscrit en rupture avec les traditions humanistes de notre pays et aura des conséquences graves pour nos élèves et nos étudiant.es. Des familles, parce qu’elles ne sont pas françaises, vont se voir privées pendant plusieurs mois de prestations familiales ou d’aides au logement fragilisant leurs conditions de vie, de logement et d’études pour leurs enfants. C’est en tout point contraire aux principes de notre modèle social et républicain et cela heurte profondément les personnels qui font vivre au quotidien l’égalité et la fraternité. La FSU sera présente dans les manifestations du 21 janvier pour obtenir que cette loi ne soit pas promulguée si le Conseil constitutionnel devait la valider.

Le président de la République évoque maintenant un « réarmement civique de la jeunesse ». Qu’il laisse les personnels faire leur métier ! Les élèves ont besoin de savoirs et de savoir-faire pour s’émanciper et non de SNU, d’uniformes, d’EMC reformatée dont nous ne savons toujours rien, ni de stage en entreprise en classe de Seconde générale et technologique. Nous attendons d’ailleurs la concertation sur la note de service qui doit préciser l’organisation de ces stages.

Les annonces du ministre début décembre pour « relever le niveau des élèves » et leur financement supposé, présenté en CSAMen, ne permettront pas de mieux faire réussir les élèves. Généralisation des groupes de niveau, réhabilitation du redoublement, élèves fragiles privé.es de la LVB, développement de l’intelligence artificielle, DNB barrière avant le lycée, classes prépa-lycée, nouveaux programmes, nouveau socle… cette avalanche de mesures opportunistes en réponse aux interprétations erronées et précipitées des résultats de Pisa pour la France, marque un tournant pour le second degré dont les élèves et les personnels subiront les conséquences dès la prochaine rentrée et sur le long terme.

Alors que les réformes Blanquer au lycée ont structuré le tri des élèves vers l’enseignement supérieur, les mesures du ministre Attal préfigurent un collège de la sélection dès la Sixième pour décourager les plus fragiles à poursuivre leur scolarité vers l’une des trois voies du lycée. Cet éclatement du second degré, un aboutissement du bac-3/bac+3, mettrait fin aux progrès de démocratisation par les savoirs, privant une partie de la jeunesse d’un accès aux connaissances et aux qualifications. Les personnels, tout particulièrement en collège, seraient réduits à se conformer à de prétendues bonnes pratiques guidées par des batteries d’évaluations standardisées et des applications pilotées par une intelligence artificielle. Ces nouvelles pratiques professionnelles neutraliseraient la liberté pédagogique. Elles sont en tout point cohérentes avec les attendus de la réforme de la formation initiale que nous contestons. Nous demandons par ailleurs la publication du rapport de la mission « exigence des savoirs », dont le ministre s’est inspiré. L’absence de transparence questionne sur ses conclusions.

Les dernières évolutions de Parcoursup sacrifient, une fois de plus, la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur sur l’autel du marché éducatif, en favorisant outrageusement l’enseignement privé. Sous couvert de transparence de l’information, elles perfectionnent les mécanismes d’une information qui légitime n’importe quelle formation privée. Que penser d’un institut St Pie X qui peut afficher sur le site Parcoursup un beau « badge », « Licence certifiée par l’Etat », sans que jamais ne soit mentionné son rattachement aux intégristes catholiques de Mgr Lefebvre ? C’est décidément un très beau cadeau aux acteurs privés du marché que cette plateforme Parcoursup !

Par contre, rien pour améliorer véritablement les possibilités de poursuites d’études des jeunes ! Rien pour supprimer la mention de l’établissement d’origine qui demeure, rien sur la nécessaire hiérarchisation des vœux, rien dans les annonces sur l’ouverture de places dans le supérieur public, rien pour tenter d’amenuiser le renforcement des inégalités genrées et sociales que les réformes Blanquer et Vidal ont institutionnalisé.

En revanche, on a appris par voie de presse que, désormais, les élèves de Seconde auront la possibilité de créer leur profil Parcoursup pour pouvoir se renseigner sur les critères de sélection auxquels ils et elles seront soumis deux ans plus tard, afin de « bien » choisir les spécialités de Première. Pour mesurer le niveau de cynisme des ministères successifs, il faut se souvenir des mensonges ministériels répétés à l’envi par les promoteurs des réformes du lycée et du bac faisant de la « liberté de choix » selon ses envies et ses passions, l’argument de vente de leur politique.

À tout cela s’ajoute aujourd’hui en CSE une mesure supposée désamorcer les stratégies opportunistes de candidatures venues de l’étranger. Les candidat·es soumis·es à un visa ne pourront plus formuler autant de vœux que les autres. Dans le contexte d’une loi immigration qui prend aussi pour cible les étudiant.es étranger.es, il ne saurait y avoir de pire message politique. En France, les étudiantes et étudiants internationaux ne sont pas les bienvenus, et par principe, sont suspects aux yeux de l’administration qui multiplie à leur encontre les obstacles et les mesures vexatoires.

Le SNES-FSU condamne la nouvelle opération « moyens d’enseignement supplémentaires » déguisée en prétendue neutralisation des suppressions d’emplois prévus à la rentrée 2024. On se croirait revenu à l’époque des artifices de J.-M. Blanquer. Le financement concret de cette opération n’a pas été explicité, personne ne sait quels personnels seront recrutés pour assumer ce besoin. Tout porte à croire que cela se fera par une surcharge de travail inacceptable ou par le recrutement de personnels de plus en plus précaires. Le tout, pour mal mettre en œuvre de mauvaises réformes : des groupes de niveau en Sixième et Cinquième et la préfiguration des Secondes prépa-lycée. En plus d’aller à l’encontre de toutes les études qui condamnent la différenciation structurelle tant elle fige voire accroît les inégalités scolaires et sociales, les conditions de travail des personnels vont encore être dégradées par des alignements de séances, des mises en barrettes sur plus d’un tiers des heures, des groupes classes éclatés dès la Sixième. Après la suppression de la technologie, l’horaire élève tomberait d’ailleurs à 25 heures hebdomadaires en Sixième au prétexte d’auto-financer une limitation à 15 élèves dans le groupe faible ! Alors que ce seuil sera sans aucun doute dépassé dans bien des établissements, comme ceux des ULIS ou des UPE2A, c’est la totalité des élèves de Sixième qui pâtiront de la perte de cette heure.

Quant aux emplois créés, a priori sur du sable puisqu’ils n’apparaissent nulle part dans la Loi de finances 2024, ils ne permettront pas de diminuer les effectifs partout, alors que les effectifs pèsent lourdement sur les conditions d’études des élèves et de travail des personnels. A l’heure où une nouvelle cartographie des quartiers prioritaires de la politique de la ville se dessine, le SNES-FSU sera particulièrement vigilant sur le sort et l’avenir des établissements de l’Éducation prioritaire, déjà mis à mal ces dernières années par un empilement de dispositifs.

Le SNES-FSU revendique que les moyens soient mis dans les classes pour réduire les effectifs, ce qui en outre améliorerait les conditions de l’école inclusive. Respecter et revaloriser les personnels, engager un nouvel élan de démocratisation en portant la scolarité obligatoire à 18 ans, favoriser et faciliter les poursuites d’études dans le supérieur pour le plus grand nombre d’élèves : pour le SNES et la FSU, une autre école est possible ! Démocratiser l’école pour élever les qualifications de toute la population, c’est rendre les savoirs les plus exigeants accessibles à toute une génération en augmentant le temps d’études, en repensant les programmes scolaires, en redonnant la main aux personnels avec une formation initiale et continue de qualité pour des pratiques professionnelles réellement démocratisantes. Or les mesures déjà en place et les orientations voulues par Gabriel Attal vont dans le sens d’une École du tri scolaire et social, à l’opposé de notre projet éducatif démocratique.

C’est pourquoi, nous appelons les personnels à se mobiliser le 15 janvier pour la défense des classes de CPGE menacées dans plusieurs académies, et le 1er février pour une première journée de grève dans l’Éducation à l’appel de la FSU, de la CGT, de FO et de SUD éducation. Le gouvernement ne peut pas tordre l’École contre les intérêts des personnels et des élèves : il doit renoncer aux mesures ségrégatives affectant les élèves, il doit écarter toute décision qui entraînerait une dégradation de nos métiers, il doit écouter les revendications convergentes des syndicats représentatifs de la profession. Nous serons également dans la rue ce 11 janvier avec les associations féministes contre toutes les formes de violences sexistes et sexuelles faites aux femmes.


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