Monsieur le Ministre, Monsieur le Directeur, Monsieur le Président,

Presque deux semaines après la rentrée des élèves, le bilan est implacable : il manque des enseignant.es, des CPE, des PsyEN, des AED et AESH presque partout. Selon l’enquête de rentrée du SNES-FSU, près d’un établissement sur deux n’a pas fait la rentrée avec tous ses personnels. Les rodomontades du Président Macron et du ministre de l’Éducation nationale n’ont bien évidemment eu aucun effet pour corriger ce constat. L’urgence n’est vraiment pas au remplacement de courte durée tant il sera impossible d’ici quelques semaines d’assurer les remplacements de longue durée, les TZR et non-titulaires étant déjà presque toutes et tous affecté.es à l’année. Il y urgence à tout mettre en œuvre pour recruter des personnels.

Alors qu’il était encore possible en juin d’ouvrir des listes complémentaires aux concours de professeur.es, comme le SNES avec la FSU le demandaient, aucune mesure n’a été prise pour limiter les effets de la crise de recrutement. Près de 20 % des postes au CAPES et à l’agrégation n’ont pas été pourvus avec des pics à plus de 25 % en lettres et mathématiques. Dans quelques jours, du 3 octobre au 9 novembre, les étudiant.es pourront s’inscrire pour la session 2024. Le SNES et la FSU demandent que tout soit fait pour attirer leur attention sur nos métiers en publiant sans plus tarder le nombre de postes ouverts, en annonçant la généralisation de listes complémentaires et en développant des pré-recrutements dès la licence. Le SNES-FSU s’opposera à tout arbitrage venant de l’Elysée sur l’abaissement de la place du concours qui doit rester en M2. Il faut bien au contraire sécuriser la formation des étudiant.es en leur donnant des perspectives sur le long terme avec un plan pluriannuel de recrutement et des allocations pour financer leurs études.

La baisse démographique annoncée dans les premier et second degrés d’ici 2027 ne saurait en aucun cas être le prétexte pour détruire des emplois. Elle doit permettre de desserrer les effectifs dans les classes pour faire réussir tous les élèves dans de bien meilleures conditions. En donnant des garanties sur le maintien des emplois, sur la programmation des recrutements, sur la revalorisation des salaires sans aucune contrepartie, sur le respect des statuts, des missions, de la liberté professionnelle, le ministère serait mieux inspiré pour travailler réellement à l’attractivité de nos métiers.

Après 5 ans de mobilisation du SNES-FSU contre le bac, le lycée Blanquer et Parcoursup, les mesures annoncées par le ministre vont dans le bon sens et rappellent que la réalité rattrape tôt ou tard les idéologues. Le SNES-FSU demande que le nouveau calendrier des épreuves du bac en juin place les épreuves écrites de l’EAF et de philosophie le plus tôt possible. Il faut impérativement tenir compte de la charge de travail écrasante qui pèse sur nos collègues en fin d’année. Le cumul des épreuves de spécialité et de la préparation du Grand Oral en classe entière sans temps dédié exige que les programmes pour les épreuves écrites soient aménagés. A tout le moins pour cette année de transition, nous demandons que les curseurs posés dans les programmes pour les épreuves en mars dernier restent appliqués. La suppression de la dernière partie du Grand Oral que le SNES-FSU revendiquait, doit permettre de repenser l’épreuve pour à la fois faciliter l’expression des candidat.es aidé.es d’un support, et pour replacer les savoirs disciplinaires au centre de l’évaluation en retirant le jury naïf. En classe de Première, le passage à 16 textes pour l’épreuve orale de l’EAF officialise une pratique que les collègues avaient adoptée à l’appel du SNES-FSU. Le ministère doit maintenant s’engager à mener une réflexion sur les épreuves écrites de l’EAF de la voie technologique pour les articuler notamment aux nouvelles épreuves de CGE en BTS. Le SNES-FSU attend la poursuite des concertations sur les aménagements du bac mais demande plus généralement un bilan des réformes Blanquer au lycée pour des remises à plat, et l’abrogation de Parcoursup.

La réforme du collège, avec la nouvelle organisation de la classe de Sixième financée par l’inacceptable suppression de la technologie, se met en place à la rentrée. En plus de l’offensive contre le collège unique qui se dessine, l’absence de moyens dédiés et fléchés pour l’Accompagnement aux devoirs et pour le dédoublement de l’heure de soutien ou d’approfondissement en mathématiques et français, sera source d’inégalités entre les élèves et entre les établissements. En liant le Pacte au fonctionnement de ces nouveaux dispositifs pédagogiques, le ministère prend seul la responsabilité de leur désaffection. Il serait inadmissible de reporter sur les personnels la responsabilité d’une inévitable dégradation des conditions d’étude des élèves.

L’échec du Pacte est déjà patent dans cette première étape des signatures car les collègues titulaires ou non rejettent massivement tout nouvel alourdissement de la charge de travail. La mobilisation, sous contrainte, du peu de collègues pacté.es ne permettra pas d’assurer les RCD. Aussi, le ministre se fourvoie-t-il dans une opération politique et médiatique de traque de la moindre « heure perdue ». Le SNES-FSU met solennellement le ministre en garde sur les risques qu’il fait prendre aux élèves de ne plus avoir la possibilité de bénéficier de sortie pédagogique, de voyage scolaire, de personnels formés tout au long de leur carrière. Par cette décision irresponsable, le ministère portera la responsabilité d’un nouveau coup porté à l’attractivité de nos métiers et à la professionnalité des personnels.

En Classes Préparatoires aux Grandes Écoles, la pression sur les effectifs et la rationalisation à l’extrême des moyens amènent certains établissements, notamment parisiens, à pratiquer le surbooking au-delà de 48 étudiant.es par classe. Ce surbooking est un non-sens pédagogique : il revient à faire le pari de futures démissions, faute de moyens pour détripler les classes et offrir des conditions d’étude satisfaisantes à l’ensemble des étudiant.es. Cette pratique, ancienne, crée des déséquilibres avec d’autres CPGE qui seront à terme fragilisées pour cause d’effectif plus faible. Le SNES-FSU rappelle qu’en CPGE, 48 étudiant.es par classe n’est pas un minimum mais un maximum.

Ces dernières semaines l’ont confirmé, nous sommes bien dans un état d’urgence climatique. Comment est-il possible de faire cours dans des salles où il fait plus de 30°C ? L’Éducation nationale doit prendre sa part dans la transition écologique. Les réponses apportées par le gouvernement avec le plan Béchu sont très insuffisantes. Il faudrait investir 4 milliards d’euros par an pendant 10 ans et planifier un plan d’investissement dans le bâti scolaire : végétalisation, isolation, réduction de la consommation énergétique… Les territoires ultramarins sont particulièrement touchés par les conséquences du réchauffement climatique (montée des eaux, sargasses, sécheresse…) et des scandales écologiques (chlordécone). Ils devraient être des territoires pilotes en matière d’énergies renouvelables.


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