Épreuves de spécialité et oraux du second groupe
Le Ministère, n’en finissant pas de réformer sa réforme du baccalauréat, a publié à l’automne 2022 de nouveaux textes réglementaires pour aménager certains programmes de spécialité. Ces aménagements ne concernaient que les épreuves écrites, dont le calendrier a été maintenu en mars 2023. Ainsi, aucune modification des épreuves orales de contrôle n’avait alors été anticipée, les textes réglementaires de référence restant ceux du Bulletin Officiel spécial n°2 du 13 février 2020.
Les professeur·es en charge des enseignements de spécialité et corrigeant les épreuves de la fin du mois de mars au début du mois d’avril ont donc été confronté·es à des informations confuses au sujet des “oraux de rattrapage”. En HGGSP, les inspections indiquaient que les candidat·es pourraient être interrogé·es sur tout le programme (et pas seulement les 4 thèmes exigés pour l’écrit). En SES, en revanche il fallait travailler uniquement sur la partie du programme “tombée” à l’épreuve écrite. Ces exigences très inégalitaires d’une spécialité à l’autre ont suscité l’incompréhension et le mécontentement des professeur·es, d’autant qu’elles ne tenaient pas compte des plus récents aménagements de programmes pour les épreuves de spécialité.
Après plusieurs semaines d’informations contradictoires, de demandes portées portées par les collègues et par le SNES-FSU aux niveaux académiques et national, l’Inspection Générale a fini par produire un document de synthèse sur les programmes exigibles pour les oraux du second groupe dans chaque spécialité. Comme il est devenu habituel depuis le Ministère Blanquer, aucune modification de texte réglementaire n’est parue au BO, aucune note de service n’a été rédigée. Un beau jour, à la fin du mois d’avril, les personnels ont découvert une mise à jour des pages du site Eduscol consacrées au baccalauréat général et au baccalauréat technologique.
La foire aux inégalités
Le Ministère de l’Éducation nationale, avec ces tableaux complets, fournit obligeamment les preuves que les inégalités face à l’examen du baccalauréat sont le cadet de ses soucis. Selon qu’un·e candidat·e aura suivi telle ou telle spécialité, ses possibilités de réussite au rattrapage seront plus ou moins grandes. Dans la voie technologique, pour laquelle l’organisation en séries demeure, les inégalités d’une série à l’autre sont frappantes : en STL, c’est le programme complet de terminale qu’il faut réviser dans toutes les spécialités, alors qu’en ST2S pour les deux spécialités seul le programme de l’épreuve du premier groupe est exigé.
L’improvisation et le bricolage restant une des valeurs sûres de la réforme du baccalauréat, la clarification publiée sur Eduscol n’a pas été suffisamment… claire. En effet, à la mi-mai les enseignant·es de la spécialité “Humanité, littérature et philosophie” ont été destinataires d’un courriel faisant l’exégèse du BO de 2020.
La mention « programme complet de terminale » ne doit pas prêter à confusion : pour la spécialité HLP, il convient d’appliquer la restriction du programme limitatif en vigueur pour l’épreuve écrite de mars.
Inspection de lettres
En effet, le texte réglementaire contenait une phrase clé qui avait sans doute échappé à la vigilance des infographistes du Ministère : “Le candidat se voit remettre un sujet par l’examinateur, qui relève soit d’une question de littérature (si l’examinateur est un professeur de lettres) ; soit d’une question de philosophie (si l’examinateur est un professeur de philosophie). L’énoncé du sujet prend la forme d’une interrogation associée au thème de l’épreuve écrite.” Il était donc bien prévu dès l’origine que les candidat·es ne seraient interrogé·es à l’oral du second groupe que sur le même thème qu’à l’épreuve écrite du premier groupe.
Une telle confusion donnerait presque envie de rire, si elle n’était un indice de plus du mépris du Ministère pour les personnels qui préparent leurs élèves au baccalauréat en subissant un calendrier et des programmes intenables. Et ce sont les élèves les plus fragiles, celles et ceux qui ont le plus besoin du “rattrapage” pour obtenir leur diplôme, qui sont les premières victimes des bricolages ministériels et des inégalités dans la préparation aux épreuves du second groupe.