Des questions scientifiques et didactiques pour un enseignement transdisciplinaire
La matinée a permis des échanges constructifs entre collègues des différentes disciplines sur la façon d’aborder les programmes, les attendus et leurs mises en œuvre.
De manière unanime, il apparait qu’en raison de programmes pléthoriques et mal pensés, peu de temps est finalement accordé au thème de l’environnement dans nos enseignements. Cet enseignement, crucial pour les citoyens en devenir que sont nos élèves, peut générer une éco-anxiété, un sentiment de perte de contrôle face à une situation qu’ils ou elles n’ont pas initiée ; l’enseignement de la préservation de l’environnement mériterait un temps dédié d’une autre ampleur :
La complexité des questions environnementales questionne ainsi nos pratiques et notre approche par disciplines.
Des réflexions sur le métier
La sémantique utilisée dans les documents officiels (développement durable, transitions écologique, énergétique, enjeux planétaires…) conditionne nos démarches pédagogiques mais fait débat.
Les enseignants ne peuvent rester neutres face à ces questions socialement vives qui suscitent controverses et incertitudes dans la société. Elles nous imposent rigueur et justesse afin de former nos élèves à l’argumentation, à la prise de décisions collectives et individuelles. Faut-il que « nous éduquions à » l’environnement ? Faut-il transmettre des connaissances pour comprendre et agir ou seulement pour connaître?
Une histoire du changement climatique
L’après-midi était placée sous une dimension historique avec l’intervention de Fabien Locher, chercheur au CNRS, historien des sciences, spécialiste de l’histoire environnementale, des sciences et des techniques, co-auteur de l’ouvrage « Les révoltes du ciel : Une histoire du changement climatique XVe-XXe siècle ». Fabien Locher a montré que les débats sur le changement climatique sont anciens. Jusqu’au milieu du XXe siècle, la société ne se préoccupe pas des émissions des gaz à effet de serre mais on pense déjà que la destruction des forêts, par exemple, modifie températures, pluies, saisons… Cette problématique est posée dès la conquête du Nouveau Monde, existe pendant la révolution de 1789… : savants et politiques enrichissent depuis longtemps les débats des sociétés angoissées face aux aléas du ciel et anticipent les changements climatiques. L’histoire retrace ainsi l’évolution conjointe des politiques publiques et des sciences de l’environnement.