Il y a deux ans, Samuel Paty était tué parce qu’il avait fait son métier. Deux ans après son assassinat par un islamiste radical, en ce week-end du 16 octobre, l’heure est à l’hommage et au souvenir. Nos pensées vont d’abord à sa famille, ses proches, ainsi que ses collègues du collège du Bois d’Aulne à Conflans St Honorine.
Ce moment est important pour la communauté éducative, aussi, le SNES-FSU attend que chacun se montre à la hauteur, en s’abstenant de toute récupération ou instrumentalisation politique qui alimente un tumulte médiatico-politique de plus en plus inquiétant pour notre démocratie.
Dans les établissements, des hommages à la main des équipes, auront lieu les 14 ou 17 octobre. Il importe de ne pas confondre hommage et travail pédagogique. Ce dernier ne peut, ne doit pas se faire sur commande politique, dans des formes imposées : une séquence d’une heure, sur commande, vendredi ou lundi, n’aurait aucun sens pédagogique, et servirait surtout une forme d’affichage politique. Faut-il rappeler le sens de notre travail éducatif ? Un travail patient et de long terme pour former les citoyens de demain, par les apprentissages, la réflexion, la construction de l’esprit critique, la confrontation des points de vue. Alors, dans les prochains jours, nous rendrons hommage à Samuel Paty, sous des formes diverses, et nous ferons vivre au quotidien, toute l’année, l’idéal d’une École publique laïque, émancipatrice et citoyenne. Hommage dans les prochains jours et travail pédagogique de fond, sur le long terme, voilà certainement le meilleur moyen de faire vivre la mémoire de notre collègue.
Samuel Paty a payé de sa vie son engagement professionnel. Le pays lui doit un hommage plein et entier. La communauté éducative ne peut pas, ne doit pas porter seule cet hommage car, le 16 octobre 2020, c’est un professeur qui a été assassiné et une certaine conception de l’École, et quelque part de notre société, qui était visée. En plus des nécessaires hommages institutionnels sobres et dignes, chacun trouvera le temps de se souvenir, d’être aux côtés de la communauté éducative dans ces moments si particuliers.
Après les hommages, le quotidien professionnel reprendra son cours pour chacune et chacun des personnels de l’Education nationale. Un quotidien fait de réussites pédagogiques, d’interrogations professionnelles, mais aussi de vides institutionnels. Ainsi, il faudra plus que des mots pour traiter enfin correctement les questions relatives à la protection des personnels. Il ne faudra pas que des mots pour permettre aux personnels de faire leur travail, sereinement. Il faudra surtout qu’enfin les paroles et les actes politiques soient à la hauteur pour faire vivre les promesses de l’École laïque républicaine. Samuel Paty a été assassiné parce qu’il faisait son métier. Ne l’oublions jamais.