Ajustements de fin d’année : le grand bazar

Tous les ans, les collèges et les lycées prennent connaissance des ajustements de fin d’année : évolution d’effectifs (souvent), évolution des moyens (rarement). Cette année, les premiers échos des établissements et des académies laissent entrevoir des situations très tendues.

  • académie de Toulouse : d’importantes tensions sur l’orientation de la 3eme à la 2de, avec un grand nombre d’élèves sans affectation. Dans certains lycées, des moyens sont actuellement récupérés, certainement pour ouvrir des classes en catastrophe dans d’autres établissements. Ces pratiques à grande échelle mettent en grande difficulté les équipes dans les établissements : services à refaire, CA convoqués en dernière minute.
    Mise à jour 11 juillet : toutes les informations de l’académie dans cet article du SNES-FSU Toulouse : une rentrée sous tension(s)

  • académie de Créteil : dans le 93, les classes de 1ère STMG calibrées à 24 sont montées à 30 élèves ! Une gestion purement comptable qui conduit certains établissements à déposer un préavis de grève pour la rentrée et préparer ainsi la mobilisation pour dénoncer la dégradation des conditions de travail et d’enseignement.
  • académie de Grenoble : de nombreux blocages d’orientation en 1ère STMG : refus d’ouvrir une classe supplémentaire dans plusieurs lycées. Dans certains lycées, il est proposé aux élèves soit de s’inscrire en STMG dans un autre lycée, soit de redoubler, soit d’aller en voie professionnelle, soit de choisir 1ère générale ou technologique. Témoignage d’un collègue “C’est tout le travail d’orientation des PP seconde, le dialogue et la confiance noués avec les familles toute l’année, qui sont jetés à la poubelle. On a des élèves en pleurs et des parents furieux..”

  • académie de Versailles : de nombreux élèves de 2de sont actuellement sans affectation, en particulier celles et ceux qui ont obtenu une orientation en 1ère STMG. Ainsi au vendredi 1er juillet, dans le 92, sur 1400 affectations en STMG, 400 élèves étaient toujours sans affectation.

  • académie d’Aix Marseille : 1800 élèves de 3eme sont actuellement sans affectation. Par ailleurs, des classes de 1ère STMG sont ouvertes en catastrophe avec des rallonge de DGH en heures supplémentaires !

  • académie d’Orléans-Tours : un certain nombre d’élèves entrant en 6eme sont en attente d’affectation, sans place dans les structures existantes !

Tous ces exemples confirment les contours d’une rentrée qui s’annonce très difficile comme l’avait annoncé le SNES-FSU dès janvier 2022 : la suppression de 440 emplois a porté à 7900 le nombre d’emplois supprimés dans le second degré, alors même que les effectifs ont augmenté ! 7900 emplois supprimés, c’est l’équivalent de 175 collèges rayés de la carte.

Crise de recrutement : l’état d’urgence !

L’Education nationale est dans une situation d’état d’urgence : à 57 jours de la rentrée, rien ne garantit qu’il y aura un professeur titulaire devant chaque classe. Encore une fois, des élèves risquent de se retrouver sans professeur pendant des semaines, voire des mois, comme cette année, y compris dans des classes à examens.

Les premiers chiffres d’admissibilité avaient donné le ton et laissaient entrevoir l’aggravation de la crise de recrutement pour cette année 2022. Les chiffres d’admission ont confirmé la catastrophe annoncée : pour les enseignants, dans les disciplines générales et technologiques, 1617 postes sont non pourvus. Il faudra également retirer les candidats radiés parce qu’ils ne remplissent pas les conditions notamment de diplômes à l’externe, les doubles-admissions et les démissions de l’été.

Les résultats de cette session confirment donc la grave crise de recrutement que connaissent nos métiers. Les causes sont connues, notamment le poids du déclassement salarial : dans les années 1980, un enseignant commençait avec 2.2 fois le SMIC, au début des années 2020, il commence avec 1,14 fois le SMIC !

Dans ces conditions, comment assurer la rentrée ?

Le ministre continue de répéter qu’il y aura un professeur devant chaque classe à la rentrée, certainement grâce au recrutement de contractuels. Ainsi, plusieurs académies se sont lancées dans des opérations de job dating pour recruter des personnels contractuels en vue de la prochaine rentrée. L’exemple le plus médiatique est sans doute celui de la rectrice de Versailles qui, à grands coups de vidéos promotionnelles sur les réseaux sociaux, fait la promotion sans vergogne de ce mode de recrutement. Mais l’académie de Toulouse avait déjà ouvert la voie il y a quelques mois et l’académie d’Amiens a organisé une opération du même genre début juin. Dans l’académie de Reims, le rectorat annonce un “Talent Tour” au sous titre évocateur “si on matchait…”.

Accepteriez-vous que votre médecin soit recruté en 30 minutes ? Pourquoi l’accepter pour les élèves ?

Ces opérations de job dating témoignent surtout d’une volonté politique de développer le recours aux contractuels et donc de précariser nos métiers. Elles sont aussi d’une redoutable violence pour nos collègues contractuels, souvent lancés dans le métier sans réel accompagnement institutionnel et qui se trouvent parfois dans des situations difficiles, les amenant pour certains à démissionner.

Pap Ndiaye évoque un nécessaire choc d’attractivité. Plutôt que des mots, il faut des actes. La timide augmentation du point d’indice ne couvre même pas l’inflation. Sans surprise, le ministre confirme l’application de la feuille de route d’E. Macron. Il annonce une augmentation des rémunérations sans conditions et une autre partie, sous conditions, dans le cadre d’un pacte visant à redéfinir nos métiers en mettant dans la balance des missions supplémentaires. C’est donc le retour du fameux et fumeux «travaillez plus pour gagner plus». Inacceptable après toutes ces années de déclassement salarial : pour le SNES-FSU, il faut un rattrapage des pertes et une revalorisation sans contrepartie !

Une rentrée pour gagner !

Le SNES-FSU ne peut accepter de telles conditions de rentrée. Les annonces de Pap Ndiaye (des cellules rentrée dans les Rectorats à partir du 22 août) sont insuffisantes. Il y a urgence pour reconstruire le service public d’Education après le quinquennat Blanquer.

La rentrée 2022 sera donc déterminante pour l’avenir de notre métier et de notre service public. Le SNES-FSU en fera un grand moment de mobilisation.
– À travers les réunions de prérentrée, en s’appuyant sur ses sections d’établissement, la lumière sera faite sur les conditions de rentrée, notamment l’état des postes non pourvus pour illustrer l’étendue de la crise du recrutement et l’urgence de la revalorisation sans contrepartie.
– Il proposera une lettre à diffuser aux parents d’élèves pour les associer à notre combat pour le service public d’Éducation.
– Une grande campagne sera aussi lancée pour décrypter les projets d’E. Macron (pacte, concertation, réforme de la voie professionnelle avec le SNUEP-FSU, etc.) en articulation avec les mesures déjà combattues cette année (PLE, autoévaluation des établissements).
– Un préavis de grève sera déposé et l’ensemble de ces actions pourra trouver sa traduction dans une mobilisation forte en septembre, y compris par la grève.

Rendez-vous dans deux mois pour une rentrée combative afin de gagner pour nos salaires, nos métiers, nos statuts et l’avenir du service public d’Éducation!


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