La Cour des comptes a rendu public un rapport sur “la gestion des absences des enseignants”. Son contenu : un constat et des préconisations. Ces dernières n’ont rien de nouveau et ressemblent pour beaucoup à ce que la Cour des comptes écrit depuis des années, avec une ligne directrice : d’abord faire des économies.

De manière surprenante, la Cour des comptes commence par battre en brèche quelques idées reçues en rappelant que la “proportion d’enseignants absents pour cause de maladie ordinaire sur une journée donnée est inférieure à
celle des salariés du privé et des autres ministères”.

Mais très rapidement les représentations s’accumulent comme lorsque les voyages scolaires sont assimilés à des absences ! C’est oublier bien vite le travail que cela représente, tout en étant, à cette occasion, 24h sur 24h avec des élèves…

Les préconisations ressemblent donc à un catalogue de mesures déjà vues et entendues à de très nombreuses reprises et qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité :
– bivalence afin de permettre plus facilement les remplacements et “y être incité par un assouplissement des règles de mutation et d’évolution de carrière”
– annualisation et remise en cause du statut : par exemple, intégrer dans les obligations de service le remplacement sur la base de quelques heures obligatoires
– renforcer le pouvoir du chef d’établissement en lui donnant “la possibilité de désigner un remplaçant parmi les enseignants disponibles de l’établissement”.

Recyclage de fausses solutions

Flexibilité, attaques contre le statut, sans surprise la Cour des comptes se place d’un point de vue comptable (pointant le “coût” des “heures perdues”) et non pédagogique. Improviser un remplacement, au pied levé, dans son établissement, pose de nombreuses difficultés : cela revient à prendre en catastrophe une classe qu’un professeur ne connaît pas, à découvrir le déroulement de sa progression etc. La Cour des comptes ne fait que réactiver une disposition ancienne, celle du décret de Robien qui avait été vivement combattue par la profession. Depuis, cette possibilité (et non cette obligation), existe dans les établissements scolaires, mais sa faible utilisation montre surtout qu’elle n’est pas la solution adaptée aux enjeux pédagogiques du remplacement. Quant au recours aux heures supplémentaires, il atteste aussi de la méconnaissance du terrain : en 2019, seul un tiers des heures supplémentaires budgétées ont été réellement consommées. Alors que la charge de travail est déjà très lourde (l’occasion de rappeler que, selon les chiffres de la DEPP, le temps de travail d’un enseignant certifié est de 42h53…), la solution n’est pas dans le recours accru aux heures supplémentaires !

Déconnexion avec la réalité

Pour tenter d’ancrer son rapport dans le monde de 2021, la Cour de comptes introduit une nouvelle proposition : elle suggère que les enseignants qui vont être absents, par exemple en raison d’une formation, filme une séquence vidéo de leur cours et qu’elle soit projetée aux élèves. Cette mesure confirme la complète déconnexion des magistrats de la Cour des comptes avec le terrain : qui peut croire qu’un monologue d’1 heure en vidéo a une vertu pédagogique, encore plus après 18 mois de crise sanitaire où la visio a montré ses limites ? La Cour des comptes ne dit rien non plus de la surveillance des élèves pendant qu’ils assisteront à ce cours en vidéo…

Sans surprise, la Cour des comptes passe complètement sous silence la question des moyens dédiés aux remplacements qui ont été complètement asséchés ces dernières années du fait de la crise de recrutement.

Ce rapport doit donc être pris pour ce qu’il est : une énième somme de recommandations dont l’objectif, dans un logique gestionnaire, est de mettre à tout prix un professeur devant les élèves, sans réelle considération pour les dimensions pédagogiques du remplacement.

Dans la presse
Pour le SNES-FSU, des propositions qui “s’assimilent davantage à forme de garderie” et qui “ne vont rien apporter aux élèves” (France Info)
Syndicats : “Des solutions qui ne vont rien résoudre” (le café pédagogique)
“Est-ce que ça apporte quelque chose aux élèves d’organiser en dernière minute un remplacement comme ça en interne ?” (Europe 1)


Vos questions
Le Snes défend les droits individuels et collectifs. Vos représentants vous répondent, vous conseillent et vous accompagnent.
Accès à la FAQ

Vous ne trouvez pas votre réponse, posez-nous votre question