Monsieur le Directeur, Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs
Il y a deux jours, le gouvernement faisait adopter à l’Assemblée nationale son budget pour 2022, un budget qui supprime une fois de plus des emplois d’enseignants dans le second degré, 410 précisément pour la rentrée. Les collèges et lycées publics auront perdu 7 900 emplois sur la mandature alors que les effectifs ont connu une augmentation soutenue depuis 5 ans. La création de 300 emplois de CPE est la seule bonne nouvelle de ce budget mais à quel prix.
Il aura fallu attendre des années ces créations quand se dégradait le climat scolaire dans les établissements entraînant des poussées de violence, et que les personnels de vie scolaire, CPE et Aed, aient été particulièrement éprouvés par la crise sanitaire. Le SNES-FSU attend maintenant une hausse significative des postes aux concours dans le cadre d’une programmation pluriannuelle des recrutements de CPE et d’enseignants. Le refus du ministère de prendre les mesures qui s’imposent pour redonner à nos métiers l’attractivité qui pourrait juguler la crise de recrutement aura des conséquences durables que subiront les prochaines générations d’élèves.
Mais pour l’heure la politique éducative du Ministre se cantonne à promouvoir les langues anciennes après avoir asséché leur financement optionnel au lycée, à faire des économies sur la formation de la jeunesse, 75 millions précisément, et à menacer publiquement les personnels dans leur ensemble s’ils ne respectent pas les valeurs de la République. Ce procès médiatique est indigne d’un ministre qui a en responsabilité le bien-être, la sécurité et la protection des personnels.
Des personnels qui ont été à la hauteur pour assurer du jour au lendemain un lien éducatif avec leurs élèves quand les écoles ont brutalement fermé en 2020. Des personnels qui font vivre au quotidien les principes de l’école républicaine dans des classes toujours plus surchargées où l’égalité et la fraternité sont en action quoi qu’il arrive. Des personnels qui n’acceptent pas le discrédit jeté sur eux par une certaine presse et qui ont attendu en vain une réaction de leur ministre pour rappeler que l’éducation a pour objectif la lutte contre le racisme, contre l’homophobie, contre le sexisme et contre toute forme de rejet de la différence. Ce silence est coupable, indigne, complice.
Les propos de la présidente du Conseil supérieur des programmes placée sous l’autorité du ministre, en disent long de leur mépris à tous deux contre les enseignants, jugés incapables de discernement sur les contenus et le choix des supports pédagogiques. L’étape suivante sera-t-elle l’adhésion pleine et entière à un manuel officiel qui bridera un peu plus encore la liberté pédagogique comme le projet local d’évaluation l’atteint déjà au lycée ?
Ce CSE voit à l’ordre du jour un nouveau texte sur le contrôle continu au bac après un décret, un arrêté, une note de service, le guide de l’inspection générale et une foire aux questions en l’espace de 4 mois. Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement dit-on.
La simplification de l’examen est bien un leurre mais elle impose aux personnels une protocolisation de leur expertise professionnelle pour la soumettre aux hiérarchies. Elle pèse sur leur activité sans apporter aucune garantie d’équité entre les élèves.
Le premier trimestre s’achève et l’absence de mesure spécifique depuis la rentrée pour tenir compte de deux années perturbées par le Covid se fait sentir : retards sur les apprentissages, lacunes à travailler sans plus attendre, pratiques de l’oral à développer. Cette génération sera-t-elle en mesure d’y réchapper sans dispositif adapté, sans groupe à effectifs réduits, sans aménagement des programmes ?
Le ministre a répondu à cette question et portera la responsabilité des dommages sociaux et éducatifs que rencontreront à court et moyen termes les élèves les plus fragiles. Les analyses fines des évaluations nationales à l’entrée de sixième révélent pourtant combien l’origine sociale pèse sur la réussite des élèves.
Le SNES-FSU vous alerte tout particulièrement sur l’absence d’aménagements de l’épreuve d’ Histoire-Géographie, Géopolitique et Sciences Politiques (HGGSP) prévue en mars. Aucun allègement du périmètre de l’évaluation n’ayant été prévu, il apparaît comme nécessaire d’en adapter les modalités, avec des sujets au choix par exemple. Nos collègues nous disent avancer à marche forcée pour tenir leurs progressions et n’ont en outre aucune visibilité sur le type de sujets qui peuvent être donnés.