Écrit de l’EAF, un parcours de correction semé d’embûches

Cette session du baccalauréat a vu la mise en place de la correction de copies dites « dématérialisées » par l’intermédiaire du logiciel Santorin. Ce logiciel, présenté comme un « système d’aide à la correction », fut à coup sûr une aberration écologique mais aussi la source de sérieux et nombreux dysfonctionnements et d’un alourdissement de la charge de travail des correcteurs.

L’accès aux copies numérisées a en effet été retardé dans les académies de Lille et de Bordeaux, par exemple, et même bloqué plusieurs jours dans l’académie de Reims ! Ces retards ont eu un fort impact sur les professeurs, nombreux à être aussi convoqués pour faire passer les oraux : ils ont dû assumer deux lourdes tâches simultanément.

Plusieurs sections académiques du SNES-FSU ont dû intervenir auprès des services de l’État chargés de l’organisation des examens pour obtenir des délais de correction plus raisonnables, la date de remise des copies étant, dans certaines académies, initialement fixée au 30 juin, soit une journée et demie ouvrable pour corriger une soixantaine de copies !

Impossible de dénombrer toutes les copies numérisées illisibles, incomplètes ou ne respectant pas l’ordre de pagination, auxquelles les correcteurs ont été confrontés. De plus, le tri des copies, selon les sujets choisis, devait se faire au prix de multiples manipulations bien plus chronophages qu’un classement manuel de copies papier. Mais surtout, Santorin est apparu comme un système permettant de surveiller l’avancée des corrections et d’augmenter insidieusement le nombre de copies à corriger… Tout le monde aura remarqué que, sur les convocations, le nombre de copies à corriger n’était plus indiqué, si bien qu’il a été possible d’ajouter des copies au lot affecté au départ à chaque examinateur, sans même le prévenir.

Oral de l’EAF, une désorganisation sans nom

Les problèmes concernant la correction de l’écrit de l’EAF se sont doublés de problèmes majeurs, multiformes et ahurissants pour ce qui est de l’oral.

On ne comptait plus les convocations de la veille pour le lendemain, voire rétroactives, ni les absences de planning des candidats en amont, ni les récapitulatifs tronqués, incomplets, sans textes associés… Nombre de coordonnateurs ont été obligés de se partager sur plusieurs centres d’examen, ont été réquisitionnés pour le Grand Oral ou pour remplacer au pied levé des examinateurs absents.

Beaucoup de collègues, et notamment ceux de l’académie de Bordeaux à la suite d’un grave dysfonctionnement informatique, se sont trouvés submergés par la quantité de récapitulatifs différents qu’ils ont eus à gérer, et donc par la masse de textes et d’œuvres à maîtriser. Impossible, dans ce cas, de préparer sereinement les examens oraux, d’autant qu’il fallait, cette année, prévoir un double sujet pour offrir un choix au candidat.

Oui, les épreuves se sont tenues, mais à quel prix ?

Pour ne pas pénaliser les candidats qui n’étaient en rien responsables de cette situation, on a fait comme si les sujets de contraction-essai proposés aux séries technologiques étaient compréhensibles et réalisables par des élèves de Première.

On a parfois évalué, à l’oral, des présentations de lectures cursives sans connaître suffisamment, voire sans connaître du tout, l’œuvre en question, dénaturant ainsi cette épreuve qui doit pourtant être fondée sur un dialogue constructif et informé avec le candidat.

On a puisé les dernières forces de professeurs déjà bien éprouvés par une année tumultueuse où ils ont dû une nouvelle fois naviguer à vue et souvent seuls.

On a mis des fonctionnaires consciencieux dans l’impossibilité de faire correctement leur travail, faisant fi des répercussions sur leur bien-être au travail, et même sur leur santé.

Il est temps que cesse ce décalage entre le discours ministériel qui présente l’EAF comme une épreuve si importante qu’on ne peut l’annuler même dans un contexte difficile, et le chaos, le bricolage, la mascarade dans lesquels les services de l’État acceptent qu’elle se déroule.

Le SNES-FSU demande que ses objections et ses propositions sur les programmes de Lettres en Première et sur les épreuves d’examen de l’EAF soient prises en compte, car si la conjoncture sanitaire a aggravé la situation, il est évident que c’est la réforme en elle-même qui porte en germe les problèmes rencontrés lors de cette session.

Le SNES-FSU demande également que les DEC et SIEC soient pourvus de moyens suffisants en personnel, en outils informatiques et en temps pour procéder à une organisation acceptable par tous et pour tous, de toutes les épreuves du baccalauréat.


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