Mise à jour 16 mai

Le bilan après les deux premières semaines de mai est édifiant : après les livraisons en retard, aussi bien pour les personnels que pour les élèves, la cacophonie continue !

  • les notices erronées, déjà pointées par le Snes-FSU dès le début de la campagne (cf bas de page), concernent 43 % des tests commandés (chiffres du ministère de l’Education nationale). Un correctif a été envoyé sur les boites mail professionnelles des agents le 11 mai.
  • face à la pénurie d’autotests pour les personnels, ici on organise des sondages en ligne pour savoir qui veut des autotests dans l’immédiat, là on fait des listes de personnels prioritaires….encore une fois grande débrouille et système D.
  • pour les élèves, rares sont les établissements où les opérations de tests sont programmées : autotests toujours manquants, problème de conditionnement…pendant ce temps, les semaines filent et la fin de l’année approche. Au risque d’un énorme gâchis ? (rappelons que près 60 millions d’autotests ont été commandés par l’Éducation nationale)

Le 10 mai, le ministère de l’Education affirmait « ne pas disposer de chiffre concernant les autotests arrivés dans les établissements » (source : Pourquoi la mise en place des autotests dans les lycées vire au « crash test » selon certains syndicats – 20 mn). Sera-t-il aussi difficile d’obtenir les chiffres des livraisons d’autotests que les autres chiffres de l’épidémie en milieu scolaire ?

Les consignes sont également contradictoires entre les académies : dans une fiche émanant de l’académie de Rennes, il est précisé que les élèves ne doivent pas réaliser les autotests à domicile, soit l’inverse de ce qui est écrit dans une fiche de l’académie de Versailles élément qui, par ailleurs, a été confirmé par le Ministre dans une de ses interventions médiatiques.

Académie de Rennes
Académie de Versailles

Les annonces de Jean-Michel Blanquer

Depuis plusieurs semaines, le ministre de l’Education nationale vante la mise en place d’une politique massive de tests grâce au déploiement des autotests pour les personnels des collèges et des lycées et pour les lycéens. Entre deux idées farfelues (réalisation des autotests en TP de SVT ou mise en œuvre de propositions d’activités pédagogiques surprenantes), le ministère de l’Éducation nationale annonce la couleur : près de 60 millions d’autotests commandés, un calendrier précis, avec une première vague de déploiement la semaine du 3 mai pour les personnels, et une deuxième pour les élèves le 10 mai.

La semaine suivante, c’est-à-dire le 3 mai, vous aurez les autotests pour les adultes, donc les professeurs par exemple qui travaillent en lycée auront ces autotests et pourront les faire à la maison, vous aurez aussi des tutoriels, dès maintenant, qui expliquent comment cela fonctionne, donc les lycéens seront préparés à cela, et dès la semaine du 10 mai ils pourront le faire dans leur établissement, avec des personnels compétents, et des personnels volontaires, pour les accompagner dans la réalisation de l’autotest.

France Info, le 23 avril

Les autotests manquent à l’appel

Le Snes-FSU a fait un bilan le 7 mai sur la base de son réseau de sections syndicales académiques, départementales et locales, tout en recueillant des témoignages de collègues.

Les autotests ne sont pas arrivés partout !

Problème de livraison, de conditionnement qui conduit à ne pas distribuer les lots arrivés…bon nombre de collègues n’ont toujours pas reçu leurs autotests le 7 mai au soir. Rappelons que Jean-Michel Blanquer assurait que les personnels disposeraient des autotests la semaine du 3 mai.

Lycée, Deux-Sèvres. Aucun autotest n’est arrivé. Aucun dépistage n’a commencé.

7 mai, témoignage envoyé au Snes-FSU

Non, aucun autotest signalé dans mon lycée. Aucune information sur la semaine prochaine. (lycée Bourges)

7 mai, témoignage envoyé au Snes-FSU

Quand ils arrivent, il n’y en a pas pour tout le monde !

Mauvaise surprise : quand les autotests sont livrés, il n’y en a pas suffisamment. Les lots ne correspondent pas au nombre total d’enseignants mais surtout, dans la très grande majorité des situations qui nous sont remontées : les AED, AESH, CPE n’ont pas été comptés dans les premières livraisons. Inacceptable : ces personnels sont aussi au contact direct des élèves, par exemple, les AED côtoient les élèves non masqués à la cantine !

7 mai, appel à témoignage du Snes-FSU sur notre page Facebook

55 boîtes de 10 autotests reçues à destination des profs et AESH sauf que nous sommes ~70. Rien pour AEDs, CPE, infirmière, assistante sociale, psy-en, agents d’entretien et personnels d’admin & de direction. En gros, la dotation correspond à la moitié des adultes du collège.

Témoignage envoyé au Snes-FSU


Il semble bien que cela relève de consignes officielles comme le montrent ces courriers des Rectorats. Ainsi dans l’académie de Lyon, un courrier aux chefs d’établissement précise que les autotests pour les personnels de vie scolaire seront livrés les 17 et 18 mai. Même constat dans l’académie de Versailles. Rappelons que dans sa conférence de presse du 22 avril, le premier Ministre, Jean Castex, avait déclaré “Nous avons passé des premières commandes massives – 64 millions d’autotests -” qui “seront proposés à tous les personnels de l’Éducation nationale dès la semaine prochaine [note : semaine du 3 mai] , puis à tous les lycéens à partir de la semaine du 10 mai”

Message du Rectorat de Lyon
Consignes académie de Versailles

Le Snes-FSU dénonce ce traitement différencié : après avoir vanté le déploiement d’une campagne massive de tests, le ministère de l’Education nationale ne serait pas en mesure de fournir tous ses personnels ?

En attendant, c’est la grande débrouille : ici premier arrivé, premier servi, là des critères de priorité annoncés, ailleurs, une répartition au compte-goutte….

Dans mon collège, arrivés hier matin. Chacun.e était invité.e à aller se servir dans un carton à l’intendance. Evidemment à midi, il n’y en avait plus. Je n’ai pas le chiffre exact mais il devait en avoir pour 1/2 des profs. Rien de prévu pour l’instant pour les élèves.

7 mai, témoignage envoyé au Snes-FSU

Seulement 20 boîtes de 10 dans mon lycée arrivées aujourd’hui. Quand j’ai voulu aller chercher les miens à la loge … il n’y en avait plus

7 mai – témoignage envoyé au Snes-FSU

Autotest des élèves en établissements, rétropédalage en vue ?

A la surprise générale, le ministère a annoncé que les lycéens réaliseraient les autotests au lycée. Après avoir envisagé de les faire en classe (?!), le ministre a évoqué des « espaces dédiés ». Très rapidement, les organisations syndicales, dont le Snes-FSU, ont pointé les problèmes pratiques : quels locaux disponibles à l’intérieur des établissements, comment les sécuriser d’un point de vue sanitaire et surtout, quels personnels pour encadrer ces autotests ? Cela ne peut pas être les professeurs, CPE, PsyEN, AED ou AESH, quant aux infirmières scolaires, déjà trop peu nombreuses, il leur est difficile de gérer cette tâche, en plus de ce qui constitue leur quotidien, a fortiori en période de Covid !

Toutes les informations transmises par les collègues montrent qu’à l’heure actuelle très peu de lycées ont reçu les autotests pour les élèves et que les opérations vont commencer plus tardivement que prévu : au mieux le 17 mai, soit une semaine après la date annoncée par Jean-Michel Blanquer.
Et les consignes qui émanent des Rectorats montrent un début de rétropédalage, porte déjà entrouverte par le ministre il y a quelques jours : la possibilité pour les élèves de faire l’autotest chez eux, à l’image du modèle britannique.

Consignes – département de l’académie de Versailles

Mais la fin de l’année approche en lycée : entre organisation hybride, jours fériés et conseils de classe qui commencent à la fin du mois de mai, le retard accumulé dans l’organisation des autotests jusqu’ici sera-t-il rattrapé ? Permettra-t-il d’écouler le stocks d’autotests commandés ou va-t-on au devant d’un nouveau gâchis ?

La position du Snes-FSU

Lors de la réunion sanitaire du 23 mars, le Snes-FSU avait posé un certain nombre de question au ministère afin d’anticiper le déploiement des autotests dans l’Education nationale. Aucune réponse n’avait été apportée.

Le Snes-FSU a toujours insisté sur la nécessité d’avoir des campagnes massives de tests, ce qui suppose de l’anticipation, mais aussi les outils adaptés en terme de diffusion de l’information, de pédagogie du tests, mais surtout les personnels nécessaires. Comment comprendre que le gouvernement ait longtemps vanté la réussite de la stratégie de tests en France (on se souvient des déclarations d’Olivier Véran sur les 4 tests à la seconde en France) mais que l’Education nationale soit autant à la traîne ?
La stratégie « tester, alerter, protéger » ne peut fonctionner que si son premier pilier est opérationnel.


Aujourd’hui, le ministère doit accélérer le déploiement des autotests pour tous les personnels et les élèves. Des chiffres fiables sur les opérations en cours doivent aussi être communiqués (le ministère refuse toujours de données un tableau de bord hebdomadaire complet en open data alors même qu’il ouvre toute une série de données au grand public dans les prochains mois). Des consignes claires doivent être données pour la réalisation des autotests pour les élèves afin d’aller au plus simple et au plus efficace.

Retrouvez de nombreux témoignages sur nos comptes réseaux sociaux


Bonus “ça n’arrive que dans l’Education nationale” (?)

Dans certains lots, des collègues ont constaté que la notice d’utilisation était erronée….et dans d’autres, elle est uniquement en anglais, certainement pour un sujet de grand oral SVT-anglais….


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