La situation sanitaire se dégrade comme l’a rappelé Jean Castex jeudi dernier dans sa conférence de presse, 20 départements sont sous surveillance renforcée, plusieurs zones géographiques ont été mises sous confinement le week-end…les questions relatives à la situation dans le second degré étaient donc nombreuses pour cette nouvelle réunion sanitaire (prévention, protection, vaccination) et encore une fois, bien peu de réponses ont été apportées. Gouverner, c’est prévoir ?

Tests : toujours un échec dans les collèges et les lycées

On ne change pas une stratégie qui perd

Des précisions ont été apportées sur le déploiement de tests salivaires dans le premier degré. Tout en reconnaissant que les tests naso-pharyngées sont peu acceptés par les élèves (15% d’acceptabilité contre 70% sur les premiers retours des tests salivaires), rien ne change pour les collèges et les lycées qui ne sont pas concernés par les tests salivaires. Comment expliquer cette décision ? Il y a pourtant urgence à déployer un dispositif de surveillance et de protection efficace dans les collèges et lycées : le gouvernement ne peut, d’un côté vanter le “tester, tracer, isoler”, puis “tester, alerter, protéger”, sans tester massivement.

De plus, les premiers retours des zones A et C montrent que le déploiement des tests nasopharyngés se fait exactement selon le même modèle qu’avant les vacances (des centres de tests par bassin, sur une journée) soit exactement…ce qui n’a pas fonctionné !

« Elle avait lieu dans un lycée éloigné de mon collège, pendant les heures de cours. Il était donc impossible d’y participer. Une seule journée a été proposée pour l’instant. » Académie de Strasbourg

Tests : les annonces et après ?

La question centrale reste donc toujours sans réponse : pourquoi la France n’est-elle pas capable de déployer une campagne de tests massive associant tous les acteurs ? Manque de tests : le ministre de la Santé se vante pourtant de faire de la France un des pays où on teste le plus ? Absence de stratégie cohérente ? Et pendant que le ministère se targue lors de cette réunion d’être le premier pays qui a une montée en charge des tests salivaires avec une telle ambition”, rappelons que certains de nos voisins (Royaume-Uni, Autriche par exemple) donnent une autre signification à l’expression “campagne de tests massive”.

A quand des chiffres fiables ?

Depuis 10 jours, le gouvernement multiplie les déclarations, les chiffres souvent contredits le lendemain : ainsi en 24 heures, entre le 1er et le 2 mars, des chiffres différents ont été donnés. Il y a urgence à sortir de la communication et proposer une réelle stratégie de tests dans les collèges et les lycées.

Le 4 février, Olivier Véran annonce le déploiement des tests salivaires dans les écoles «au retour des vacances scolaires». «Nous allons multiplier les opérations collectives de dépistage, notamment en direction des établissements scolaires (…), mais également des universités», a-t-il déclaré.

Le 5 février, dans la presse, une source du ministère de l’Education nationale précise sur les collèges et les lycées ne sont pas concernés.

Interrogé par le Snes, le cabinet répond que les collèges et les lycées seront concernés.

Le 11 février, dans un déplacement dans une école, le premier Ministre déclare : « Notre objectif au retour des vacances scolaires et dès que nous aurons tiré tous les enseignements de cette expérimentation, c’est de pouvoir réaliser de l’ordre de 200.000, sans doute davantage, tests par semaine ».

Le 16 février, interrogé par le Snes-FSU lors du point sanitaire, le ministère précise que le chiffre de 200 000 tests par semaine est un chiffre global et qu’on ne sait pas encore quel sera le nombre de tests dédiés à l’Education nationale.

Le 20 février, sur une chaine d’info en continu, le ministre de l’Education nationale donne un chiffre pour la rentrée qui a lieu 36 heures plus tard. « On réalisera la semaine prochaine entre 50.000 et 80.000″ tests salivaires dans les écoles primaires »

Le 25 février, le Premier ministre annonce 300 000 tests salivaires par semaine pour l’Education nationale

Le 26 février, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, annonce un objectif de quelques centaines de milliers de tests à la mi-mars.

Le 1er mars, Jean-Michel Blanquer annonçait que 50 000 tests salivaires avaient été réalisés la semaine de la rentrée de la zone A.

Le 2 mars, Jean-Michel Blanquer annonçait que moins de 10 000 tests salivaires avaient été réalisés la semaine de la rentrée de la zone A

Le 2 mars, lors de la réunion sanitaire, le cabinet du ministre annonçait que 3000 tests salivaires avaient été réalisés la semaine de la rentrée de la zone A.

Encore un crash test (Snes-FSU)

Des chiffres fiables doivent être donnés chaque semaine, le Snes-FSU a de nouveau demandé que des données complètes sur les cas de Covid (y compris les variants), les tests (types et résultats), le nombre de classes et d’établissements fermés soient communiqués en open data, toutes les semaines.

A suivre : dans chaque académie, un panel représentatif d’établissements va être choisi pour être testé à intervalles réguliers.

Le cabinet du ministre annonce également que l’auto-prélèvement est à l’étude, en attente d’une décision de la Haute Autorité de Santé.

Vaccination : aucune réponse

Le ministre a entretenu le flou sur la question depuis des mois.

Mais le calendrier officiel a toujours placé les personnels de l’Education nationale en début de 3eme phase, fin mars/début avril.

Une fois encore, le Snes-FSU a posé des questions précises sur la campagne de vaccination :

  • Quel calendrier précis ? Fin mars, c’est dans 3 semaines.
  • Quel ordre de priorité ?
  • Quelle logistique : la vaccination se fera-t-elle chez le médecin généraliste ?
  • Quel vaccin ?
  • La vaccination a commencé pour les personnels vulnérables de plus de 50 ans : des collègues sont concernés, avec parfois des incitations de la part de leurs médecins et des informations différentes données dans les établissements scolaires.
  • D’autres questions restent en suspens : par exemple, quelle position administrative quand les personnels sont amenés à se faire vacciner sur le temps de travail ?

Le cabinet du ministre renvoie le traitement de ces questions à une réunion ultérieure. Ces questions ne sont pas nouvelles, elles doivent être anticipées ! Depuis un an, l’Education nationale souffre d’un manque criant d’anticipation, le dernier exemple en date étant celui de tests salivaires. Visiblement, aucune leçon n’a été tirée pour la suite.

Remplacements : des recrutements à nouveau possible

En novembre, des crédits exceptionnels avaient été dégagés au niveau interministériel pour recruter des AED jusqu’en février, afin de faire face aux besoins en remplacement.

Ces crédits sont reconduits sur la base de novembre dernier pour des contrats de 3 mois et pouvant aller jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Des collègues ont signalé des pressions pour reprendre le travail faute de remplaçants. Ces pressions sont inacceptables, le Snes-FSU l’a signalé à plusieurs reprises. Si vous êtes concernés, ne restez pas isolés, contactez votre section académique.

Anticiper la suite et avoir une politique globale de prévention et de protection

Face à la dégradation de la situation sanitaire, des annonces renforçant les mesures de protection générale pourraient être faites par le gouvernement jeudi soir. Elles appellent de nouvelles questions pour l’Education nationale : quel statut pour les établissements ouverts le samedi en cas de confinement le week-end ? Quelles nouvelles mesures de protections dans un contexte sanitaire dégradé : passage en demi groupes plus systématique ? Aération des salles : la diffusion par aérosol est reconnue par toutes et tous, mais c’est sur la base d’initiatives individuelles que les établissements scolaires s’équipent en capteurs de CO2 ! Comment comprendre que, dans le contexte actuel, les personnels ne soient pas systématiquement cas contacts en cas de variant sud africain ou brésilien dans une de leurs classes ?

Le Snes-FSU a une nouvelle fois demandé que les différentes hypothèses soient mises sur la table et discutées afin d’être anticipées. Aucune réponse n’a été donnée. La FSU a demandé qu’en cas d’annonces impactant l’Education nationale jeudi soir, un nouveau point sanitaire soit organisé vendredi.


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