Cette rentrée ne pouvait pas être normale, tant d’un point de vue sanitaire que pédagogique. Sur le terrain, dès les premiers jours, les effets des défaillances ministérielles sont apparus au grand jour. La rentrée s’est faite grâce à l’investissement des équipes ; l’année a commencé, mais dans quelles conditions ?
On est prêt ?
« Nous sommes préparés à tout ! », clamait le ministre de l’Éducation nationale en une d’un quotidien national la veille de la prérentrée. Mais qui est donc ce « nous » ? Certainement pas un ministre resté muet jusqu’au 20 août sur les conditions de rentrée et qui a ensuite une nouvelle fois enchaîné les prises de paroles confuses et contradictoires. Comme un symbole de cette légèreté, plusieurs ministres ont été obligés de reconnaître, début septembre, que les dispositifs de garde d’enfants mis à l’isolement ou malades de la Covid-19 étaient à l’étude : le gouvernement reconnaît donc que rien n’est prêt pour faire face à une situation pourtant largement prévisible !
Pipeau et cacophonie
Les jours et les semaines passent : les premiers cas de Covid-19, inévitables, sont découverts et gérés dans la plus grande cacophonie. La faute à des consignes peu claires et changeantes. Qui est cas contact ? Qui est cas contact à risque ? Qui est mis à l’isolement ? Autant de questions auxquelles de multiples réponses sont apportées. Les élèves et les personnels subissent aussi les conséquences de la gestion catastrophique de la politique de tests par le gouvernement : les files d’attentes s’allongent, avec des dommages collatéraux puisque de nombreux élèves et personnels se retrouvent dans des situations inextricables. Ici ou là, certaines hiérarchies intermédiaires refusent de donner le nombre de cas dans un établissement, cultivant une forme d’omerta. Comme si, une nouvelle fois, il ne fallait pas faire de vagues…
Cette rentrée est hors-norme et ses conséquences étaient prévisibles. Le SNES-FSU l’a dit et répété : personne ne peut sortir indemne de deux à trois mois d’école à distance. Des aménagements de programmes sont nécessaires pour éviter que des élèves ne se trouvent en grande difficulté dès la rentrée. Il faut prendre le temps de reconstruire les conditions indispensables pour des apprentissages solides, plutôt que de se lancer dans une course folle pour boucler des programmes lourds et élitistes. Les premiers retours confirment les difficultés des élèves. Quand le ministre va-t-il enfin entendre raison ?
Face à la gravité de la situation, le SNES-FSU a interpellé directement le président de la République, dans une lettre ouverte publiée dans la presse, et réactive tous les outils de la continuité syndicale pour aider et défendre au mieux les collègues. Sur le terrain, les militants des sections académiques et départementales sont plus que jamais mobilisés aux côtés de la profession. Rentrée « normale » ou pas : l’action syndicale continue avec le SNES-FSU.