Monsieur le Président de la République,
Depuis 10 jours, les élèves et les personnels du second degré ont repris le chemin de l’école. Depuis 10 jours, chacun a retrouvé avec plaisir ses collègues ses camarades de classe . Depuis 10 jours, 23 établissements et 193 classes ont fermé pour cause de cas avérés ou suspectés de Covid191. Depuis 10 jours, le nombre de contaminations augmente de manière exponentielle dans tout le pays.
Non, cette rentrée dans nos collèges et nos lycées n’est pas normale. Elle ne pouvait pas l’être. Pas après des mois de confinement qui ont laissé des traces chez les élèves. Pas alors que le virus circule de nouveau activement et que les indicateurs sanitaires, un par un, passent du vert à l’orange et parfois au rouge. Dans ce contexte sanitaire extraordinaire, les personnels et leurs représentants ont appelé pendant des semaines à une préparation à la hauteur de la difficulté, pour éviter à tout prix des fermetures d’établissements, assurer une scolarité la plus normale possible à tous les jeunes tout en préservant la santé de la communauté éducative dans son ensemble. Il aurait fallu une organisation et des moyens, des idées, du dialogue…tout ce que nous avons proposé pour une rentrée en temps et en heure et qui dure. Tout ce que le Ministre de l’Education nationale n’a pas daigné entendre.
Nos établissements tournent encore, grâce à la conscience professionnelle des personnels, mais à quel prix et pour combien de temps ? La confusion règne quant au recensement du nombre de cas de Covid19, aux décisions à prendre en présence d’un cas avéré…. Nous ne nous satisfaisons pas d’un tel fonctionnement du service public d’Education, ce n’est pas le sens que nous donnons à notre engagement au quotidien.
Nous payons le prix de l’impréparation. Les mesures prises dans l’éducation sont plus légères que celles imposées aux entreprises ou lieux accueillant du public, alors que des millions d’élèves fréquentent nos établissements
D’autres pays ont choisi d’aménager les classes, les horaires, les groupes, avec des recrutements…et de prendre les dispositions les plus pertinentes, rassurer la communauté éducative en tenant compte de la réalité des établissements et des pratiques professionnelles. Il est encore temps d’engager le dialogue que votre ministre nous a refusé, s’enfermant dans un déni de réalité. C’est le sens de notre appel, Monsieur le Président. Face à la crise du Covid, vous réunissez ce vendredi un conseil de défense. Défendez l’école, en prenant les décisions nécessaires :
- une transparence totale sur la situation sanitaire dans les établissements dès le premier cas
- une clarification des procédures et des règles à suivre en cas de contamination
- un dialogue urgent sur des mesures permettant de limiter la propagation du virus (aération, limitation des groupes, horaires adaptés, réquisition de locaux, recrutements extraordinaires, gestion des cantines, …)
Au-delà de l’urgence sanitaire, nous sommes face à un défi pédagogique inédit. Il ne doit pas y avoir de génération perdue. Cela implique de traiter rapidement la question des moyens, des programmes, des réformes, de l’équipement.
Monsieur le Président, nous l’avons dit et répété : tout doit être fait pour éviter des fermetures d’établissements. Les indicateurs quotidiens montrent que nous n’en prenons pas le chemin. Au-delà des enjeux immédiats liés à cette année scolaire, des annonces ont été faites, par exemple sur les salaires. Elles ne correspondent pas aux attentes des personnels. Il vous revient de répondre à l’urgence de la situation et d’engager des discussions pour l’avenir du secondaire.