Toujours des classes surchargées

La hausse des effectifs se poursuit en collège. Ainsi 38 400 élèves supplémentaires sont arrivés en collège à la rentrée 2019 dont 10 800 pour la seule Sixième. Et 19 400 sont encore attendus pour 2020. Or les moyens sont insuffisants pour compenser cette hausse. Ainsi 440 suppressions d’emplois d’enseignants sont prévues en 2020 portant à 6 290 les suppressions sur 2018-2019-2020, pendant que les effectifs d’élèves auront augmenté de 99 300 élèves dans le second degré, pour une grande partie en collège.

Les conséquences sont prévisibles : des classes surchargées, l’abandon de groupes à effectifs réduits, et d’enseignements facultatifs ou bien leur subsistance avec des horaires tronqués puisqu’ils ne sont définis que par des horaires plafond dans l’arrêté modificatif du 16 juin 2017… quitte à devenir des enseignements facultatifs de façade. Cette autonomie qui n’est plus qu’une gestion de la pénurie renforce la concurrence entre les disciplines et les personnels tout en creusant les inégalités entre les établissements et les territoires.

Options non financées

Aucun texte réglementaire n’assure un financement fléché aux différentes options ou enseignement au collège attisant la concurrence et les dissensions en salle des professeurs. L’utilisation de la marge est devenue la seule possibilité.

Or depuis la réforme, le ministère n’a cessé de rajouter de nouvelles obligations dont la dernière en date, l’accompagnement à l’orientation risque d’être particulièrement contraignante si des chefs d’établissement souhaitent appliquer au pied de la lettre le vademecum qui accompagne le décret, bien que ce document n’ait aucune valeur réglementaire.

Évaluation complexifiée

Les nouvelles modalités de l’évaluation accompagnant la réforme du collège (LSUN, bilan de cycle et périodique, DNB) continuent d’être décriées par les enseignants en collège car elles alourdissent la charge de travail, sont déconnectées des réels acquis des élèves et permettent l’ingérence des chefs d’établissement sur une mission qui ne les concerne pas. Pourtant, le ministère n’entend toujours pas les remettre à plat.

En 2018, le ministère a procédé à des ajustements à la marge à la fois sur le barème qui a été rééquilibré en faveur des épreuves terminales écrites mais en créant une hiérarchie entre elles car elles n’ont plus toutes la même valeur. La profession ne peut se satisfaire d’aménagements cosmétiques et veut retrouver la lisibilité d’un contrôle continu disciplinaire plutôt que de ce bilan de fin de cycle, sujet à pression et à interprétation.

En 2019, la session a été marquée par la mascarade de l’épreuve de mathématiques où dans certaines académies les élèves ont été notés sur 133.

L’épreuve orale demeure toujours aussi problématique dans sa définition, son poids et ses conditions d’organisation.

Programmes cyclés et soclés : un problème

Écrits à la hâte pour la réforme sans la cohérence horizontale promise, les programmes de collège sont problématiques dans nombre de disciplines, notamment par manque de repères annuels puisqu’ils couvrent désormais tout un cycle. Depuis des aménagements ont été proposés en français, mathématiques et EMC consistant à réintroduire des repères chronologiques. Ces modifications sont de qualité très inégale. Ainsi, les collègues cherchent toujours les fameux repères dans le programme modifié.

Cette année le Conseil supérieur des programmes (CSP) a été saisi pour que le développement durable soit mis en valeur dans certains programmes comme en sciences-physiques, SVT, histoire-géographie…

Stopper l’inclusion généralisée des Sixièmes SEGPA

Alors que la circulaire SEGPA conservait la structure et l’existence des classes de sixième, grâce à l’action du SNES-FSU, certaines académies dont celle de Lille ont mis en œuvre une inclusion généralisée des élèves de Sixième SEGPA dans les classes ordinaires.

La systématisation de l’inclusion cause des souffrances : pour les élèves qui ne retrouvent pas un cadre sécurisant dont ils ont besoin pour progresser, pour les personnels PE qui ne connaissent plus leurs élèves éparpillés dans les classes et ne peuvent plus mesurer leurs difficultés, pour les enseignants du second degré qui ne sont pas formés à l’enseignement adapté et reçoivent les élèves sans savoir comment les aider.


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