Le rapport
L’inspection générale se positionne d’emblée comme très favorable au développement de Devoirs faits et présente les établissements qui se contentent d’utiliser ce dispositif pour que les élèves fassent leurs devoirs comme les “moins avancés”. Elle déclare qu’élèves, professeurs et parents l’apprécient unanimement. L’investissement en temps de concertation des collègues n’est alors pas financé. En REP+, les chefs d’établissement considèrent, à tort, qu’il s’agit d’une contrepartie de la pondération.
Elle reconnaît que le surinvestissement (notamment en dotation) dans ce dispositif au détriment des autres est problématique. Toutefois, elle préconise d’en faire une priorité dans les collèges et un outil de différenciation, tout en y incluant les parents afin d’éviter leur déresponsabilisation.
Dans certains collèges, la volonté de dépasser le dispositif initial pour en faire une sorte de module de méthodologie est forte.
L’inspection générale considère le conseil pédagogique comme l’organe de pilotage du dispositif et insiste sur le rôle croissant des « coordinateurs » dont les fonctions varient de l’organisation jusqu’au pilotage éducatif et parfois pédagogique. Elle recommande d’inclure « Devoirs faits » dans le projet d’établissement. Ce dispositif est également vu comme un moyen de questionner les enseignants par rapport à leurs pratiques et à celles de leurs collègues.
Si une réflexion sur les pratiques est intéressante, elle ne doit pas faire le lit de nouvelles injonctions ni empiéter sur la liberté pédagogique.
L’avis du SNES-FSU
Le conseil pédagogique n’est pas décisionnaire en la matière. Par ailleurs, les sciences de l’éducation ont montré que le bénéfice de l’aide aux devoirs n’est pas prouvé pour les élèves les plus défavorisés(2) qui en outre ne se portent pas majoritairement volontaires.
Pour le SNES-FSU, l’aide aux élèves doit se faire avant tout, dans la classe, par les enseignants. Cela nécessite des effectifs raisonnables ( 24 élèves par classe en collège, 20 en éducation prioritaire), ainsi que des moyens permettant d’organiser dans toutes les disciplines du travail en groupes à effectif réduit. Si des heures d’aide doivent être prévues, au delà des heures dans les disciplines, alors elles doivent concerner tous les niveaux et être encadrées par des enseignants sur leur temps de service. En REP+, la pondération ne saurait en faire office.
Les déductions d’impôts consenties par l’État aux familles faisant appel aux officines privées doivent être supprimées, et ces moyens rendus à l’Éducation nationale au bénéfice du plus grand nombre.
Pour aller plus loin
Nous vous proposons 3 entrées :
– Une intervention de Julien Netter, du groupe ESCOL (Éducation et scolarisation, Université Paris 8) qui enseigne à l’ ESPE, de Créteil pour la FSU le 19 septembre 2017.
– Une note de lecture : « Le travail des élèves à la maison : une analyse didactique en termes de milieu pour l’étude ».
– Une lecture critique de la mise en place du dispositif Devoirs faits : analyse du vade-mecum.
Rapport de Carole Sève IG EN et Nicole Ménager IG administration de l’EN et de la recherche