Chacun en convient, le compromis de 2003 ( programme Fichant) a vécu. La double exigence de préserver la liberté philosophique des enseignants et de limiter l’indétermination des programmes (dans leur rapport aux sujets d’examen) n’est plus compatible – mais l’a-t-elle jamais été…- avec les programmes actuels. A chaque nouvelle cession du baccalauréat, on constate un peu plus que le programme Fichant permet à peu près tous les sujets, alors que les “champs” du programme (délimitant des axes de réflexion tels “la morale”, “la politique”, etc.) interférent librement avec l’ensemble des autres notions (“le bonheur”, “la justice”, etc.), dont les couplages (“le travail et la technique”, etc.) sont définitivement sans effet sur les sujets d’examen.

La fabrique des nouveaux programmes aura connu deux tentatives diamétralement opposées pour lever ces ambiguïtés. Le projet du groupe d’experts (mars-avril) aura eu le mérite de distinguer les champs organisant le programme, des notions qui le constituent, alors que le projet du CSP (mai) supprimait purement et simplement les champs et les couplages entre les notions pour revenir à une liste alphabétique de 21 notions pour la voie générale et 7 pour la voie technologique.

Entre-temps, les associations professionnelles ainsi que les organisations syndicales (dont le SNES-FSU) réclamaient à cor et à cri une authentique consultation , alors que le calendrier le permettait (et le permet encore…). En guise de réponse, nous aurons eu droit à une 1ere consultation (mars) sur un programme mort-né et une 2de consultation électronique (juin) aussi peu suivie qu’opaque , dont les conclusions ne seront pas communiquées… De son côté, le SNES organisait une consultation dans l’urgence, dont on trouvera ici les conclusions.

Après le huis clos du groupe d’experts et le coup de théâtre du CSP, nous voilà devant un 3e programme , dont on ne connaît ni les auteurs, ni la méthode, mais qui aura été “livré” en moins de 15 jours à l’issue de la consultation électronique, pour être soumis au vote du CSE avant le 12 juillet et ce, en toute discrétion (les associations professionnelles n’ayant pas eu l’information…) alors que les projecteurs de l’actualité sont tournés vers la grève des correcteurs du baccalauréat.

Nous voilà donc devant un programme hybride dans ses intentions, qui cherche dans l’urgence mais sans succès, à garantir la liberté philosophique des enseignants (d’où un programme alphabétique de notions p.6) et à limiter l’indétermination des programmes (d’où les 3 nouvelles “perspectives” p.5). Mais faute de croiser explicitement ces 2 aspects potentiellement contradictoires, la tentative sera vaine, comme le concède les exemples donnés en page 5 (à propos de l’art en particulier, notion susceptible d’interagir à peu près avec tous les autres éléments du programme…). Le SNES-FSU continue à penser que ces 2 objectifs sont conciliables, dès lors qu’on accepte le principe d’une organisation du programme en champs ou domaines assignant aux notions, sinon une stricte “exclusivité”, du moins une “priorité de traitement” – ce qu’exclut explicitement le nouveau texte (p.6).

Quant aux épreuves, elles restent conçues sur le même modèle dans les deux voies (générale et technologique), sans autre horizon que la dissertation et l’explication de texte, ce qui n’est pas sans poser de problèmes (et ce, excusez du peu, depuis quelques décennies…) pour la voie technologique.

Bref, l’heure est à réclamer un moratoire et à ouvrir une authentique consultation d’ici la fin de l’année civile. Si la stratégie ministérielle est clairement de se débarrasser avant l’été d’un nouveau contentieux avec les professeurs de philosophie, rien côté calendrier de la réforme, n’oblige à une telle précipitation ! Gageons que les calculs politiciens cèderont devant ce que le bon sens prescrit, eu égard à l’intérêt des élèves et à l’avenir de l’enseignement de la philosophie…

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