– Les filières ont disparu sur le papier, mais la filière S subsiste dans les faits pour plus de 50% des élèves. A la hiérarchie des filières fait place une hiérarchie des « spécialités » que les élèves choisissent selon leurs résultats.
– Les inégalités entre filles et garçons repartent à la hausse : alors que l’écart d’accès filles/garçons dans la série L était de 10 points en 2017, l’écart sur la spécialité « Humanités, littérature et philosophie » atteindra les 18 points.
Sur les mathématiques, alors que l’écart sur la série S était de 8 points en 2017, la spécialité mathématiques en 2019 est choisie par 70% des garçons contre 57% des filles.
– Les mathématiques pour tous, c’est fini : aujourd’hui, près de 90% des élèves de Première et Terminale générale suivent un enseignement de mathématiques or, avec la réforme, seulement 65,7% des élèves choisissent la spécialité mathématiques.
La réforme revient en fait à rendre la nouvelle filière S plus sélective.
La “liberté de choix” est donc un leurre et les déterminismes sociaux, de genre et de niveau ne sont pas remis en cause.
– Le discours sur la possibilité de choisir des spécialités dans d’autres établissements est sans fondement : sans surprise, les choix de spécialités des élèves sont massivement guidés par leur présence dans l’établissement. Les premiers de cordée seront les seuls à tirer leur épingle du jeu de ce lycée où le devenir scolaire des élèves sera décidé dès la Seconde. Choisir à la carte plutôt qu’auparavant un menu est plus facile quand on en a socialement les moyens…
Mieux informés, plus conscients des enjeux sociaux, les élèves issus de familles socialement favorisées choisiront massivement les disciplines sur lesquelles porte la sélection. Les autres, en toute liberté, seront responsables de leur choix, par défaut, qui les amènera à des poursuites d’études plus courtes et moins valorisées.
Les faits sont têtus. La mise en place précipitée d’une réforme complexe et mal pensée ne peut que renforcer les inégalités. Le SNES-FSU continue de demander que le ministre renonce à sa réforme. Dans l’urgence, il doit annoncer un moratoire pour la rentrée 2019.
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