A la différence de la voie technologique, la durée d’épreuve choisie par le Ministère, deux heures, ne permettrait pas de maintenir tels quels les deux exercices actuels du baccalauréat général : composition d’histoire ou de géographie puis analyse critique de document (histoire ou géographie) ou croquis de géographie.
Rappelons que J.-M. Blanquer a choisi de supprimer les épreuves terminales pour la plupart des enseignements (tous ceux du tronc commun, dont fait partie l’histoire-géographie). Le Ministère justifie ce choix par une prétendue simplification du baccalauréat, et une meilleure prise en compte du travail des élèves dans la durée. Ce choix ne peut qu’avoir des conséquences profondes sur les attendus en histoire-géographie, sur la nature des exercices travaillés en classe : on ne peut évaluer de la même manière lors d’une épreuve terminale nationale préparée progressivement pendant les deux années du cycle terminal, et lors d’évaluations ponctuelles en cours de formation, dont la première aura lieu dès le mois de janvier de l’année de première. La situation des élèves de seconde de cette année scolaire 2018-2019 est pire encore, car les enseignant·es, tenu·es dans l’ignorance de la nouvelle évaluation prévue par la réforme, n’ont pas pu commencer à les préparer.
Selon divers échos, il aurait été décidé de remplacer la composition par une réponse à une question qui permettrait tout de même d’évaluer les capacités d’analyse, la maîtrise des connaissances, et la capacité à organiser des idées en fonction d’une problématique. L’analyse de document(s) resterait proche de son format actuel, un exercice qui est unanimement jugé très difficile pour les élèves (quoique intéressant). Alors que les lycées voient disparaître quasiment tous les dédoublements dans le tronc commun, dans un contexte de restriction budgétaire, apprendre à analyser un document d’histoire ou de géographie demande du temps…
Le croquis serait modifié également, il s’agirait de le réaliser à partir d’un texte descriptif (ce qui pose question quant à la possibilité d’adapter l’exercice pour les candidat·es porteurs d’un handicap, en particulier visuel). Une certaine progressivité des attendus aurait tout de même été prévue par le Ministère, avec un guidage des exercices pour les deux E3C de première, qui disparaîtrait en terminale.
Dans les épreuves actuelles du baccalauréat, la composition est devenue, du fait de l’architecture des programmes, et au grand regret des enseignant·es, une récitation de cours. Tous les sujets en sont connus à l’avance, ce qui ne diminue en rien le mérite des élèves capables de les traiter, car cela suppose de maîtriser des programmes longs et complexes. Le Snes-FSU avait fait des propositions pour faire évoluer cet exercice, ainsi que celui du croquis, dans le cadre d’épreuves terminales nationales, et de programmes renouvelés. Mais la logique du lycée Blanquer et du bac Blanquer l’a emporté sur ces enjeux : évaluation permanente pesant sur le temps consacré à l’acquisition des connaissances et des méthodes, confusion entre évaluation formative et certificative avec le contrôle continu, manque de temps pour faire acquérir savoirs et méthodes, avec des programmes indigestes, des horaires atrophiés, des classes à 35 élèves sans dédoublement.
La composition serait maintenue pour les élèves ayant choisi la spécialité « Histoire-géographie, géopolitique, sciences politiques ». Selon un projet de note de service que le Snes-FSU a mis en ligne, l’épreuve de première pour les élèves qui ne poursuivent pas cet enseignement en terminale serait une composition de deux heures. Cet enseignement ne faisant pas partie du tronc commun, la disparition de l’exercice de composition d’histoire ou de géographie de la formation de l’ensemble des élèves de la voie générale ne manquerait pas de marquer les esprits. La faute en incombe aux réformes du lycée et du baccalauréat, qui tiennent pour quantité négligeable les priorités pédagogiques.