Comment les réformes de l’enseignement et de la formation professionnelle rompent avec un demi-siècle d’ambition.

Co-intervention, chef-d’œuvre, consolidation, accompagnement personnalisé, préparations à l’orientation, à l’insertion ou à la poursuite d’études tels sont quelques-uns des dispositifs qui revaloriseraient, selon le ministre, les formations professionnelles des lycées. Dans ces lycées professionnels on développerait l’apprentissage, on créerait des sections de technicien supérieur, on leur donnerait le statut de « campus », bref, on ferait tout pour attirer les jeunes, pour renforcer leur possibilité d’insertion professionnelle tout en préservant les opportunités de poursuite d’études.

Le rêve quoi !

Et pourtant, la quasi-totalité des organisations syndicales des lycées professionnels s’opposent à ce projet, elles l’ont exprimé notamment le 12 novembre dans le cadre de la mobilisation intersyndicale pour l’Éducation. Au Conseil supérieur de l’éducation, elles ont obtenu un vote en opposition sur les projets de grilles horaires des bacs pro et du CAP.

Car le projet du gouvernement, en prévoyant des Secondes communes par familles de métiers, en réduisant les horaires d’enseignements notamment pour les disciplines générales, en fusionnant les bacs pro vente et commerce, en supprimant les sections de bac pro Gestion administrative, en développant des dispositifs « pseudo pédagogiques » qui vont mettre les enseignants et leurs élèves en difficulté, poursuit toujours le même objectif : réduire le nombre de postes dans la Fonction publique et en l’occurrence d’enseignants dans les lycées professionnels.
En parallèle, la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel », portée par la ministre du Travail, confie la formation professionnelle aux branches professionnelles – c’est-à-dire au patronat –, exclut les organisations syndicales représentatives dans la Fonction publique – en particulier la FSU – de la définition et de la conception des qualifications et des diplômes professionnels, promeut l’apprentissage jusqu’à 30 ans, reconstruit donc un espace de formation professionnelle pour jeunes et adultes où le service public n’aurait plus de place.
Le grand service public de la formation professionnelle n’est plus qu’une utopie.

Thierry Reygades


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