La réforme et les nouveaux programmes sont officiellement présentés comme la garantie d’une poursuite d’études choisies pour tous les lycéens. Ils enferment pourtant davantage qu’ils ne libèrent.
Dès cette année, le lycéen entrant en Première générale devra choisir ses trois spécialités, non pas en fonction de son niveau scolaire ou de ses goûts, mais en anticipant son projet d’orientation post-bac par rapport à des « attendus » de l’enseignement supérieur, à géométrie variable d’une année sur l’autre et d’un établissement à l’autre. Les conseils de classe de fin de Seconde pourront conseiller certains enseignements en fonction des résultats de l’élève mais en aucun cas les imposer.
Une sélection généralisée par les maths
Et pourtant, notamment en Mathématiques, la marche risque d’être haute pour certains élèves. Alors que la presque totalité des formations supérieures exige un parcours avec Mathématiques, seul un petit nombre d’élèves pourront le suivre compte tenu des exigences très élevées de l’actuel projet de programme de Première. Le pilotage par le Supérieur marginalise de fait les parcours plus littéraires ou les sciences humaines, pour renforcer une conception élitiste des matières scientifiques pensées comme des instruments de tri et non de formation. Dans ce schéma, abandonner les Mathématiques en fin de Seconde limite radicalement les possibilités de poursuite d’études, mais les conserver risque aussi de mettre beaucoup d’élèves en difficulté au vu du niveau requis.
La politique du renoncement
Au fur et à mesure que se découvrent les projets de programmes, on perçoit pour certains d’entre eux une conception élitiste des enseignements, pensés pour eux-mêmes, sans cohérence entre eux et surtout pour la plupart en rupture avec ceux du collège.
Tout cela relève d’un projet politique plus global qui semble présider aux choix du Conseil supérieur des programmes. Quoi de plus efficace en effet que des parcours d’initiés et des programmes fondés sur des implicites pour persuader les moins armés culturellement de quitter un système éducatif qui semble, désormais, réservé aux plus favorisés ?
Pour le SNES-FSU, s’il est nécessaire de construire des programmes ambitieux, il est également nécessaire d’accompagner cette ambition d’une volonté de démocratisation, de les rendre accessibles, ce qui implique notamment des programmes moins chargés et des conditions d’enseignement permettant d’accompagner tous les élèves.
Claire Guéville , Sandrine Charrier