Les ministres de la Culture et de l’Éducation nationale ont lancé un plan en faveur de l’Éducation artistique et culturelle (EAC) le 17 septembre dernier. Un plan « fourre-tout » qui n’a fait l’objet d’aucune concertation.
Que penser de cette demi-heure de français de plus annoncée dès la rentrée 2019 en Troisième consacrée à un enseignement d’éloquence ? Au-delà de la pompeuse appellation et dans le contexte budgétaire annoncé qui verra 2650 postes supprimés dans le second degré, où ces heures seraient-elles trouvées ? Il serait inacceptable qu’elles ponctionnent la maigre marge horaire qui finance déjà dédoublements et options.
Un enseignement intégré d’EAC
Les arts plastiques et l’éducation musicale pourraient à titre expérimental être transformés en enseignement d’EAC en lien avec un « acteur culturel » et sur la base d’un projet. Le risque serait grand d’une fragilisation de ces enseignements et d’une suppression des deux enseignements obligatoires. Alors que les enseignements artistiques sont malmenés par la réforme du lycée, des ateliers de recherche et de création sont annoncés… Qui va les encadrer ? S’agit-il d’un transfert déguisé des enseignements vers des ateliers ?
Des CDI aux 3C ?
Les CDI « qui le souhaitent » pourraient évoluer vers des « Centres de connaissances et de culture », formulation qui fait débat dans la profession, avec le risque de transformer le métier de professeur documentaliste en celui de bibliothécaire. Au-delà des problèmes de fond posés par ces orientations, ce plan foisonnant reprend des actions déjà existantes, affiche de nouveaux dispositifs intéressants à développer s’ils sont réellement financés, et des priorités qui dépendront de l’implication des collectivités locales. Une fois de plus, le gouvernement tente d’occuper le terrain par des annonces soudaines et non concertées, dont certaines suscitent de légitimes inquiétudes, accompagnées de zones d’ombre concernant les moyens déployés.