Le ministère semble enfin décidé à mettre un peu d’ordre dans les usages du numérique, tout en continuant une promotion à tout va.
Le système éducatif génère un nombre invraisemblable de données numériques, tant administratives que pédagogiques, concernant les élèves et les personnels. À l’heure du big data et de la monétisation de la majorité des traces numériques que chacun d’entre nous laisse derrière lui, il est important de clarifier l’usage qui peut en être fait.
Protéger
Le rapport des Inspections générales « Données numériques à caractère personnel au sein de l’éducation nationale », datant de février 2018 mais diffusé la semaine dernière seulement, est sans appel : « dans le champ scolaire les utilisateurs ne connaissent pas le devenir des données qu’ils renseignent et sont peu conscients de l’impact des traitements de ces données par les systèmes mis en œuvre aussi bien par l’État ou les collectivités territoriales que par des entreprises privées ». Les rapporteurs précisent qu’il ne s’agit pas de « tomber dans le catastrophisme », mais de s’assurer que les divers services numériques employés se cantonnent « à des utilisations pédagogiques ou administratives » des données générées. L’un d’eux vient d’être nommé Délégué ministériel à la protection des données (DPD), fonction créée par le Règlement général sur la protection des données (RGPD) en vigueur depuis mai 2018. Il devrait notamment relever le défi de donner aux personnels des informations et des consignes claires dans le maquis des applications et comment en faire bon usage.
La rentrée 2018 du numérique
Le dossier « Le numérique au service de l’École de la confiance » en ligne sur le site du ministère est l’habituel inventaire à la Prévert des bienfaits du numérique dans les apprentissages. Le ministre a même qualifié « d’intelligence artificielle » les exercitiels qu’il entend mettre en place en 2019 en mathématiques et en français, des services qui existent depuis longtemps dans le domaine marchand. Le numérique est devenu la routine de nos métiers, mais le ministère continue de s’exprimer comme s’il s’agissait d’une nouveauté et du seul lieu possible d’innovation. Une méconnaissance de nos pratiques qui n’est pas non plus nouvelle…