Une réécriture plutôt que des ajustements
Nous avons déjà donné une analyse assez détaillé de ce document (EMC : des ajustements en forme de recadrage ), qui contrairement à ce qu’affirme la communication du CSP et même le titre du document, est bien plus une réécriture des programmes d’EMC qu’une simple clarification ou qu’une simple mise en place de repères annuels puisque ces « ajustements » modifient semble-t-il la philosophie générale des programmes et des méthodes d’EMC.
En effet c’est dans l’approche générale et les pratiques que sous tendent le programme que la modification est la plus importante. Les programmes actuels affirment : « L’enseignement moral et civique privilégie la mise en activité des élèves. Il suppose une cohérence entre ses contenus et ses méthodes (discussion, argumentation, projets communs, coopération…) » alors que le projet insiste lui sur le fait que l’EMC « donne lieu à des traces écrites et une évaluation » et que la « discussion réglée et le débat argumenté ( …) comportent une prise d’informations, un échange d’arguments (…) permettant une trace écrite et une formalisation »
Rigidification de l’EMC
Il s’agit visiblement d’une rigidification de la vision et de l’approche de l’EMC quant aux pratiques et aux contenus d’enseignement qui traduit un retour à quelque chose proche de l’Education Civique telle qu’elle était enseignée avant la mise en place de l’EMC en 2015.
On retrouve des points qui posaient déjà problème avec l’insistance sur les « valeurs » et les « symboles » de la République et de l’UE, la Défense nationale…
Le point le plus problématique,sans doute, de ces « nouveaux programmes » est la mise au second plan de la construction de l’esprit critique au profit de l’inculcation de « valeurs » et de « règles ».
Mais le pire réside dans le fait que le document qui est présenté en commission spécialisée a totalement supprimé les seules modifications bienvenues apportées par le CSP à savoir la présence de repères annuels de progressivité. Ces derniers permettaient de délimiter plus précisément les programmes d’EMC afin de faciliter le travail des équipes enseignantes mais surtout afin de faciliter les apprentissages d’un nombre important d’élèves qui est amené chaque année à changer d’établissement.
Les demandes du SNES-FSU en commission spécialisée
- le retour des repères annuels de progressivité
- une écriture permettant une plus grande diversité des approches pédagogiques
- une approche plus axée sur la construction d’un esprit critique chez les élèves que sur l’inculcation de valeurs
Après la commission spécialisée
Le ministère a affirmé qu’il y aurait des repères annuels en EMC qui seront écrits “durant l’été” par la DGESCO en “s’inspirant” de ce qu’avait produit le CSP et qui seront publiés via une note de service. Ces repères annuels s’appliquant bien évidemment à la rentrée.
Cela traduit un mépris profond pour les collègues qui devront mettre en place ces nouveaux programmes avec leurs repères annuels dès septembre mais aussi pour les organisations syndicales représentatives puisque la publication via une note de service ne permet pas de discuter de ces repères annuels de progressivité.